L'équipe de France n'a plus droit à l'erreur : il lui faudra battre le Togo, de préférence avec deux buts d'avance, pour espérer participer aux huitièmes de finale. En a-t-elle les moyens ? Réponse avec le face à face Maxifoot.

Forme du moment

Les matches passent, et la note de ce critère décline... Contre la Corée du Sud, les Bleus ont encore une fois lâché physiquement au coeur de la deuxième mi-temps. C'était moins sensible que face à la Suisse mais le but de Ji-sung Park est bel et bien intervenu alors que les joueurs de Raymond Domenech n'arrivaient plus à porter le ballon devant. Mais plus encore que l'âge des joueurs ou leur condition physique, c'est leur confiance qui semble ébranlée : menant rapidement à la marque, les Tricolores auraient dû essayer de corser l'addition. Hélas, ils se sont davantage évertués à protéger leur but d'avance qu'à en marquer un second. «On joue avec le frein à main» avouait ainsi Patrick Vieira cette semaine. Résultat, une égalisation presque miraculeuse pour des Sud-Coréens qui, jusque-là, n'avaient pas été dangereux, et un deuxième match nul pas très rassurant...

6/10

Deux matches nuls, c'est toujours mieux que les deux défaites concédées en autant de rencontres par les coéquipiers d'Emmanuel Adebayor. Rejoints puis dépassés par la Corée du Sud lors du premier match (2-1), les Togolais ne sont pas parvenus non plus à prendre le dessus sur la Suisse (2-0). Paradoxalement, ces deux défaites sont plutôt encourageantes : troublée par le faux-départ du sélectionneur Otto Pfister et la menace de grève des joueurs suite au non-versement de leurs primes, la préparation des Eperviers semblait augurer un court séjour en Allemagne soldé par trois revers nets au premier tour. Au lieu de ça, les Coréens ont dû attendre l'expulsion du capitaine Jean-Paul Abalo pour inverser le cours d'un match qui leur échappait et les Suisses peuvent s'estimer heureux de ne pas avoir concédé au moins un but. Hélas, le résultat est sans appel : deux matches, zéro point.

4/10

Mental

Les Français se trouvent face à une situation inconfortable. Pour assurer leur qualification, ils doivent compter deux buts d'avance au coup de sifflet final. Là est le danger : les coéquipiers de Willy Sagnol pourraient aborder ce match en pensant d'abord à faire la différence et non, en premier lieu, à ouvrir la marque. Attention à ne pas brûler les étapes ! De plus, alors qu'ils doivent attaquer à tout prix, les Tricolores ont fait preuve jusqu'à maintenant d'une coupable timidité dès qu'il s'est agi de creuser l'écart : l'ouverture du score rapide face à la Corée du Sud aurait dû décomplexer l'équipe. Il n'en fut rien : elle a reculé et s'est finalement laissée rejoindre. Henry et les siens devront mettre de côté leur «manque de confiance» , selon les termes de Patrick Vieira, et «lâcher les chiens» , comme l'avait demandé Raymond Domenech avant d'affronter la Corée.

6/10

Il est difficile de prévoir les effets d'une élimination précoce. Soit les Togolais seront démobilisés, et donc plus faciles à battre pour les Bleus, soit au contraire ils joueront libérés, seulement préoccupés par l'envie de briller pour leurs derniers instants en Coupe du monde. C'est dans cet état d'esprit qu'ils seraient les plus dangereux et qu'ils comptent aborder la confrontation face aux hommes de Raymond Domenech. Emmanuel Adebayor promet de «sauver l'honneur du pays en obtenant un point, sinon les trois» . Les Français devront par ailleurs se méfier de «l'effet Sénégal» : comme il y a quatre ans face aux coéquipiers d'El-Hadji Diouf, ils vont jouer contre une formation dont la plupart des éléments évoluent ou ont évolué en France. La motivation sans la pression, les Eperviers se présentent, sous cet angle, dans les meilleures conditions possibles.

8/10

Les joueurs

Défense

Un seul changement à signaler au sein de l'arrière-garde tricolore, le remplacement d'Eric Abidal par Mikaël Silvestre. Le défenseur lyonnais, qui a écopé face aux Coréens de son deuxième avertissement en deux rencontres, est en effet suspendu. Son absence, malgré de bonnes prestations depuis les matches de préparation, ne constitue pas a priori un gros handicap : Silvestre est un habitué du poste, dont il est le titulaire à Manchester United, et fait preuve d'une motivation sans faille : «J'ai préparé la Coupe du monde pour la jouer. J'ai des fourmis dans les jambes. Je suis plein d'énergie» a lancé l'ancien Rennais. A ses côtés, la paire Gallas-Thuram, à qui on ne peut pas reprocher grand-chose depuis le début du Mondial, doit toutefois se méfier des coups de pieds arrêtés adverses, quelques faiblesses étant apparues dans ce domaine.

8,5/10

Le portier Kossi Agassa allie efficacité et sens du spectacle mais reste capable de grosses erreurs. Devant lui, Otto Pfister récupère son capitaine Jean-Paul Abalo suspendu contre la Suisse. Il doit toutefois se passer de Ludovic Assemoassa, gravement blessé face à la Corée et indisponible six mois. Pour pallier son absence, c'est une nouvelle fois Richmond Forson, le joueur de la Jeanne d'Arc Poiré sur Vie, promu en CFA 2 l'an prochain, qui devrait être aligné. Dare Nibombe se chargera d'animer l'autre flanc de la défense. Dans l'axe, aux côtés d'Abalo, le joueur de Benevento (4ème division italienne) Massamesso Tchangaï devrait enchaîner sa troisième titularisation. Il s'agit pour certains de joueurs de niveau amateur, pourtant loin d'être ridicules face aux Coréens et aux Helvètes : le Togo a pris deux buts par match. Deux buts, c'est justement ce dont la France a besoin...

5/10

Milieu de terrain

C'est la grande incertitude des Bleus : que vaut le milieu de terrain sans Zidane ? Plutôt bon lors de ses deux premières apparitions, le capitaine tricolore est suspendu pour la confrontation face aux Eperviers. Raymond Domenech a opté en son absence pour deux récupérateurs, les inamovibles Claude Makelele et Patrick Vieira - ce-dernier a d'ailleurs fait taire toutes les critiques à son adresse face à la Corée du Sud - et deux ailiers : Florent Malouda à gauche et Franck Ribéry à droite. Ce qu'elle perd en technique et en vision de jeu avec l'absence de Zidane, l'équipe de France le récupère en vitesse et en équilibre, avec l'intégration dans le onze de départ du possible futur Lyonnais Franck Ribéry, préféré à un Wiltord décevant lors des deux premières rencontres.

8/10

L'entrejeu togolais jouit d'une expérience un peu plus riche que la défense : Maman Cherif Touré et Kuami Agboh devraient être sur la pelouse dès le coup d'envoi aux postes de récupérateurs. Le premier appartient au FC Metz, le second, aujourd'hui à Beveren (Belgique), a porté le maillot d'Auxerre pendant sept saisons. L'ailier droit Thomas Dossevi a fait très bonne impression contre la Suisse. Sur la lancée de son accession en Ligue 1 avec Valenciennes, le joueur de 27 ans a mis la défense de la Nati en danger grâce à ses percées et ses centres. Yao Senaya et Alaixys Romao espèrent également figurer dans le onze de départ d'Otto Pfister, à moins que celui-ci ne leur préfère le très rapide Moustapha Salifou, joueur de Brest. La vivacité des milieux togolais suffira-t-elle à compenser un certain manque d'impact physique ?

5/10

Attaque

Face au Togo, les Français doivent gagner avec deux buts d'avance. Bref, il faut marquer. Hélas, c'est justement le réalisme qui fait défaut à l'équipe de France depuis le début du Mondial. Muets contre la Suisse, les Bleus n'ont inscrit qu'un but face aux Coréens, pourtant dépassés en première période. Les carences du secteur offensif sont toujours les mêmes : Thierry Henry, seul en pointe, n'est pas assez soutenu. En outre, son penchant pour le côté gauche prive la formation tricolore d'un vrai homme de surface. Voilà pourquoi le sélectionneur a choisi, face au Togo, de relancer David Trezeguet, avant-centre type. Un choix judicieux, a priori. Reste à savoir si le Turinois aura retrouvé la confiance qui semble le fuir ces derniers temps sous le maillot bleu et si sa complicité avec Henry, entrevue face à la Chine en match de préparation (but de «Trezegol» sur une passe du Gunner) se vérifiera.

8/10

Seul joueur de la sélection à évoluer dans un des plus grands clubs européens (Arsenal), Adebayor, meilleur buteur de la zone Afrique durant les éliminatoires (11 buts), n'a pas encore marqué dans cette Coupe du monde. S'il reste parfois assez brouillon, ses prises de balle, ses décrochages incessants pour épauler le milieu de terrain et sa puissance en font l'homme de base de sa formation. La bonne surprise vient de l'autre attaquant, Kader Touré : peu en vue à Sochaux lorsqu'il y évoluait en 2005, l'ancien joueur du Servette Genève a retrouvé du temps de jeu à Guingamp et obtenu une place de titulaire, grillant la concurrence de l'ancien Lillois Adékambi Olufadé ou de Robert Malm, qui figure régulièrement parmi les meilleurs buteurs de L2. Un choix payant pour Otto Pfister : le Guingampais a marqué contre la Corée et fut l'Epervier le plus dangereux face aux Suisses.

7/10

TOTAL : France = 36,5/50 ; Togo = 29/50.

Gagner en marquant deux buts de plus ? C'est loin d'être mission impossible pour l'équipe de France. Mais les Bleus ont tout intérêt à prendre ce Togo décomplexé très au sérieux s'ils ne veulent pas tomber de haut...

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