Avec plus de trois buts inscrits en moyenne lors de ses cinq matches du mois de mars, l'OL n'a jamais été aussi efficace cette saison. L'excellente forme des habituels marqueurs et l'irruption de buteurs inattendus sont à l'origine de cette flambée offensive. De bon augure avant d'affronter le Milan AC dans une semaine...

Un mois de mars de feu

En février, les Lyonnais ont traversé un léger passage à vide : ils n'ont gagné qu'une fois en quatre matches de championnat, contre Nantes (3-1). Le nul concédé à Gerland contre Bordeaux (0-0) et celui obtenu à la dernière minute sur la pelouse du RC Lens (1-1) ont mis en lumière le manque d'efficacité des attaquants lyonnais. Et que dire du camouflet reçu à Gerland contre Rennes (1-4)... Déjà, le 1er février, les Gones avaient dû attendre les prolongations pour sortir Ajaccio (2-1) de la Coupe de France. C'est finalement lors du match de Champions League à Eindhoven (victoire 1-0) qu'ils ont réalisé leur meilleure prestation du mois. Mais au final, des scores serrés et seulement 8 buts inscrits en six matches. Mars va être synonyme de réveil pour les hommes de Gérard Houllier. Comme un symbole, c'est encore Ajaccio qu'ils affrontent en début de mois. Cette fois le score est plus dur : 3-1. S'ensuivent trois succès 4-0 ( !) contre le PSV en C1, puis Metz et Sochaux en championnat. En comptant la victoire 1-0 sur Bastia mardi dernier en Coupe de France, Lyon a marqué 16 buts dans ses cinq dernières rencontres.

Cette faculté retrouvée à tromper les gardiens adverses s'explique en premier lieu par la faiblesse des équipes rencontrées. Sans vouloir les sous-estimer ni réduire le mérite des coéquipiers de Juninho, Ajaccio, Metz et Sochaux n'occupent pas les dernières places du classement de L1 par hasard, et leurs défenses n'ont rien à voir avec celle de Bordeaux, par exemple. Quant au PSV, il n'était mené que 1-0 quand Philip Cocu, son capitaine, a été exclu en fin de première période. Il faut également insister sur l'importance de Florent Malouda, de retour au premier plan après une blessure qui l'a tenu éloigné des terrains jusqu'au mois de janvier. Sydney Govou souffrant d'une luxation de l'épaule ces dernières semaines, l'entraîneur de l'OL Gérard Houllier a aligné quatre fois d'affilée l'ancien Guingampais à gauche et Wiltord à droite, son meilleur poste, en soutien de Carew ou Fred. Conclusion, Malouda est l'auteur de 3 buts et de 2 passes décisives lors des cinq dernières rencontres. Dans le même temps, Wiltord a inscrit 3 buts et fait une passe. Govou aura bien du mal à reprendre sa place...

Tout le monde s'y met !

D'habitude, l'argument selon lequel «le danger peut venir de partout» sert à masquer l'absence d'un véritable numéro 9. A Lyon, c'est réellement le cas : sur ses cinq rencontres disputées au cours du mois de mars, Juninho et les siens ont marqué 16 buts grâce à neuf buteurs différents ! C'est quasiment l'équivalent d'une équipe entière... On peut distinguer deux catégories au sein de ces neuf joueurs décisifs. Parmi eux, les habitués : ceux qui, depuis le début de la saison, ont toujours marqué régulièrement, sauf que leur rendement a encore augmenté avec l'arrivée du printemps. Ainsi, Juninho a marqué deux fois, contre Ajaccio en championnat et Bastia en Coupe de France mardi soir, mais aussi délivré trois passes décisives contre Metz. Il est inutile de revenir sur le rendement de Wiltord, déjà détaillé plus haut : c'est lui, l'attaquant numéro un de l'OL. Le Brésilien Fred continue quant à lui à jouer à la perfection son rôle de joker de luxe en inscrivant deux buts en cinq apparitions, dont deux seulement comme titulaire. Après une période blanche, le Norvégien Carew a retrouvé le chemin des filets contre Metz.

Depuis peu, ce sont les milieux, les défenseurs et les remplaçants qui alignent les buts. Symbole de ces joueurs de l'ombre, Tiago a réussi un doublé contre le PSV Eindhoven en Ligue des Champions. Le Portugais n'est pas seul à avoir des statistiques d'attaquant ces derniers temps : Malouda, buteur trois fois en deux journées, fait peu à peu oublier que ses entraîneurs successifs lui ont souvent reproché son manque d'efficacité. Les cas les plus spectaculaires sont ceux du défenseur central Patrick Müller et de l'ancien Sochalien Benoît Pedretti. L'international suisse a signé le dernier but de son équipe contre Metz (4-0), son troisième seulement en 137 matches de Ligue 1. Quant à Pedretti, il a fêté son retour sur la pelouse du Stade Bonal par un but chanceux mais important puisqu'il permettait aux Lyonnais de creuser l'écart juste avant le repos. Enfin, le jeune Benzema y est lui aussi allé de sa réalisation contre Ajaccio. Cette efficacité partagée illustre à la fois la richesse de l'effectif rhodanien et la capacité de Gérard Houllier à maintenir sous pression ses éléments les moins utilisés.

Que vaut vraiment l'attaque de l'OL ?

On entend souvent que l'OL version 2005-2006 est moins offensif, moins spectaculaire que ses prédécesseurs. C'est simplement l'impression que donne la plus grande maîtrise de l'équipe actuelle. Car dans les chiffres, on dresse le constat inverse : en 30 matches, John Carew et les siens ont inscrits 55 buts. L'an passé, en 38 journées, il n'en avaient inscrits qu'un de plus. A l'issue de la saison 2003-2004, l'attaque des Gones avait réussi 64 buts, un total qui a toutes les chances d'être dépassé cette année. En fait, il s'avère que la formation lyonnaise qui sera vraisemblablement sacrée championne de France en mai prochain sera la plus prolifique parmi les cinq équipes de l'OL couronnées.

Avec 55 buts marqués en vingt rencontres, la moyenne de but par match des les hommes de Gérard Houllier s'élève à 1, 83. C'est encore loin du Barça qui, avec 69 buts en 29 matches (2.38 b/m), dispose de la meilleure attaque du continent. Le Werder de Brême suit avec une moyenne de 2,15 buts par rencontre, un ratio qui masque toutefois les difficultés défensives de la formation allemande. Plus inquiétant pour l'OL, le Milan AC jouit d'un des secteurs offensifs les plus brillants d'Europe : Shevchenko, Gilardino, Inzaghi et les leurs ont inscrits 67 buts en 30 matches (2,23 b/m). Même Manchester est devant (2 buts par match). Finalement, l'efficacité des Gones atteint des proportions comparables à celle de Chelsea ou du Bayern et seulement supérieure à celle du Real Madrid (50 buts en 28 matches, soit 1,79 buts par match en moyenne). De quoi encore alimenter le débat sur le niveau du championnat de France...

Tout le monde marque à Lyon. Pas étonnant que l'équipe de Gérard Houllier soit, et de loin, la meilleure attaque du championnat de France. Reste à savoir si cela suffira à faire plier le grand Milan AC mercredi prochain...

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