Septièmes au classement de la Ligue 1, les Bordelais montent en régime. Après un début de saison catastrophique, les Girondins, sous la houlette de Michel Pavon, se sont installés durablement dans la première moitié de tableau. Une réussite avant tout due à l'éclosion des jeunes du club.

Avec Pavon, la santé revient

Depuis l'arrivée de Michel Pavon en tant que nouvel entraîneur du Football Club des Girondins de Bordeaux, les marines et blancs semblent pétiller de nouveau. Non pas forcément sur le plan du jeu, mais tout au moins sur le plan des résultats. Et c'est avant tout ce que Jean-Louis Triaud, le président du club, avait réclamé à l'ancien milieu de terrain afin d'éviter que Bordeaux ne boit le calice jusqu'à la lie. Et le pari est en passe d'être gagné. Au moment de l'éviction d'Elie Baup, le 24 octobre 2003, les Girondins ne pointaient qu'à la seizième place du classement de la Ligue 1 avec au compteur trois victoires, deux matchs nuls et surtout cinq défaites, dont trois à domicile – contre Montpellier (0-1), Sochaux (1-3) et Toulouse (1-2).

Depuis, les joueurs bordelais ont enchaîné six victoires et trois nuls pour seulement une défaite – à Paris (1-2). Ils sont classés à la septième place avec trente-deux points et comptent même un match en moins – à disputer le 28 janvier à Lyon – que la plupart des autres équipes de L1. Michel Pavon s'en tient avant tout aux résultats du moment et prends les matchs les uns après les autres. «Je ne veux pas parler de classement : je n'en parle pas avec mes joueurs, je ne le ferais donc pas avec les médias» , explique l'entraîneur. Samedi dernier, contre Guingamp, les Bordelais n'ont pas failli à leur réputation. Sans être extraordinaires, ils se sont rigoureusement appliqués à bien défendre avant de construire leur victoire. C'est en rendant inoffensifs leurs adversaires plutôt qu'en assiégeant leurs buts que les Girondins ont acquis ce solide succès. Mais pour Pavon, peu importe : «Ce qui m'intéresse, c'est la continuité dans le travail avec des gens concernés et heureux» . L'ancien joueur de Toulouse, Montpellier et Bordeaux sait de quoi il parle.

Les jeunes bordelais : un bon cru

Autant contraint – de nombreux joueurs bordelais sont indisponibles, tels Jean-Claude Darcheville (blessé), Marouane Chamakh et Pascal Feindouno, qui sont partis disputer la Coupe d'Afrique des Nations – que séduit, Michel Pavon a fait appel depuis quelques semaines aux jeunes pour renforcer son équipe. Or, il n'existe rien de mieux que de jeunes joueurs, insouciants et avides de temps de jeu, pour symboliser la joie de jouer. Et les jeunes bordelais cuvée 2003/2004 ont du goût. Ce sont eux qui ont permis à Bordeaux de l'emporter face aux Bretons, sur le score de deux buts à zéro. Deux buts inscrits par l'Argentin Pablo Francia (19 ans) et le Français Sylvain Franco. Pour le premier, marquer des buts devient une habitude : il a inscrit son troisième but de la saison pour sa quatrième titularisation d'affilée en Ligue 1. Déjà mûr, il ne s'enflamme pas pour autant et s'il avoue avoir «fait des sacrifices» , il entend surtout «continuer à travailler» . Le second a dignement fêté sa première apparition sur les terrains de la L1.

Aujourd'hui, l'entraîneur des Girondins réussit quelque chose d'inédit. Encadrés par certains joueurs d'expérience – Ulrich Ramé, Franck Jurietti et David Jemmali –, les jeunes du club font oublier à leurs supporters qu'il y a encore quelques temps, jouaient sur la pelouse de Chaban-Delmas des noms comme Dugarry, Bonnissel ou Smertin. Michel Pavon, lui aussi jeune pousse dans son métier (35 ans), s'est même payé le luxe de se séparer de Mauricio Pochettino, parti renforcer les rangs de l'Espanyol Barcelone lors du mercato d'hiver. Pavon a décidé de faire confiance aux joueurs les plus concernés. Et force est de constater que ceux sur qui il s'appuie, c'est-à-dire les plus expérimentés, sont également très jeunes : Marouane Chamakh n'a que 20 ans, Marc Planus et Eduardo Costa 21 ans, Pascal Feindouno 22 ans, Marco Caneira 24 ans et Bruno Basto 25 ans. Le sentiment de ce dernier est ainsi mitigé, entre la position d'un joueur censé avoir de la bouteille mais relativement novice en Ligue 1 : «Je ne suis pas beaucoup plus vieux que les jeunes. Je joue depuis trois ans et demi en L1 mais je ne me sens pas encore arrivé. Mais c'est à nous de les aider et de leur faire comprendre qu'ils ont encore beaucoup de travail devant eux» .

Le «Football-Champagne» attendra

Michel Pavon reste lucide. «Comme les jeunes joueurs, je suis en train d'avoir beaucoup de réussite, mais les moments difficiles vont arriver» , déclare le technicien. Sur le plan du jeu, tout n'est effectivement pas parfait, loin de là. Le Bordeaux de Pavon s'appuie avant tout sur une solide défense, composée en charnière centrale par Marco Caneira et Marc Planus. Vigilants, concentrés, souvent bien placés et combatifs, les deux joueurs symbolisent la solidarité que Michel Pavon semble vouloir inculquer à ses joueurs. La défense est bien aidée par la paire la plus jeune de milieux défensifs de France – Eduardo Costa (21 ans) et Rio Mavuba (19 ans). Le Brésilien avait déjà réalisé une saison 2002/2003 exceptionnelle aux côtés du Russe Alexei Smertin. Sa capacité à avaler les kilomètres, sa facilité technique et sa vision du jeu en font l'un des meilleurs joueurs de Ligue 1 à son poste. Mavuba – encore un jeune ! – est lui un milieu prometteur d'origine congolaise. En l'espace de deux titularisations, il a convaincu Michel Pavon. A la fois car il a inscrit son premier but en L1 lors de sa première rencontre dans la compétition – à Montpellier il y a deux semaines (1-2) – mais aussi grâce à ses qualités d'endurance et sa faculté à ratisser un maximum de ballon.

Dans le domaine offensif, Bordeaux se distingue par son homogénéité : les Girondins sont capables de faire la différence aussi bien dans l'axe que sur les côtés. Jean-Claude Darcheville – 7 buts cette saison en championnat – reste un poison pour les défenses, le Brésilien Deivid – 3 buts –, est parfois brouillon mis ne démérite pas, et les deux jeunes Marouane Chamakh et Pablo Francia – 3 buts chacun – sont techniques et affûtés. Sur les ailes, Pascal Feindouno, l'un des meilleurs dribbleurs en France, est capable d'éliminer n'importe quel adversaire et l'Espagnol Alberto Riera effectue correctement son boulot, c'est-à-dire déborder et centrer. Enfin, les montées toujours intéressantes du latéral gauche Bruno Basto, qui semble avoir mis de l'eau dans son vin – il se concentre plus sur le jeu et râle moins que les années précédentes –, sont un atout offensif non négligeable. Preuve en est, c'est le Portugais qui a délivré les deux passes décisives de la dernière victoire des Bordelais face à Guingamp.

Le joueur : Ulrich Ramé

Si la défense de Bordeaux est aussi performante, c'est aussi en partie grâce à son gardien de but. Toujours excellent dans ses prises de balles, rigoureux et appliqué, l'international français est l'un des pions essentiels de Michel Pavon, comme lorsqu'il était dirigé par Elie Baup. Lors des trois dernières rencontres des Girondins, le gardien n'a encaissé qu'un seul et unique but (à Montpellier). A 31 ans, Ramé entend être appelé par Jacques Santini en tant que troisième gardien de l'Equipe de France pour l'Euro 2004. A la vue de sa forme actuelle et de sa régularité au plus haut niveau, le Bordelais possède toutes ses chances.

La stat : 17

Avec seulement 17 buts encaissés en vingt rencontres disputées, Bordeaux possède la quatrième défense du championnat à égalité avec Lyon. Les Girondins se situent ainsi juste derrière Monaco (14 buts), Paris et Nice (16 buts). Depuis que Michel Pavon a repris l'équipe du Président Triaud, le club n'a concédé que six buts en dix matchs de championnat. Ce chiffre confirme parfaitement l'excellente première partie de saison de la défense bordelaise.

La décla : Michel Pavon, jeune entraîneur comblé

«Je n'ai pas encore mes diplômes et je n'ai aucune expérience à ce niveau. J'ai donc été un peu surpris car je ne pensais pas m'occuper seul d'une équipe tout de suite. Je m'étais projeté en juin prochain. Après mes examens, je comptais chercher un club comme adjoint pour apprendre. Mais l'offre des Girondins est une opportunité que je ne pouvais pas refuser» !

Bordeaux s'est bien repris après un mauvais début de saison. Même si Michel Pavon ne veut pas en entendre parler, les Girondins se replacent peu à peu dans la course à la qualification pour la Coupe de l'UEFA. Les prochaines échéances des Bordelais – face à Lyon, Auxerre, Nantes et Sochaux – devraient nous renseigner sur les réelles chances des Girondins de figurer jusqu'à la fin de la saison dans le haut du classement.

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