Le temps des regrets. Le bilan des Girondins en championnat laisse un goût d'inachevé. L'irrégularité des résultats n'a pas permis aux hommes de Ricardo d'atteindre l'objectif fixé l'été dernier, à savoir une qualification pour la LdC. Retour sur une saison mi-figue mi-raisin.

Fort de la deuxième place glanée lors de l'exercice précédent, Jean-Louis Triaud, avait rompu avec sa tradition en annonçant la volonté du club de se maintenir sur le podium de la Ligue 1 cette saison. D'habitude si prudent dans ses commentaires, le président des Girondins ne peut que constater l'échec de la mission. La victoire en Coupe de la Ligue arrondit certes les angles, mais ne suffit pas pour confirmer la nouvelle dynamique du club Marine et Blanc.

Une inconstance fatale

Les Bordelais ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes, tant le podium semblait à portée de main. Encore eut-il fallu que l'équipe parvienne à aligner trois victoires de suite en championnat plus d'une fois cette saison. Sixièmes avec 57 points, les Girondins échouent à une longueur seulement de la troisième place et peuvent donc nourrir de sérieux regrets. Malgré treize défaites au final, les Bordelais ont toujours été dans la course à la Ligue des Champions mais ne se seront placés sur le podium qu'à sept reprises. Solides à domicile (39 pts), les Marine et Blanc se sont trop souvent écroulés hors de leurs bases, avec seulement quatre victoires glanées. Les coéquipiers d'Ulrich Ramé ont payé dans la première moitié de saison leur engagement en Ligue des Champions. Trop de forces laissées dans la bataille européenne a nui au rendement du club en championnat.

Malgré une entame difficile, les Girondins se sont réveillés au meilleur moment pour aligner dix matchs sans défaite (5v, 5n), entre la 26e et la 35e journée. La victoire en finale de la Coupe de la Ligue a décuplé l'appétit et les forces de Bordeaux. Mais deux défaites lors des trois dernières journées ont anéanti les derniers espoirs de se maintenir sur le podium. D'aucuns reprocheront l'aspect trop défensif du jeu prôné par l'entraîneur Ricardo, une recette qui avait pourtant fait merveille l'an passé. Emoussés en cette fin de saison, les Girondins auront surtout pêché par leur manque d'efficacité en attaque. Avec seulement 39 buts inscrits en 38 journées de championnat, les coéquipiers de Jean-Claude Darcheville ont de plus perdu leur imperméabilité défensive en début de saison, encaissant au final 35 buts, soit dix de plus que l'an passé. Des statistiques révélatrices d'une saison moyenne, à l'image du championnat en général.

Satisfactions et déceptions

L'homme de la saison est incontestablement Ramé, revenu à son meilleur niveau. A 34 ans, le capitaine bordelais n'a rien perdu de sa superbe et permis à son club de glaner de nombreux points en suppléant une défense trop souvent perméable. Wendel a agréablement surpris les supporters en début de saison avant de rentrer dans le rang par la suite. Avec quatre offrandes seulement à son compteur, le Brésilien finit néanmoins meilleur passeur du club cette saison. Fernando a confirmé son potentiel dans l'entrejeu. Meneur d'homme, le Brésilien s'est affirmé comme l'un des meilleurs relayeurs du championnat. Mavuba a tenu son rang, infatigable et précieux à la récupération. Le retour de blessure de Planus a en outre permis de retrouver une sérénité défensive perturbée pendant trois mois, prouvant au passage son influence sur la solidité du bloc défensif. En attaque, Darcheville a aussi été perturbé par les blessures mais termine meilleur buteur avec sept réalisations. Arrivé cet hiver, Jussiê a apporté un plus à l'attaque bordelaise grâce à sa force de percussion.

Côté déceptions, le grand vainqueur se nomme Micoud. Revenu en Gironde l'été dernier, l'ancien international français n'a jamais pu imposer sa marque sur le jeu bordelais, pourtant remodelé de force par son arrivée. Avec deux passes décisives seulement et cinq buts au compteur, Micoud n'avait pas le niveau physique pour suivre la cadence. Repositionné dans l'axe de la défense, Jemmali n'est pas parvenu à trouver ses marques. Dalmat n'a jamais réussi à s'imposer dans le système de Ricardo et devrait partir comme il était venu, sur la pointe des pieds. Smicer n'a pas vu le jour en raison de blessures à répétition. En attaque, Perea n'a toujours pas réussi à s'imposer, tandis que Chamakh (5 buts) a certes été perturbé par les blessures mais a prouvé qu'il n'était pas un buteur né. Par ailleurs, le choix de Ricardo d'écarter Cid, Mavuba et Darcheville pour cause de transfert à venir, pose débat.

La fin d'un cycle ?

La non qualification pour la Ligue des Champions brise la progression du club et appelle plusieurs changements dans l'effectif. A commencer par l'entraîneur, Ricardo, en désaccord avec une partie du staff bordelais. Le Brésilien est sur le point de rejoindre Monaco. Son départ pourrait amener les sud-américains des Girondins à réviser leurs intentions. Fernando, Wendel ou Perea notamment, recrutés grâce aux réseaux de Ricardo, pourraient ainsi changer d'air. Plus sûrement, Mavuba a confié sa volonté de franchir un palier supplémentaire et a été contacté par l'OL, la Juventus et le Werder Brême. Julien Faubert devrait lui aussi quitter le club, certainement vers la Serie A, où la Fiorentina et la Roma le suivent avec attention. Chamakh pourrait quant à lui rejoindre Baup à Toulouse. Dalmat a été annoncé à Valenciennes, quant à Smicer, il pourrait finalement prolonger un an de plus. Planus pourrait également rester avec un salaire revu à la hausse. Par ailleurs, les départs de Cid (Bolton) et Darcheville (Rangers) sont acquis depuis plusieurs semaines. Une bonne poignée de départs sont donc à prévoir.

Au rayon arrivées, les deux premières recrues se nomment Jussiê et Cavenaghi. Prêté depuis cet hiver, le premier a été transféré définitivement pour quatre ans. Arrivé hors de forme à la mi-saison, le second est désormais prêt à faire profiter les Girondins de son talent. De plus, l'émergence d'Obertan, ultra protégé par Ricardo, raisonne comme un renfort de poids supplémentaire en attaque. Pour le reste, les rumeurs vont bon train. La cellule de recrutement dispose d'une enveloppe de 12 M€ pour boucler le recrutement de trois joueurs dont un défenseur central et un attaquant. Les noms de Diakhaté (Nancy) et Grafite (Le Mans) correspondent aux critères et reviennent avec insistance. Signorino (Nantes), Zenden (Liverpool), Romaric (Le Mans) et Pagis (OM) ont également été cités. Enfin, Robert (Levante) a émis le souhait de rejoindre la Gironde mais n'a visiblement pas été contacté par les dirigeants. Pour remplacer Mavuba en revanche, les rumeurs sont au point mort.

Comme tous les ans, Bordeaux visera la saison prochaine une place en Coupe d'Europe mais devrait présenter un tout nouveau visage, modelé par le successeur de Ricardo en collaboration avec Pavon. Faut-il pour autant s'attendre à voir les Girondins afficher un jeu résolument tourné vers l'offensive ?

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