Troyes : l'immense gâchis
Moins d'un an après son retour en Ligue 2, Troyes a de grandes chances de descendre en National suite à l'arrêt du match contre Valenciennes (1-1), vendredi. Une défaite sur tapis vert condamnerait définitivement l'ESTAC, qui s'est complètement sabordée au cours des 18 derniers mois.
S'il y a un homme qui doit se friser les moustaches ce samedi matin, c'est bien Bruno Irles. Alors que son équipe pointait à la 13e place avec la 5e meilleure attaque de Ligue 1, l'entraîneur de 48 ans a été mis à la porte par Troyes lors de la trêve liée à la Coupe du monde au Qatar. Un tournant dans l'histoire récente de l'ESTAC.
Une chute vertigineuse
Pourquoi ? Car le club aubois a foncé vers la Ligue 2 après son départ. L'ancien joueur de Monaco avait réussi à engranger 14 points sur les 14 premières journées. Son successeur, Patrick Kisnorbo, avait fait beaucoup moins bien avec seulement 10 points pris lors des 24 rencontres qui ont suivi dans l'élite et un seul succès à Strasbourg (2-3), le 2 janvier 2023. Une dégringolade terrible pour un club habitué à prendre l'ascenseur avec quatre montées depuis la saison 2010-2011. Sauf que cette fois-ci, l'appareil va peut-être prendre le sens inverse.
En effet, Troyes ne retrouvera pas la Ligue 1 dans les prochains mois. C'est même le National qui attend les partenaires de Renaud Ripart. Après un départ correct, les Troyens ont rapidement perdu pied en glissant dans la zone de relégation dès la 11e journée. Parvenu à s'en sortir à la 17e journée suite à la nomination par intérim d'Alou Diarra, qui a enchaîné deux succès face à Bordeaux (0-1) et Amiens (2-0), le club fondé en 1986, repris par David Guion, est revenu dans la zone rouge au soir de la 31e journée après un revers contre Auxerre (2-0). Pour ne plus en sortir.
Le club quasiment condamné à la descente
Le vase, bien plein depuis 18 mois, a fini par déborder vendredi. Alors qu'un petit espoir existait en vue d'un maintien, il s'est envolé, peut-être de manière définitive, à l'issue du match contre la lanterne rouge, Valenciennes (1-1). Interrompue à la 88e minute suite à des jets de fumigènes sur la pelouse de la part de supporters frustrés, la rencontre a été définitivement arrêtée. Ce qui pend au nez de l'ESTAC désormais, c'est une défaite sur tapis vert qui serait fatale puisque les Aubois compteraient 7 points de retard sur Dunkerque, 16e, à deux journées du terme.
Un gâchis d'autant plus énorme que Troyes avait bouclé un recrutement plutôt intelligent et alléchant pour une formation de Ligue 2. Dogan Alemdar (Rennes) et Simon Elisor (Metz) sont arrivés en prêt, Ismaël Boura, Nicolas De Préville, Mehdi Tahrat ou encore Youssouf M'Changama, qui ont tous connu le niveau supérieur, ont eux signé librement alors qu'Abdoulaye Ndiaye (Lyon, 3,5M€) et Mouhamed Diop (Kocaelispor, 1,1 M€) avaient l'opportunité de se montrer dans un contexte plus favorable. Il n'en a rien été.
Irles avait vu juste
Troyes, c'est encore Irles qui en parle le mieux. En mai 2023, l'ex-défenseur avait évoqué la mauvaise gestion du City Group. «La cassure existe au moment où on ouvre une faille. Et une faille a été ouverte. Effectivement, les joueurs avaient une oreille, et ils n'auraient pas dû l'avoir» , prévenait-il dans L'Equipe. «La faille a été ouverte au niveau de la direction, du sportif. Quand on est entraîneur, il faut qu'on sente que le club est à 100% derrière vous, et pas simplement dans les communications médiatiques. C'est au quotidien qu'on le voit.»
«Je suis en colère, triste, car c'est un gâchis. Lors de mon licenciement, on me reproche : 1. Les résultats. On reste sur six matchs sans victoire mais on est 13es avec la 5e attaque. On voit la suite, je vous laisse juge. 2. Le jeu. Pour la direction sportive, le projet de jeu devait aller plus vite vers le projet City. Il y a eu divergence de points de vue. J'étais convaincu que c'était incompatible avec cet effectif en L1. Aujourd'hui, on ne peut pas dire qu'on voit jouer Manchester City ou qu'on exploite au maximum le potentiel des joueurs.» Un gâchis sur toute la ligne.
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