Au terme d'un match fermé entre deux équipes très proches l'une de l'autre, c'est le FC Porto qui disputera la finale de la Ligue des Champions le 26 Mai prochain. Comme souvent dans ce genre de rencontre, c'est un coup de pied arrêté qui a fait la différence (0-1).

Les données du match :

Les joueurs du Deportivo La Corogne étaient en pleine forme au moment d'aborder ce match. C'est en effet une équipe de remplaçants qui a battu le Real Madrid samedi dernier pour le compte de la 35ème journée de Liga (2-0). Les Valeron, Pandiani et autres Naybet, habituels piliers du onze galicien, attaquaient donc cette rencontre face à Porto dans un état de fraîcheur retrouvé. Quatrièmes du championnat espagnol à 9 points du leader Valence, l'équipe de Javier Irureta misait tout sur la Champions League, en cette fin de saison, pour espérer remporter un trophée. Mais après le 0-0 du match aller au Portugal, le Depor était presque dans l'obligation de gagner pour accéder à la finale de la compétition. N'oublions pas que La Corogne jouait dans son stade fétiche du Riazor : c'est ici même qu'il y a un mois, les joueurs d'Irureta avaient signé l'un des exploits les plus retentissants de l'année en éliminant le Milan AC sur le score sans appel de 4 à 0. Cette performance face au nouveau champion d'Italie avait montré les capacités des Galiciens à se transcender lors des grands rendez-vous. L'entraîneur alignait une équipe classique. Avec Molina aux buts et la ligne Manuel Pablo-Cesar-Naybet-Romero devant lui, la défense semblait difficile à passer malgré l'absence de Jorge Andrade, exclu à l'aller. Au milieu de terrain, c'est Dusher qui héritait de la place de titulaire laissée vacante par Mauro Silva, également suspendu. Sergio et Victor occupaient les couloirs, laissant l'artiste Valeron se promener sur toute la largeur du terrain. En attaque, Walter Pandiani, auteur de 6 buts cette saison en C1, était soutenu par le jeune Luque, chouchou du Riazor.

Du côté de Porto, on se présentait également dans état de forme à la hausse. En effet, le sélectionneur portugais Luiz Felipe Scolari avait accepté que les internationaux de Porto ne participent pas au match amical contre la Suède, mercredi dernier. De plus, Jose Mourinho avait laissé ses titulaires au repos lors de la 33ème journée du championnat portugais, qui a vu la défaite de son équipe face à Rio Ave (1-0). Une défaite sans gravité puisque le FC Porto est déjà assuré de finir la saison en tête du classement. Auteurs d'un match aller décevant, les coéquipiers de Deco avaient à coeur de décrocher une place en finale de la Ligue des Champions, une compétition que le club avait déjà remportée, en 1987. Paradoxalement, le score nul et vierge d'il y a deux semaines pouvait constituer un certain avantage pour les Lusitaniens : un match nul avec des buts marqués leur suffisait pour se qualifier, alors que La Corogne était dans l'obligation de gagner. L'équipe de Mourinho enregistrait un retour de choix : celui de Derleï, l'attaquant brésilien, blessé depuis la fin du mois de Décembre. Celui-ci prenait place en attaque aux côtés de Carlos Alberto. Le reste de l'équipe ne subissait aucune modification par rapport aux précédents matches de Ligue des Champions, si ce n'est le remplacement d'Alenitchev par Pedro Mendes au milieu du terrain. Le duo d'attaque était soutenu par Deco posté en meneur de jeu, et par deux milieux excentrés : Maniche à gauche et Pedro Mendes, donc, à droite. Costinha, l'ancien monégasque, se chargeait de la récupération devant une défense constituée de Jorge Costa et de Ricardo Carvalho dans l'axe, et de Nuno Valente et Paulo Ferreira sur les côtés. Victor Baïa gardait les buts.

Les temps forts de la rencontre :

- Nourredine Naybet effectue un tacle sur Derleï au niveau de la ligne médiane. La faute ne semble pas si évidente au vu du ralenti, mais Pierluigi Collina décide tout de même d'avertir le défenseur marocain (11').

- Valeron lance Pandiani à l'entrée de la surface. L'avant-centre Uruguayen tente une formidable reprise de volée de l'extérieur du pied droit. Sa tentative passe juste au-dessus de la lucarne mais, de toutes façons, l'arbitre assistant avait levé son drapeau. Reste un geste superbe…(27')

- Sur le flanc droit, Deco réussit un grand pont sur Naybet puis tente de frapper. Son ballon passe au-dessus alors qu'un centre pour Derleï ou Carlos Alberto, placés au centre, était sans doute une meilleure solution (29').

- Coup franc de Luque côté droit. Le ballon, contré par le mur, revient sur Sergio qui, de la tête, lance Valeron en pleine surface. Le meneur de jeu de La Corogne, seul à six mètres des buts, se croit hors-jeu et n'assure pas sa frappe. Celle-ci passe au-dessus (36').

- La Corogne ne relâche pas son étreinte : touche de Romero près du point de corner. Valeron contrôle dans la surface et met en retrait pour Luque qui centre immédiatement. Pandiani tente, et rate, un ciseau retourné (37').

- Deco déborde côté droit et centre devant le but. Maniche est trop court pour dévier le ballon qui file jusqu'au second poteau. Derleï reprend d'une tête plongeante mais sa tentative est renvoyée par le poteau (46').

- Le numéro 10 de Porto lance Derleï en profondeur. Celui-ci élimine Cesar et n'a plus qu'à centrer pour Carlos Alberto, seul au centre. D'un geste de désespoir, le défenseur du Depor parvient à contrer le ballon en corner (52')

- Deco, toujours lui, s'enfonce côté gauche, à la limite de la surface, avant d'être fauché par César. M. Collina accorde le penalty. Derleï trompe Molina en croisant sa frappe du droit (58')

- Centre de Luque venu de la gauche. Naybet, parmi une forêt de joueurs, envoie sa tête au-dessus des buts de Baïa (64')

- Romero transmet à Luque côté gauche. Celui-ci adresse un nouveau bon centre à mi-hauteur sur Pandiani, qui décroise sa tête en pleine surface. La balle passe à gauche des cages, alors que Baïa n'avait pas esquissé le moindre mouvement (65').

- Paulo Ferreira déborde sur le flanc droit. Naybet le fauche et récolte son second carton jaune de la soirée. Il est exclu (70').

- Isolé côté gauche, Deco adresse en centre vers Derleï dans la surface. Celui-ci met en retrait pour Maniche dont la frappe, trop écrasée, est captée par Molina (72').

- Valeron lance Tristan dans la surface. L'attaquant espagnol croise sa frappe mais Nuno Valente, auteur d'un bon retour, l'empêche de marquer (74').

- Coup franc à 20 mètres des buts, légèrement décalé à gauche. Tristan le frappe et trouve le petit filet de Baïa, qui semblait battu (77').

La prestation de La Corogne :

A domicile, devant un public survolté, on en attendait peut-être un peu plus des joueurs de La Corogne. En première mi-temps, l'énergie du public n'a jamais semblé déteindre sur des joueurs prudents, calculateurs et n'osant pas prendre le moindre risque. Le Depor a malgré tout connu cinq minutes de folie en cette fin de première période, avec notamment l'énorme occasion de Valeron à la 36ème minute. Une étincelle au milieu d'un match bloqué. Cette attitude des hommes d'Irureta était risquée : au moindre but encaissé, La Corogne pouvait presque dire adieu à la finale. C'est ce qui s'est passé, avec le penalty transformé par Derleï. Dés lors, menés 1-0, les coéquipiers de Valeron devaient marquer deux fois. C'est dans ce contexte qu'ils se sont montrés sous leur meilleur jour, celui d'une équipe offensive et séduisante : multipliant les centres et les actions dangereuses, les joueurs du Depor auraient pu égaliser à de nombreuses reprises. L'expulsion de Naybet a grippé la machine galicienne et mis fin aux espoirs du Riazor. Pandiani a été le joueur le plus dangereux. Sa présence physique a constitué une menace constante sur les défenseurs portugais. Capable en plus de geste spectaculaires, il est rentré cette année dans le clan des meilleurs avants-centre d'Europe. Luque, ailier gauche, a également été un poison pour Porto, en prenant régulièrement le dessus sur son vis-à-vis Paulo Ferreira et en multipliant les centres devant le but. Au milieu de terrain, le rugueux Dusher n'a pas fait oublier l'expérimenté Mauro Silva. Cesar, l'autre rentrant, a lui aussi fait regretter l'indiponibilité de l'habituel titulaire Jorge Andrade. Auteur de la faute qui amène le penalty, il a en outre souvent été pris de vitesse par Derleï. Valeron a démontré une qualité de passe largement au-dessus du lot. Malheureusement, c'est surtout son occasion manquée de la 36ème minute qu'on retiendra.

La prestation de Porto :

Pendant les premières quarante-cinq minutes, le FC Porto a voulu jouer comme à domicile, c'est-à-dire en possédant le ballon. Les coéquipiers de Deco ont ainsi occupé le camp galicien, mais sans pour autant imposer un rythme insoutenable à leurs adversaires, comme ils l'avaient fait depuis le début de la compétition. Ils n'ont jamais réussi à percer le coffre-fort du Depor, les joueurs offensifs portugais faisant preuve d'un manque d'imagination évident. La défense portugaise a également semblé un peu lente sur quelques accélérations de Luque. Après l'ouverture du score de Derleï, en début de deuxième mi-temps, Porto a été débordé de toutes parts par des Galiciens survoltés. Ces quelques minutes de flottement prendront fin avec l'exclusion de Naybet. Dès lors, les hommes de Mourinho n'ont plus eu qu'à gérer leur avantage, chose qu'ils savent parfaitement faire. En fin de match, sur quelques contre-attaques, ils auraient même pu scorer à nouveau. Derleï, pour son retour en Ligue des Champions, a semblé très en jambe. En plus d'avoir marqué le but de la qualification, il a empoisonné la défense adverse par ses nombreux appels et sa vitesse de course. Deco a réalisé une performance mi-figue mi-raisin : certes il a été décisif, en obtenant le penalty, mais il a parfois eu tendance à trop en faire sur certaines actions : dribbles inutiles, tentatives personnelles… Sans doute fatigué par une interminable saison, ses coups de patte restent néanmoins indispensables car ils peuvent inverser le cours d'une rencontre à tous moments. La défense a compensé une certaine lenteur par sa rigueur et son expérience. Au milieu du terrain, Costinha est une tour de contrôle presque infranchissable.

Comme il y a quinze jours, les deux équipes ne nous ont pas offert un grand spectacle. Porto, plus réaliste et plus ambitieux que son adversaire, est cette fois sorti vainqueur d'une rencontre âprement disputée. Le revenant Derleï fait figure de héros du match, lui qui n'avait plus foulé une pelouse européenne depuis Novembre dernier. Qui aurait dit il y a six mois que les Portugais joueraient la finale de la Ligue des Champions ? Personne. Mais au vu des performances qu'ils ont fournies depuis le début de la saison, cette place pour le duel du 26 mai est amplement méritée.