Mardi soir, tard dans la soirée, on a appris le transfert de Fabrice Fiorèse du PSG à l'OM. Fait déjà rare, le passage d'un joueur dans le club «ennemi» a été cette fois agrémenté d'une rocambolesque histoire de comédie dont le football ne sort pas grandi. Maxifoot fait le point sur l'Affaire Fiorèse.

Depuis mardi soir et la fin officielle des transferts en France, des voix s'élèvent de parts et d'autres pour dénoncer certains comportements lors du transfert de Fabrice Fiorèse du PSG au rival marseillais. Avant de rentrer dans ces polémiques, un bref rappel des faits s'impose.

Rappel des faits

Tout d'abord, dans son édition du 26 août, le quotidien L'Equipe met à jour une dispute entre le milieu de terrain parisien Fabrice Fiorèse et son entraîneur Vahid Halilhodzic. On apprend que, le mardi 24, le joueur aurait laissé exploser sa colère contre le Bosniaque, lui reprochant sa façon de travailler et la manière dont il a agit avec Frédéric Déhu lors de l'épisode de la finale de la Coupe de France. Le numéro 11, qui rencontrerait dans la même période des problèmes personnels, est mis à pied pendant cinq jours. Le 27 août, Halilhodzic explique à la presse que le joueur a demandé à quitter le club : «J'ai été déçu et surpris par cette demande, d'autant plus que le club venait d'accepter sa prolongation de contrat avec une revalorisation de son salaire, déclare le Bosniaque. J'aurais aimé qu'il m'informe de tout cela plus tôt, pas à quelques jours d'un match important et de la fermeture du marché des transferts.» Contre St Etienne (2-2), le 29, l'absence de l'attaquant se fait ressentir, notamment dans le manque d'engagement de son équipe, mais surtout dans l'absence de percussion de Cissé côté droit. Le lendemain, une rencontre a lieu au siège du club entre le joueur et son président. Exprimant des regrets au sujet de son comportement, l'ancien Guingampais est réintégré à l'effectif de la capitale, même si la réconciliation ressemble plus à un mariage d'intérêt qu'au départ d'une nouvelle idylle. Francis Graille déclare qu' «il est dans l'effectif mais qu'il a été sanctionné.» A ce moment-là, Halilhodzic hésite quant à l'attitude à adopter face au joueur, se rappelant d'un côté les critiques endurées, mais ayant aussi conscience que le PSG ne peux se passer d'un joueur aussi important à quelques jours de jouer la Ligue des Champions. Toujours sur la liste des transferts, Fiorèse peut encore partir, mais la priorité va à l'arrivée d'un ou deux nouveaux joueurs. Mardi 31 au matin, dernier jour du marché, l'OM contacte le club parisien au sujet de son milieu de terrain, alors que le PSG conclut la signature de Coridon et cherche encore un renfort en attaque. Les Phocéens proposent 2 millions d'euros alors que les Parisiens en demandent 4. Un accord est trouvé pour un transfert aux alentours de 3,5 millions d'euros. L'OM tient le remplaçant de Mido et le PSG a les liquidités pour faire signer Carlos Alberto… mais trop tard. Minuit est passé.

Encore une simulation de Fiorèse ?

Depuis la conclusion de cet épisode, quelques jours se sont passés et certaines personnes ont compris le comportement d'autres. Notre confrère "Le Parisien" du 2 septembre révèle une partie de la réalité sur ce qui est devenu «l'affaire Fiorèse.» Selon le journal local, toute la crise qui a émaillé la fin du marché parisien n'est en fait qu'une odieuse machination de l'OM pour faire baisser le coût d'un joueur qui a réussi une dernière saison excellente (6 buts, 10 passes décisives). Rapide retour sur une toute autre version d'un transfert à sensation.

D'après les dirigeants parisiens et le quotidien Le Parisien, le transfert de Fiorèse à l'OM s'est déroulé comme ceci. Il y a quelques semaines, à Marseille, où il s'était engagé après sa fin de saison avec Paris, Frédéric Déhu aurait recommandé son ami Fiorèse à José Anigo. Intéressé, l'entraîneur olympien a suivi les conseils de son défenseur et serait entré en contact avec le Parisien sans rien dire à son président. S'est alors créée une stratégie pour permettre au meilleur passeur du PSG de rejoindre son ami et ancien capitaine. Fiorèse prévoit de rencontrer Halilhodzic et d'aller au clash avec lui, lui demandant dans le même temps un transfert. Les dirigeants parisiens, surpris, placent le joueur sur la liste des transferts et pensent que le joueur à une offre d'un club qu'il veut rejoindre. Comme rien ne vient, ils en viennent à l'idée que le joueur a des problèmes familiaux et d'argent qui l'ont poussé à agir bizarrement, notamment au sujet de sa revalorisation salariale et de la prolongation de son contrat. La comédie continue de plus belle quelques jours plus tard lorsque le joueur vient faire «semblant de s'excuser» devant son président et son entraîneur et demande à réintégrer l'effectif. Il est même dans les tribunes lorsque ses coéquipiers reçoivent leur voiture de fonction. Dans le même temps, Ranko Stojic, l'agent du joueur, se met d'accord avec l'OM quant aux modalités du futur contrat du footballeur formé à Lyon. Comme dit précédemment, c'est le mardi 31 que l'OM contacte le PSG. Mis sous pression par le temps qui avance à vive allure, les Parisiens ne sont pas en position de force pour imposer le prix du joueur mais sauvent les meubles en obtenant plus de 3,3 millions d'euros, le prix d'achat à Guingamp de l'intéressé. Marseille a alors réussi sa manipulation et a payé moins cher un joueur qui renforcera son couloir droit. En plus de cela, «escroquer le PSG» selon Le Parisien, n'est pas une maigre satisfaction pour un entraîneur comme Anigo, très au fait de la rivalité entre les deux clubs.

«Il a pris le PSG en otage !»

A Paris, les décideurs ont compris et peinent à se remettre du comportement d'un joueur qui a pourtant toujours respecté ses couleurs. Francis Graille n'attend pourtant pas longtemps pour dénoncer la magouille : «Nous ne pouvions savoir qu'il était en contact direct avec l'Olympique de Marseille, se plaint-il. A quelques heures de la clôture du marché des transferts, l'OM est alors entré en contact avec le PSG. Nous avons alors compris que les dès étaient pipés depuis bien longtemps et que nous ne pouvions plus faire marche arrière. Aujourd'hui, les masques sont tombés.» Pour Vahid Halilhodzic, qui avait nommé le joueur vice-capitaine, «il a pris le club et l'équipe en otage. C'est une situation que je n'avais pas imaginée avant hier (mardi, ndrl), surtout avec Fiorèse.» L'entraîneur regrette aussi le moment choisi pour faire l'arnaque : «J'ai raté un joueur à cause de son départ. Dommage qu'il n'ait pas fait ça il y a un mois, on aurait eu le temps. En sachant si tardivement qu'il partait, on n'a pas pu exploiter l'argent qui nous est revenu après son transfert.» Très touché, le Bosniaque a avoué avoir "vomi" en rentrant chez lui. Du côté de l'OM, on a que faire des atermoiements des Parisiens. Le président Bouchet a ainsi tenu à donner sa version des faits : «Personne à l'OM, moi compris, ne pensait à l'arrivée d'un renfort avant de recevoir lundi l'offre de l'AS Roma ! Même quand José est venu lundi soir, il n'imaginait pas que nous allions aborder autre chose que le dossier Mido.» Tenant à revenir sur les négociations, il a précisé que «ce n'est qu'au terme d'une réunion technique lundi en soirée, que nous sommes arrivés à la conclusion qu'un changement tactique allait s'opérer. Nous avons alors appelé l'agent de Fabrice Fiorese, José a joint le joueur, et de mon côté j'ai prévenu Francis Graille de ces appels. Nous avons repris contact en fin d'après-midi - début de soirée avec le PSG. J'ai donné mon feu vert à Pape Diouf pour conclure vers 22h. Voilà comment tout s'est déroulé. Tout le reste n'est que bavardage ou tentative de nuire.» N'hésitant pas à lancer une petite pique à ses collègues, il a expliqué que «si le PSG a des problèmes internes, il n'a pas à en faire porter la responsabilité à l'OM.» L'OM a quant à lui réalisé un très bon coup en enrolant ce joueur de qualité.

Dans cette histoire, chacun se fera son opinion sur ce qui est vrai et ne l'est pas, mais, s'il s'avère dans les jours à venir que la seconde histoire est vérifiée, on pourra conclure aisément que ni le joueur, ni l'OM n'ont eu le comportement adéquat envers le club parisien, qui a longtemps pensé tenir en Fiorèse un joueur exemplaire de combativité et de respect, qui pourrait s'avérer être un comédien dont seuls les intérêts propres comptent. En attendant, le passage du PSG à l'OM de deux joueurs phares du club de la capitale, Déhu et Fiorèse, porte un coup sévère au club parisien dont la venue de l'OM, le 6 novembre prochainn sera tendue. Dommage, mais c'est le football, et l'OM renforce son équipe.

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