Grand ! Par la taille, il l'est. Par le talent, il l'est aussi. John Carew a réalisé un hat-trick qui a permis à l'OL de s'imposer (4-1), au stade de l'Abbé Deschamps, face à une équipe d'Auxerre en petite forme. Ces lions là ont les crocs !

Les enjeux de la rencontre

L'AJ Auxerre aborde ce premier rendez-vous important de la saison dans l'inconnu le plus total. De nombreux joueurs manquent à l'appel. Stéphane Grichting et Yann Lachuer sont blessés, Youness Kaboul et Abou Diaby disputent l'Euro des moins de 19 ans tandis que Benjani revient à peine de vacances prolongées en Afrique du Sud. Un temps annoncé forfait, Kanga Akale tiendra finalement sa place sur le côté gauche de l'attaque auxerroise. Les joueurs de Jacques Santini vont aborder ce match avec un capital confiance non négligeable acquis grâce à des matchs amicaux convaincants. Six rencontres, aucune défaite et trois victoires sur le même score de 2-1 face à Brondby, Yverdon et La Louvière. Cependant, l'opposition lyonnaise sera assurément d'un autre niveau. Cette rencontre sera aussi l'occasion des retrouvailles entre Jacques Santini et le club qu'il a mené au titre de champion de France en 2001. «Ce match n'est pas un événement pour moi» tempère néanmoins l'ex-sélectionneur des Bleus. A noter enfin la première apparition du Danois Thomas Khalenberg qui aura la lourde tâche d'évoluer dans le même registre que Bonaventure Kalou et qui se placera juste derrière Luigi Pieroni.

Du côté lyonnais, le Trophée des Champions représente plus qu'une coupe à ranger dans une vitrine déjà bien garnie. Il s'agit surtout de lancer une saison où l'OL est très ambitieux, tant au niveau national qu'au niveau européen. Revenus épuisés de Corée du Sud il y a moins de 48 heures, les coéquipiers de Claudio Caçapa auront sans doute quelques difficultés à montrer leur meilleur visage. Pourtant, Gérard Houllier ne veut pas se cacher derrière une éventuelle fringale. «La fatigue ne doit pas être une excuse pour les compétiteurs que nous sommes. Nous y allons avec les mêmes chances qu'Auxerre de nous imposer» , expliquait le nouvel entraîneur des Gones dans les colonnes de l'Equipe ce matin. Malgré l'imminence de son transfert vers Chelsea, Mickaël Essien fait partie des vingt lyonnais emmenés en Bourgogne. Cela fait beaucoup de joueurs pour peu de places, mais cela permet de «conserver l'unité du groupe» selon Houllier. Si l'AJA compte ses absents sur les doigts des deux mains, l'OL est relativement épargné. Seuls Eric Abidal (blessé) et Juninho (reprise) n'ont pas été conviés. Ménagé contre Tottenham, John Carew fera ses grands débuts en France. Nul doute qu'il sera l'attraction de ce premier événement de la saison 2005/06.

Les temps forts de la rencontre

- But pour Lyon ! Hatem Ben Harfa profite d'une sortie hasardeuse de Jaurès pour récupérer le ballon sur le côté droit de l'attaque. Le jeune français repique dans l'axe et glisse à Carew en profondeur. Le Norvégien devance Cool qui ne peut s'empêcher de le faucher. Penalty ! Ben Harfa s'élance et marque (0-1, 2').

- But pour Auxerre ! La réaction bourguignonne est immédiate. Radet envoie un long ballon vers Poyet. Le jeune joueur du cru dévie magistralement la balle d'une aile de pigeon en direction de Mathis qui feinte la frappe pour éliminer Caçapa et ajuste Coupet du plat du pied gauche. C'est remarquable (1-1, 6').

- Le rythme du début de match s'est un peu ralenti. Les Auxerrois tentent d'évoluer en contre et de gêner le bloc lyonnais. Benoit Cheyrou s'impose physiquement face à Pedretti et enchaîne par une frappe enveloppée du droit qui passe à côté du montant (20')

- Govou hérite d'un ballon sur le côté droit, il lève la tête et centre au second poteau. Frau est à la retombée pour la volée ! La frappe est écrasée mais surprend Cool qui est battu. Le ballon va rentrer mais Carew a la mauvaise idée de pousser le cuir alors qu'il est en position de hors-jeu. Le but est logiquement refusé (22').

- Ben Harfa est survolté dans cette première demi-heure. Il ridiculise Jaurès avec un petit pont avant d'envoyer Martin dans le décor. Centre en retrait pour Carew qui se retourne et frappe. Cool est battu mais Radet sauve miraculeusement sur sa ligne (24').

- But de Lyon ! Splendide travail de Sidney Govou sur son aile droite. Il mystifie Jaures d'un coup du sombrero avant de centrer aux abords des cages de Cool. Carew s'impose physiquement au milieu de Violeau, Radet et Martin, puis frappe en force du gauche. Cool ne bouge même pas, le ballon file dans le petit filet intérieur (1-2, 33').

- Carew dicte sa loi dans les airs et au sol pour l'instant. Tout en puissance, il passe en revue la défense auxerroise mais sa frappe est repoussée par les tibias de Cool (37').

- Les Lyonnais dominent outrageusement cette fin de période. Ben Harfa envoie un ballon en profondeur pour Diatta qui a déserté son couloir droit. Le défenseur sénégalais croise trop sa frappe. Dans la foulée, Govou tente un geste fabuleux. Il enchaîne amorti du crâne et reprise de volée en angle fermé mais son ballon retombe juste au-dessus de la lucarne (45').

- Les Lyonnais ne semblent toujours pas fatigués. Malouda récupère un ballon et écarte sur Ben Harfa près de ligne de touche gauche. Le grand espoir du foot français feinte le centre et brise les reins de Radet. En angle fermé, il tente d'envelopper une frappe dans l'angle opposé mais le ballon effleure le montant de Cool (60').

- But de Lyon ! Quel numéro de John Carew ! Il récupère le ballon aux trente mètres, efface tranquillement Mignot, puis Jaurès avant de feinter Martin. Le géant s'enfonce dans la surface et envoie une frappe croisée à ras de terre qui va mourir au pied du poteau gauche de Cool. Des débuts vraiment impressionnants de la recrue lyonnaise (66').

- But de Lyon ! Hat-trick de John Carew ! Florent Malouda tire un corner fort devant le but. Le Norvégien éjecte son vis à vis en le poussant dans le dos et marque d'une coup de tête à bout portant (71').

- Le match s'achève tranquillement. Sur un corner de Khalenberg, Bolf jaillit et coupe la trajectoire du ballon avec le haut de son crâne mais c'est trop décroisé (87').

La prestation d'Auxerre

Les Auxerrois ont tout simplement été dominés par une équipe plus forte. Le constat est sec mais indéniable. Cueillis à froid par le but de Ben Harfa sur penalty, les coéquipiers de Fabien Cool ont bien réagi en égalisant dans la foulée sur un très joli mouvement à trois. Après, plus rien ! Les Bourguignons ont subi la loi des quadruples champions de France dans tous les secteurs du jeu. Techniquement, physiquement et tactiquement, les hommes de Jaques Santini n'y étaient pas. Privée de nombreux titulaires potentiels, l'AJA a semblé bien plus à court de forme que leur adversaire du jour, bien que les préparations des deux équipes laissaient penser le contraire. En seconde période, les Auxerrois ont tenté de dévoiler un visage plus offensif mais en vain. L'ancien sélectionneur des Bleus a du pain sur la planche même si les carences bourguignonnes étaient essentiellement dues à une condition physique précaire. Ca ne fait jamais plaisir d'entamer une saison sur une lourde défaite mais les Auxerrois s'en remettront.

Le pauvre Fabien Cool a connu de meilleurs jours, ça c'est certain. Touché au visage par Carew sur l'action qui amène le penalty, l'emblématique gardien auxerrois a, qui plus est, dû aller chercher par quatre fois le ballon au fond de ses filets. Néanmoins, il est exempt de tout reproche sur chacune des réalisations lyonnaises. La défense bourguignonne a été bien fébrile. Il faut dire que lancer le jeune Martin dans le grand bain le jour où Carew est en forme a quelque chose de suicidaire. Jean-Sebastien Jaurès a beaucoup souffert également face à la vivacité de Govou. Au milieu de terrain, Violeau et Cheyrou n'ont pas eu le rendement de l'année passée alors que la recrue Khalenberg n'a pas eu l'occasion de se mettre en évidence. Malgré un joli but, Lionel Mathis a souvent erré entre l'aile droite et l'entre-jeu sans arriver à se situer. La seule satisfaction auxerroise sera sans aucun doute le jeune Romain Poyet qui a délivré une passe décisive et a gêné la défense lyonnaise pendant la première demi-heure. Son coéquipier de l'attaque, Luigi Pieroni, a raté tout ce qu'il a tenté. Vivement le retour de Benjani !

La prestation de Lyon

Si des mauvaises langues prédisaient un non-match de la part des Gones, elles se sont trompées sur toute la ligne. De la première minute, avec le penalty transformé par Ben Harfa, à la 75ème, avec le but du triplé de Carew, l'Olympique Lyonnais a parfaitement maîtrisé son sujet en développant un jeu séduisant, rapide et efficace. Pourtant l'équipe alignée par Gérard Houllier n'était pas celle qui était attendue. Avec Jeremy Clément, Hatem Ben Harfa et Pierre-Alain Frau sur la pelouse, Mickaël Essien et Sylvain Wiltord dans les tribunes, le coach lyonnais avait choisi de faire tourner son effectif. Bien lui en a pris puisque, contre toute attente, les coéquipiers de Grégory Coupet sont apparus fringants et en bonne forme. Rien ne laissait penser que ces joueurs là avaient douze heures de décalage horaire dans les chaussettes ! Alignés en 4-4-2 très offensif, les Gones ont étouffé l'AJA et pu facilement mettre sur orbite Govou, Ben Harfa et bien évidemment John Carew. Et dire que Wiltord, Diarra, Juninho ou encore Cris ne jouaient pas…Ce Lyon là a encore envie de rugir !

Hormis le but de Mathis, Coupet a passé une soirée plutôt tranquille. Sa charnière centrale également malgré la fatigue visible de Caçapa. Bonne première apparition pour Sylvain Monsoreau qui a muselé sans problème le décevant Pieroni. Lamine Diatta est peut-être le joueur le moins technique de l'OL certes, mais ce n'est pas ce qu'on lui demande ! Il a apporté sa puissance physique et a fait disparaître du match le pauvre Khalenberg. Benoît Pedretti a été discret, ce qui ne veut pas dire qu'il a fait un mauvais match. Il s'est simplement contenté de faire des relances propres sur les fusées que sont Ben Harfa et Govou. Ce dernier a visiblement mis de côté ses velléités de départ et semble prêt à relever un nouveau (dernier ?) challenge avec l'OL. Quant à Ben Harfa, il a dégoûté les Auxerrois un à un par ses dribbles et ses accélérations. «PAF» aurait pu marquer un but chanceux si Carew n'avait pas fait la boulette (la seule de la journée). Tant pis, il s'est consolé par une abnégation remarquable, notamment en fin de rencontre où il pratiquait un improbable marquage sur Akale. Enfin, John Carew a été phénoménal. Ce n'est pas compliqué, il a inscrit trois buts, le premier du gauche, le deuxième du droit et le troisième de la tête. Toute la panoplie du bon avant-centre y est passé. Le Norvégien a également démontré des qualités qu'on ne lui soupçonnait pas : vitesse, finesse technique. Bref ! Le géant scandinave a éclaboussé son premier match de tout son talent. Va t-il confirmer ? Les stoppeurs hexagonaux en frémissent d'avance.

Premier match officiel pour l'OL, premier trophée et premier avertissement aux équipes qui tenteront de se mettre en travers de leur chemin. Les Lyonnais ont dominé facilement, de la tête et surtout des épaules, une AJA pas encore prête. John Carew a été le grand bonhomme de cette rencontre avec trois buts et un penalty provoqué. Excusez du peu. La saison est lancée, place au championnat !

La fiche technique

AJ Auxerre 1–4 Olympique Lyonnais
Au stade l’Abbé Deschamps
Arbitre : M. Vileo

Avertissements : néant

Buts : Mathis (6’) – Ben Harfa (SP, 2’), Carew (33’,67’,71’)

Les équipes :

Auxerre : Cool – Radet (Sagna, 62’), Martin (Bolf, 74’), Mignot, Jaures – Mathis, Violeau (Akale, 62’), Cheyrou, Khalenberg - Poyet, Pieroni.

Lyon : Coupet – Diatta, Caçapa, Monsoreau, Berthod – Govou (Malouda, 52’), Clément, Pedretti (Diarra, 60’), Frau – Carew (Nilmar, 72’), Ben Harfa.

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