PSG-Châteauroux, ce n'était pas vraiment une finale comme les autres. Et pas seulement parce que Châteauroux est une modeste équipe de L2. Le Stade de France était le lieu de retrouvailles, mais en même temps, le PSG avait encore au travers de la gorge ses échecs contre Auxerre et Gueugnon. Les Parisiens n'ont pas fait un grand match mais ont logiquement remporté la finale.

Les données de la rencontre

Paris avait une revanche à prendre après la finale perdue en quelques minutes l'an dernier contre Auxerre (2-1). Et comment ne pas penser également à la fameuse finale de la coupe de la Ligue PSG-Gueugnon de 2000 ? Aussi déséquilibrée sur le papier, la rencontre avait tourné à l'avantage du club de 2ème division (2-0). Les Parisiens n'avaient rien pu faire contre l'enthousiasme de Sylvain Distin et ses coéquipiers. Cette saison, le PSG semblait prêt à éviter ce genre de piège. Sérieux et appliqués, les hommes d'Halilhodzic avaient tous les atouts nécessaires pour s'imposer. Il y a une semaine à Bastia, ils avaient très bien supporté la pression et parfaitement endossé le rôle de favori. L'entraîneur parisien prévenait tout de même que le PSG devait être très concentré pour ne pas aller au devant d'une nouvelle désillusion : «Il nous faut prendre cette équipe avec beaucoup de respect au risque d'avoir une mauvaise surprise. Comme toutes les équipes de niveau inférieur, ils seront plus motivés, plus appliqués, plus disciplinés contre un club de L1. Il suffit de voir les récentes finales de Nantes contre Calais (en 2000) ou de Strasbourg contre Amiens (en 2001), cela s'est joué à rien.» Fabrice Fiorèse et les autres joueurs en étaient visiblement conscients : «Attention à ne pas gagner cette finale avant de la jouer, nous ferons preuve de modestie avant d'entrer sur la pelouse.» «Pour Châteauroux, il s'agira du match de l'année et pour certains joueurs du match de leur vie» , soulignait pour sa part José Pierre-Fanfan. Gros soucis pour le PSG, Vahid Halilhodzic devait se passer des services de Gabriel Heinze et Juan-Pablo Sorin, retenus avec leur sélection. Deux joueurs qui auraient pu apporter leur combativité et leur mentalité de compétiteurs dans un tel match. Reinaldo était également absent. Dans les buts, Lionel Létizi était titulaire comme à Bastia. En défense, c'est El-Karkouri qui prenait la place de Heinze, aux côtés de Mendy, Pierre-Fanfan et Déhu. Au milieu, les habituels M'Bami et Cana étaient alignés avec ainsi que Boskovic et Fiorèse. Devant, Pauleta était accompagné de Ljuboja.

Pour certains, ce match était celui des retrouvailles. En effet, le président du club berrichon n'est autre que Michel Denisot et dans son effectif on retrouve deux anciens Parisiens, Eric Rabesandratana (31 ans) et, surtout, Jimmy Algérino (32 ans), vainqueurs de cette coupe de France avec le PSG en 1998. Retrouvailles cependant inattendues à ce niveau de la compétition, Châteauroux ayant terminé en milieu de tableau de L2. Malgré cela, Paris devait se méfier de l'équipe d'Indre-et-Loire. Châteauroux est tout de même allé gagner à Monaco (1-0) en quart de finale et s'appuie sur une défense expérimentée avec Teddy Bertin (34 ans, 320 matchs en L1) et bien sûr Algérino. En championnat, les Castelroussins se sont contentés de la 11ème place avec 49 points (13 victoires, 10 nuls et 15 défaites, 44 buts marqués, 49 encaissés). Michel Denisot déclarait d'ailleurs simplement : «J'espère bien que Châteauroux va faire honneur à la L2.» Son entraîneur Victor Zvunka ne cachait pas que Paris l'impressionnait : «On peut considérer que le PSG fait partie des trois meilleures équipes françaises actuelles. C'est une équipe qui n'a pas perdu souvent cette saison, elle est solide sur ses bases, c'est un gros bloc.» A l'image de Sébastien Roudet, les Castelroussins allaient vivre un moment exceptionnel : «Il faudra que nous profitions bien de cette chance car nous ne sommes peut être pas prêt de la voir se réitérer. Mais il faudra également essayer de mettre tout ça de côté pour ne pas passer à côté de notre match.» Châteauroux alignait son équipe habituelle, hormis David Coulibaly et Marc Giraudon blessés. Hors de forme cette saison, Eric Rabesandratana ne faisait donc pas partie des joueurs retenus par Zvunka. Rodolphe Roche était dans les buts. En défense centrale, on retrouvait Eddy Viator (22 ans) aux côtés de Bertin. Sur les côtés, Algérino et le jeune Wissan El-Bekri (19 ans) étaient titulaires. Au milieu, Djibril Sidibé, prêté par Monaco, et Karim Fradin étaient dans une position de récupérateurs tandis que Sébastien Roudet, qui jouera à Nice la saison prochaine, et Armindo Ferreira étaient plus offensifs. En attaque, Marc-Eric Gueï (ex-Montpellier), meilleur buteur du club avec 12 buts en L2, retrouvait David Vandenbossche (ex-Auxerre) pour l'épauler.

Les meilleurs moments

- Première occasion du match, pour Châteauroux : Gueï se retourne à 25 mètres des buts et lance Vandenbossche vers le but mais l'attaquant castelroussin manque un peu de sang froid et tire à côté (4').

- Réplique immédiate du PSG ponctuée par une frappe de Pauleta à droite du but de Roche (5').

- Centre de Fiorèse de la gauche pour Pauleta qui effleure le ballon de la tête, gêné par la sortie un peu aventureuse de Roche (13').

- Centre de Roudet, suite à un corner, et tête manquée de Vandenbossche serré de près par Déhu (17').

- Coup-franc dangereux pour Paris à 20 mètres dans l'axe. La tentative de Pauleta est déviée par le mur et passe au-dessus (35').

- Action pour Châteauroux avec Gueï qui sème le trouble. Le ballon arrive sur l'aile droite à Algérino qui déborde et rentre dans la surface mais Cana revient et se jette pour contrer le ballon (40').

- Coup-franc au second poteau de Ferreira pour Bertin qui remet le ballon de la tête dans l'axe pour Vandenbossche à deux mètres du but, mais l'attaquant de Châteauroux ne parvient pas à tirer (44').

- Le match s'anime véritablement. Centre d'Algérino au second poteau vers Roudet qui reprend de la tête de peu à côté (59').

- Grosse occasion pour le PSG. Percée de M'Bami qui évite Roche mais s'excentre un peu et frappe vers le but. Heureusement pour Châteauroux, Bertin revient et sauve en catastrophe (60').

- Paris pousse. Suite à un corner, la reprise de M'Bami prolongée de la tête par Boskovic passe au-dessus (64').

- Corner très bien tiré par Fiorèse de la droite et tête de Pauleta, à 7-8 mètres du but, qui ouvre le score (1-0, 65'). Les supporters parisiens sont (enfin) soulagés.

- Combinaison Benachour-Ljuboja-Pauleta et frappe cadrée du Portugais bloquée par Roche (79').

- Frappe d'Algérino, pas idéalement placé, contrée par Létizi en corner (86').

- Châteauroux tente bien d'égaliser, mais sans se créer vraiment d'occasions et les Parisiens peuvent brandir la coupe de France après une victoire (1-0) comme ils en ont l'habitude. Une fête légèrement gâchée, Frédéric Dehu portant la Coupe seulement deux secondes, tristesse au visage, il s'en allait tout de suite dans les vestiaires. Avant d'avoir été ramené par les autres joueurs parisiens pour poser sur la photo officielle, Frédéric Dehu avait les larmes aux yeux, déçu du comportement des supporters à son égard.

La prestation du PSG

Paris n'a pas réalisé un très grand match. La défense a même été inhabituellement fébrile à l'image de Frédéric Déhu, sifflé malheureusement par une partie de ses supporters. Pierre-Fanfan lui aussi n'a pas toujours été très à l'aise avec le petit gabarit Gueï. Lionel Létizi n'a pas eu beaucoup de travail, Châteauroux ayant cadré très peu de tirs. Sur les côtés, El-Karkouri a fait une première période intéressante avec quelques débordements, tandis que Mendy a fait un match correct mais a déjà été plus à son avantage. Au milieu, le duo Cana-M'Bami a été une fois de plus l'une des clés du succès du PSG. Par contre, comme bien souvent cette saison, Boskovic a beaucoup déçu. Le milieu offensif du PSG manque visiblement de confiance et de consistance dans son jeu. Il s'est souvent trompé dans ses choix. Boskovic a été remplacé par Benachour qui a fait du bien au jeu de Paris. Sa technique et sa vista ont apporté un plus intéressant. Fiorèse a été le passeur décisif, sur corner, un exercice où il excelle. Ses corners et ses centres ont été une menace permanente pour Châteauroux. Après avoir qualifié son club pour la Ligue des Champions à Bastia, Pauleta lui a offert la coupe de France avec une belle tête. Assez discret en première mi-temps et privé de ballons, le buteur portugais a une fois de plus été décisif. Ljuboja s'est montré mais a parfois été brouillon. Il a accusé le coup après une saison pleine. Finalement le PSG a gagné comme souvent en se montrant prudent et réaliste. Quelques minutes de pression ont suffi à faire exploser Châteauroux et l'essentiel du travail a été réalisé par les milieux défensifs. Par contre, on regrette énormément la joie un peu gachée des Parisiens avec l'histoire de Frédéric Dehu. Ce joueur évolue à 200% sous les couleurs du PSG, il a toujours été au plus haut niveau, c'est lui qui recadre l'équipe. Frédéric Dehu est bien l'un des meilleurs joueurs de l'histoire du PSG, et malgré le fait qu'il aille sans doute rejoindre le club rival (pour différentes raisons internes), et que c'est difficile à admettre, c'est la vie, il faut avancer.

La prestation de Châteauroux

Châteauroux n'a pas démérité. Le club de L2 a cependant cadré très peu de frappes, faute à un manque de sang-froid devant le but. Le dernier geste et la dernière passe ont fait défaut aux Castelroussins, qui ont également mal négocié de nombreux coup de pied arrêtés. Ils peuvent regretter d'avoir concédé stupidement le corner qui a amené le seul but du match. En défense, Bertin a rassuré et a effectué plusieurs interventions décisives. Son jeune coéquipier, Viator a également été très bon. Algérino a apporté de la technique sur son aile et ses percées ont souvent amenées le danger. Au milieu, Sidibé s'est bien défendu, malgré l'opposition. L'un des joueurs de Châteauroux les plus en vue a sans doute été l'attaquant Gueï. Sa vivacité et ses dribbles ont posé beaucoup de problèmes à la défense du PSG. C'est Vandenbossche qui a finalement profité du travail de ses partenaires pour se créer les meilleures opportunités mais il a manqué de lucidité.

Au terme d'une finale assez équilibrée et qui ne restera pas dans les mémoires pour sa qualité ou son scénario, tout à fait prévisible, Paris s'est imposé (1-0). Une fois de plus le PSG a été sauvé par son buteur portugais, Pedro Pauleta. La rigueur et le réalisme du PSG ont fait la différence. Les qualités qui manquaient lors des dernières finales étaient cette fois bien présentes. Paris peut savourer sa saison. Peu de personnes auraient parié sur une telle fin après les premiers matchs de championnat.

Paris SG – Châteauroux 1-0 (0-0)
78 000 spectateurs
Arbitre : M. Bré
But : Pauleta (65’)
Avertissement : Pauleta (90’)
PSG : Létizi – Mendy, El-Karkouri, Pierre-Fanfan, Déhu – Cana, M’Bami, Boskovic (Benachour, 74’), Fiorèse – Ljuboja (Rocchi, 85’), Pauleta (Touré, 90’).
Châteauroux : Roche – Algérino, El-Bekri (Paul, 77’), Viator, Bertin – Fradin, Sidibé, Ferreira, Roudet – Vandenbossche, Gueï.