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Paris sombre dans le néant
Par Marie Ange Kostoff - Actu Champion's League, Mise en ligne: le 15/09/2004 à 00h26
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Fluctuat nec mergitur, il flotte mais ne coule pas. La devise de la capitale que les joueurs de Chelsea ont hier soir mis à mal. Dominant les Parisiens 3 buts à 0 au Parc des Princes, les Londoniens ont fait naufrager leurs adversaires qui risquent de payer cher cette nouvelle défaite.

Les données de la rencontre

Après trois ans d'absence, le PSG retrouve le Ligue des Champions. Mais s'il pouvait espérer arriver au moins jusqu'en huitième de finale au vu de la saison dernière, le début de saison du club de la capitale l'a conduit à revoir ses ambitions à la baisse. Car le PSG cherche avant tout à se rassurer, à trouver un nouvel élan et, pourquoi pas grâce à ce match face aux ogres de Chelsea. Et si, loin de là, peu d'indicateurs sont au vert, Vahid Halilhodzic et ses hommes peuvent toutefois penser à l'exploit. Il y a d'abord le bilan de Chelsea en C1 lorsqu'il voyage dans l'Hexagone. Aucune victoire, deux défaites. La première en 1999 face à Marseille (0-1), la seconde en 2004, en demi-finale, face aux futurs finalistes, l'AS Monaco (1-3). De quoi rassurer quelque peu coach Vahid… Mais les statistiques étant faites pour être contredites, mieux vaut se concentrer sur les faits. Si les joueurs parisiens ont largement failli en défense depuis le début de la saison, leur attaque se porte mieux que la charnière défensive. 7 buts en cinq matches, dont 3 penalties mais surtout un potentiel important et la motivation énorme de Pauleta, toujours capable des plus beaux exploits… Plus que l'envie dont ne manquent pas les Parisiens, il faudra avant tout démontrer solidité, cohérence entre les lignes, solidarité et surtout réalisme, des qualités qu'il a manqué au PSG jusqu'ici…

Si les joueurs de Chelsea apparaissent, sur le papier comme les grands favoris de cette rencontre, ils restent prudents et ne veulent pas prendre ce match à la légère, à l'image de leur entraîneur, José Mourinho. «C'est vrai que le PSG n'est pas au mieux en Championnat de France, mais la Coupe d'Europe c'est différent. Mardi, Paris jouera mieux. Je sais que le PSG est une formation bien organisée, qui joue en équipe, et c'est dur d'obtenir ça. Ils défendent bien, ils ont un bon buteur et Rothen est un super centreur. Je m'attends à 90 minutes difficiles. Je sais aussi pour être venu plusieurs fois au Parc des Princes que l'ambiance peut être délicate pour l'adversaire» prévenait-il lundi. Car même si le groupe de Chelsea est sûr de sa force et connaît son énorme potentiel, la pression du favori, l'éventuel esprit de révolte des parisiens et l'ambiance de feu qui devrait régner au Parc pourrait rendre leur tâche plus difficile qu'il n'y paraît. D'autant plus que si Chelsea possède, en son sein, l'un des meilleurs attaquants d'Europe, Didier Drogba (que les Parisiens avaient réussi à maîtriser la saison dernière lorsqu'il évoluait à Marseille), l'attaque londonienne n'a pas donné de grandes satisfactions en ce début de saison en Premier League, n'inscrivant que six buts en cinq matches (contre 19 pour Arsenal). Face au PSG, Chelsea devra faire preuve de sa solidité habituelle et conserver la force et l'efficacité de sa remontée de balle mais aussi faire preuve d'un plus grand réalisme.

Les faits du match

- Après deux corners pour les joueurs de Chelsea, les Parisiens osent un peu plus. Le premier à se mettre en valeur est le néo-parisien, Charles-Edouard Coridon. L'ancien Lensois récupère la balle dans l'axe puis entame une belle chevauchée. Il accélère et crochète John Terry pour se retrouver seul à l'entrée de la surface où il tente alors de lober Petr Cech. Le ballon passe tout près des buts londoniens sans toutefois inquiéter le portier de Chelsea (7').

- Drogba nous régale. A droite, à l'entrée de la surface, il hérite du ballon et exécute un superbe coup du foulard à destination de Tiago. Heureusement pour les Parisiens, Mendy revient de justesse et chipe le ballon au Portugais (24').

- Les Londoniens se montrent menaçants. Pierre-Fanfan détourne une frappe de Joe Cole en corner. Sur le côté gauche, Franck Lampard est à l'oeuvre et tire le corner au second poteau. Lionel Letizi tente de récupérer le ballon dans les airs mais manque complètement sa sortie et le cuir échoue sur la tête de John Terry qui n'a plus qu'à pousser la balle dans les buts vides (1-0, 28'). C'est le silence dans le Parc.

- Les Parisiens ne se découragent pas et repartent à l'attaque. Pauleta obtient un corner sur le côté gauche que se charge de tirer Jérôme Rothen. Le ballon traverse le terrain et parvient à M'Bami. A l'entrée de la surface, légèrement sur la droite, le Parisien frappe en force. La balle est légèrement contrée et se dirige vers la lucarne londonienne, mais Petr Cech se détend bien et la dégage en corner (31').

- Les Parisiens semblent marquer le pas en cette fin de première période mais doivent tenir afin de rentrer aux vestiaires sur un score de 1-0 qui ne scellerait pas leur sort. Mais les Londoniens en ont décidé autrement. Joe Cole, au centre du terrain, adresse une passe dans le dos de la défense parisienne, à Mateja Kezman, parti à la limite du hors-jeu. Seul, le Serbe s'avance vers le but adverse mais trouve sur son chemin le portier parisien qui parvient à repousser sa frappe. Mais Didier Drogba a suivi et tire dans le but laissé vide par Letizi (2-0, 45'). Ca va être dur...

- La deuxième mi-temps reprend sur le même rythme que la première. Les Londoniens sont toujours à l'attaque à l'image de Joe Cole qui, à l'entrée de la surface, sur la droite, tente une superbe demi-volée que Letizi parvient à dégager en corner (51').

- Les Londoniens maîtrisent tactiquement et techniquement la partie. Toujours très dangereux, Joe Cole est servi par un ballon en cloche aux six mètres. Heureusement pour le PSG, Lionel Letizi s'empare in-extremis du ballon et évite le naufrage des siens (55'). C'était le troisième but !

- Le PSG n'abdique pas sans pour autant faire le siège des buts adverses. Il faut la hargne, malheureusement souvent trop brouillonne, d'Ogbeche et de Pauleta pour approcher de la surface adverse. Par deux fois en trois minutes, le Portugais tire au but. A l'entrée de la surface, il adresse ainsi une belle frappe que stoppe Cech en deux temps (59').

- Didier Drogba est motivé face aux Parisiens et le montre. Après un festival dans la surface de réparation, l'ancien Marseillais frappe au but. Mais son tir, légèrement contré passe tout près du poteau gauche de Letizi (69').

- Les Parisiens semblent résignés face à des Londoniens maîtres de leur sujet. Sur le côté droit, à l'extrême limite de la surface, les joueurs de Chelsea obtiennent un très bon coup-franc après une faute d'Helder sur Kezman. Drogba, encore lui et Geremi s'avancent tous deux vers le ballon, mais c'est bien l'ancien Marseillais qui officie. Du plat du pied droit, Drogba transperce le mur parisien et prend Letizi à contre-pied. 3-0 pour Chelsea, l'addition est salée (75'). Le mur était hésitant, Drogba crucifie le PSG.

- Lionel Letizi connaît peu de répit. Sur un contre londonien, Kezman récupère la balle côté droit et, à 20m, tente une frappe. Légèrement contrée, la balle est cadrée mais Letizi sort une belle parade et détourne le ballon en corner (78'). Le public peut siffler...

La prestation des Parisiens

On pensait le PSG capable de se transcender et de repartir de l'avant grâce à ce match face à Chelsea. Mais le constat est sans appel, surclassé par beaucoup plus fort que lui, le club de la capitale a coulé, incapable de faire trembler le colosse londonien. Et pourtant, le début de match n'était pas totalement déséquilibré. Motivés, les Parisiens pressaient haut et semblaient vouloir se battre, mais pas suffisament. Le jeu se montrait encore brouillon mais la volonté était là. Mais comme souvent chez les équipes habitées par le doute, un grain de sable peut enrayer la machine. L'erreur de Letizi et le premier but marqué par les Londoniens coupaient ainsi l'élan du PSG. Sans se résigner, ils repartaient toutefois à l'attaque, mais perdant leurs moyens au fil des minutes. Le coup de grâce porté en toute fin de première période finissait d'achever les blessés. Depuis quelques minutes, les hommes d'Halilhodzic semblaient marquer le pas physiquement et se contentaient de «gérer» leur retard, sans agressivité en défense, ni véritable volonté de reprendre le ballon dans les pieds londoniens qui faisaient tourner la balle tranquillement. Une passivité qu'ils payaient cash, Drogba ne leur laissant aucune chance. Deux buts à remonter face à une équipe de Chelsea difficile à bouger, la tâche s'annonçait quasi-impossible. Car la deuxième période partait sur le même rythme, les Parisiens n'entretenant guère l'illusion. Dépassés, physiquement, tactiquement et techniquement, les Parisiens peinaient à garder le ballon monopolisé par Chelsea qui semblait parfois s'amuser à jouer à la passe à 10. Le troisième but londonien leur portait le coup de grâce. Le dernier quart d'heure ressemblait plus à une parodie de football qu'à autre chose, les Parisiens, fantomatiques espérant plus ne pas prendre de quatrième but qu'en marquer un seul. Sur le terrain erraient 11 Parisiens, résignés et complètement découragés. Volontaire en début de match, le PSG s'est ensuite étiolé au fil du match, perdant cohérence et solidarité. Si la défense a tenu pendant les trente premières minutes, nombreuses ont été les frayeurs, la maladresse des attaquants londoniens permettant aux Parisiens de souffler. Souvent prise à revers, loin d'être assez agressive, la défense est loin du meilleur niveau… Avec un tel déchet technique (de nombreuses passes manquées), on avait l'impression de voir une équipe qui n'avait même pas le niveau de la L2.

Dans ce marasme, certains joueurs Parisiens ont toutefois su sortir la tête de l'eau. M'Bami d'abord a montré une très belle envie et a beaucoup apporté à son équipe. En récupération et en attaque son apport a été d'un grand secours, et auteur d'une belle frappe. Comme tous, il a fini par se décourager, pesant moins sur le jeu mais sa force de percussion aurait pu faire mouche. Il a néanmoins manqué quelques passes faciles. Brillant plus par leur motivation et son envie sans borne, Pauleta a lui aussi beaucoup bougé, beaucoup tenté… malheureusement sans réussite. Peinant certainement à trouver sa place dans une organisation offensive parfois floue, le Portugais n'a jamais abdiqué. Mais on peut tout de même lui reprocher de s'être baissé sur le coup-franc de Drogba, permettant à la balle de filer droit vers les filets de Letizi... Il était le seul à faire un pressing énorme, dans le vide. Il ne peut pas être numéro 9 et numéro 10 à la fois, obligé de revenir, et faire des frappes dès 20-25m. L'ancien Monégasque, Jérôme Rothen, reste, lui, toujours dangereux lorsqu'il se présente aux alentours de la surface balle au pied. Mais esseulé, on l'a parfois senti écoeuré. En défense, José Pierre-Fanfan a su hausser son niveau de jeu mais sa relative solidité retrouvée n'a pas empêché le naufrage. Les mauvais points sont quant à eux nombreux. Sylvain Armand a tenté quelques montées mais la plupart du temps conclu par un mauvais centre ou une balle dans les tribunes et ses pertes de balle à 30 ou 40 m de son but n'arrangent en rien sa performance quasi désastreuse. Helder n'a pas semblé particulièrement à son aise et provoque le coup-franc à l'origine du 3ème but. Il a été pris de vitesse et aurait pu prendre un carton rouge. Coridon, après une superbe action en début de match et quelques bonnes actions ici ou là, s'est volatilisé. Lionel Letizi s'est quant à lui troué sur le premier but de Chelsea. Et même si son match n'a pas été si mauvais, sauvant souvent les siens de la débandade, ses qualités aériennes laissent à désirer… On n'a pas reconnu Lorik Cana, trop imprécis dans ses passes, et Bernard Mendy doit apprendre à faire des touches, vraiment très navrant. En bref, individuellement mais surtout collectivement, les Parisiens ont été loin du niveau européen qu'on attend d'un prétendant au titre. Vahid était complétement dépité sur le banc.

La prestation de Chelsea

Sérénité. Voilà ce que dégage l'équipe de Jose Mourinho. Car c'est une équipe extrêmement bien organisée que le PSG avait en face de lui. De la défense à l'attaque, l'organisation londonienne est impressionnante. Si les Parisiens ont plus ou moins entretenu l'illusion pendant les 20 premières minutes, on sentait qu'à tout moment, les hommes de Mourinho pouvaient passer la vitesse supérieure et mettre rapidement en danger leur adversaire. Sans prodiguer un jeu d'attaque à tout-va, les Londoniens arrivent à être très performants. Une assise défensive sans faille, agressive, difficile à bouger et à contourner, une remontée de balle rapide pour des attaquants comme Drogba, Cole ou Kezman, capables de faire rapidement la différence, voilà les ingrédients de la réussite londonienne. Chelsea a su dominer son sujet de la tête et des épaules. Sans donner l'impression de forcer, les hommes de Jose Mourinho ont dominé tactiquement, physiquement et techniquement l'équipe parisienne. Certes les parisiens ont encore beaucoup de lacunes à combler mais l'impression laissée par l'équipe anglaise est telle qu'on peut penser qu'il sera difficile de battre cette équipe. Le PSG a été battu par plus fort que lui, mais les armes n'ont pas semblé égales. José Mourinho a "Portotisé" cette équipe.

On ne peut pas évoquer ce match sans évoquer la performance de Didier Drogba. Surmotivé face aux Parisiens qui l'avaient bien maîtrisé la saison dernière alors qu'il évoluait à Marseille, l'Ivoirien avait à coeur de réaliser une belle performance et de marquer. Sifflé par le public, mais buteur par deux fois, il a été intenable à la pointe de l'attaque et s'est créé bon nombre d'occasions. Ses compères de l'attaque n'ont pas été en reste, notamment Mateja Kezman, impliqué dans les deux derniers buts de Chelsea ou Joe Cole à qui il n'a manqué qu'un but pour parfaire la soirée. A l'autre bout du terrain, Petr Cech s'est lui aussi montré très rassurant, présent aux bons moments et toujours bien placé. Mais plus que de belles prestations individuelles, c'est avant tout sur un collectif sans faille que Chelsea a construit sa victoire.

A noter que dans l'autre match du Groupe G, opposant le tenant du titre, le FC Porto au CSKA Moscou, les deux équipes se sont séparées sur un score nul et vierge (0-0).

Des joueurs qui quittent la pelouse du Parc la tête basse. Vahid Halilhodzic prostré sur son banc, les yeux dans le vague. L'image est forte mais à la hauteur du gouffre qui a semblé séparer les deux équipes, notamment en deuxième période. Le PSG encaisse une nouvelle défaite et tombe encore une fois de haut. Mais cette fois, pourra-t-il se relever ?


Fiche technique Au Parc des Princes PSG 0 – 3 Chelsea
Buts : Terry (28'), Drogba (45' et 75')
Avertissements : Helder (61') pour le PSG et Lampard (62') pour Chelsea PSG : Letizi – Mendy, Helder, Pierre-Fanfan, Armand – Coridon (Ljuboja, 65'), M'Bami, Cana, Rothen (Ateba, 83') – Ogbeche (Pancrate, 71'), Pauleta Chelsea : Cech – Paulo Ferreira, Gallas, Terry, Bridge – Tiago Mendes, Makelele, J. Cole (Geremi, 68') – Lampard, Gudjohnsen (Kezman, 8'), Drogba (Duff, 80')



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