L'équipe de France joue le deuxième acte vendredi soir à Berne. Après le match nul contre la Roumanie, les Bleus affrontent les Pays-Bas, solides leaders du groupe C. Les incertitudes sont nombreuses, à commencer par la composition des équipes. Tour d'horizon noté des forces en présence.

Défaite interdite pour l'équipe de France vendredi soir contre les Pays-Bas sous peine d'hypothéquer sérieusement ses chances de qualification pour les quarts de finale. Après Zürich et leur match nul et vierge devant la Roumanie, les Bleus connaitront déjà le résultat de l'autre rencontre du Groupe C, entre la Roumanie et l'Italie, au moment d'entrer sur la pelouse du Stade de Suisse Wankdorf à Berne, devant près de 32 000 spectateurs dont une majorité de Néerlandais. Le match s'annonce très indécis entre deux formations solides défensivement et au fort potentiel offensif. L'arbitre allemand Herbert Fandel (44 ans), international depuis 1988, arbitrera la rencontre.

Confiance : Pays-Bas (8,5) - France (6,5/10)

L'état de forme et donc la confiance des Pays-Bas reste une énigme tant la plupart des joueurs cadres sont sur le fil du rasoir physiquement. De nombreuses blessures pourrissent la vie de Marco Van Basten mais une large victoire contre l'Italie a toujours le don de gonfler le moral d'une équipe à bloc. Du côté de l'équipe de France, de nombreuses incertitudes induisent le doute. Entre les retours de blessures, les méformes des uns, les contre-performances des autres, les Bleus n'ont pas engrangé de point de confiance ni de certitudes lors de leur première sortie. Même Raymond Domenech avoue hésiter entre optimisme et pessimisme. Le problème de l'efficacité offensive et l'incapacité à créer du jeu inquiètent tous ceux qui ne peuvent pénétrer le camp retranché des Tricolores. En est-il de même à l'intérieur ?

Sélectionneur : Pays-Bas (7,5) - France (8,5/10)

S'il a accompli une carrière de joueur formidable lui donnant un crédit important, Marco Van Basten n'est encore qu'un rookie sur le banc. En poste depuis 2004 pour sa première expérience de management, il quittera son poste après l'Euro pour rejoindre l'Ajax Amsterdam. Il n'a encore rien gagné, sinon le flot de critiques accompagnant les performances de la sélection batave depuis sa prise de fonction. Loin de faire l'unanimité lui non plus, Raymond Domenech dispose tout de même d'une expérience solide ponctuée par une finale de Coupe du Monde. Mais après s'être sorti de justesse de la phase de groupes il y a deux ans, sa frilosité pourrait finir par lui jouer des tours.

Gardien : Pays-Bas (8,5) - France (8,5/10)

Edwin Van der Sar joue sa dernière compétition internationale. Du haut de ses 126 sélections et sur un nuage après son doublé avec Manchester United, le capitaine des Pays-Bas ose imaginer un triplé de légende. Plutôt motivant non ? Du côté tricolore, Grégory Coupet est de retour au plus haut niveau après sa grave blessure au genou. Le gardien lyonnais a pu enfin récupérer le poste de numéro un et aura à cour de l'honorer pour ce qui sera sans doute sa dernière phase finale en Bleu.

Défense : Pays-Bas (8) - France (8,5/10)

La ligne défensive composée d'Ooijer, Mathijsen, Boulahrouz et Van Bronckhorst n'a pas craqué face à l'Italie et devrait donc être reconduite. En plus de défendre, le dernier a aussi trouvé le moyen de marquer. Avec 30 ans de moyenne d'âge, ces quatre-là ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils ont tous l'habitude des matchs de très haut niveau. Sur le papier, leurs homologues français n'ont rien à leur envier. Encore plus expérimentés avec Gallas et Thuram dans l'axe, les Bleus font en revanche débat sur les côtés. Evra pourrait suppléer Abidal tandis que Diarra est pressenti pour remplacer Sagnol à court physiquement.

Milieu : Pays-Bas (8,5) - France (8/10)

Forfait pour le premier match en raison d'une élongation aux adducteurs, l'ailier virevoltant Robben est bon pour le service et pourrait intégrer le onze de départ. Van Persie en revanche est incertain, touché à la cuisse. Buteur contre l'Italie, Sneijder sera sans doute de la partie, tout comme De Jong et Engelaar. Là encore, Domenech a laissé planer le doute. Makelele et Ribéry seront là, c'est sûr. Toulalan tient la corde. A moins que Vieira ne reprenne sa place. Le milieu central a repris l'entraînement mais sera-t-il à 100% ? Malgré un petit premier match, Malouda viendra sans doute gonfler les rangs dans l'entrejeu.

Attaque : Pays-Bas (8,5) - France (8,5/10)

Van Nistelrooy a déjà ouvert son compteur but face à l'Italie et donnera du fil à retordre à la charnière des Bleus. A la baguette, Van der Vaart a longtemps été insipide cette saison mais a livré une belle prestation au premier match et devrait donc être reconduit. Côté France, le mystère perdure en attaque pour savoir qui accompagnera Ribéry. De retour à l'entraînement, Henry semble opérationnel et devrait donc être titulaire en pointe. Reste Benzema et Anelka pour une place. Un trio flamboyant sur le papier mais dont deux des trois précités ont peiné devant les Roumains.

Banc : Pays-Bas (6,5) - France (8/10)

Sans Van Persie ni Huntelaar incertains et sachant que Babel s'est blessé avant le tournoi, Van Basten aura moins d'armes offensives de rechange qu'à l'accoutumée. En défense, Melchiot est lui aussi incertain. Les réserves s'amenuisent mais Heitinga, Bouma et Engelaar défensivement, Vennegoor of Hesselink et van Persie (incertain) offensivement sont prêts à prendre le relais. Les réserves françaises semblent plus étendues, surtout offensivement. Avec Nasri, Govou, Gomis et Benzema ou Anelka en attaque, les options ne manquent pas. Le bas blesse peut-être plus en défense si Evra, Toulalan et Diarra sont titularisés. Les remplaçants seront alors Vieira (convalescent), Abidal, Sagnol (en méforme), Squillaci, Clerc et Boumsong.

Bilan : Pays-Bas (8/10) - France (8,1/10)

Un duel très serré en perspective entre deux formations au style à première vue opposé. A la rigueur de la défense française, rugueuse et bien ordonnée, répondront la vivacité et la virtuosité de l'attaque néerlandaise. La bataille du milieu pourrait s'avérer déterminante. Les Bleus espèreront que les Pays-Bas ne joueront pas trop sur la défensive pour pouvoir trouver la faille en contre-attaque.

Le match des déclarations

Raymond Domenech (sélectionneur de la France) : «Patrick Vieira est opérationnel. Il s'est entrainé hier, il a fait 45 minutes avant-hier. Comme les autres, il peut faire partie du onze de départ. Tous les joueurs sont aptes à jouer, soit dès le début du match, soit un bout de match, ou alors en fin de match. Je peux être honnête jusqu'à un certain niveau. Je fais des efforts surhumains depuis deux jours. L'équipe, vous la connaîtrez avant le match» .

Willy Sagnol (défenseur de la France) : «On sait très bien qu'on ne sera ni qualifiés ni éliminés après le match, quel que soit le score. On n'est pas en grand, grand danger. Une victoire contre la Roumanie aurait facilité les choses. Mais on commence à avoir l'habitude de départs un peu poussifs. Et puis, les Néerlandais et les Italiens vont devoir jouer contre la Roumanie maintenant. Je leur souhaite beaucoup de plaisir. A nous de relever la tête pour que les Français soient fiers de l'équipe de France.»

Marco Van Basten (sélectionneur des Pays-Bas) : «Pour être favori, il ne suffit pas d'être bon sur un match. Il faut maintenir le niveau. Ce que nous nous attacherons à faire contre la France. Les joueurs en sont capables. Mais les conclusions quant à notre statut de favori, on les tirera après.»

Ruud Van Nistelrooy (attaquant des Pays-Bas) : «Ce mélange de jeunesse et d'expérience au sein de l'équipe de France me paraît son meilleur atout. Quelle puissance chez les Bleus ! Quelle rapidité d'exécution ! L'explosion de talents dans la nouvelle génération de footballeurs français est réellement incroyable. Je suis impressionné par Karim Benzema. Il est impressionnant, j'insiste. Si j'étais le recruteur de n'importe quelle grande équipe au monde, j'aurais déjà engagé ce mec.»

Les équipes probables

Pays-Bas : Van der Sar - Ooijer, Mathijsen, Boulahrouz, Van Bronckhorst - De Jong, Sneijder, Engelaar, Van der Vaart, Kuyt (ou Robben) - Van Nistelrooy

France : Coupet - Sagnol (ou Diarra), Thuram, Gallas, Evra (ou Abidal) - Toulalan (ou Vieira), Makelele, Malouda, Ribéry - Benzema (ou Anelka ou Govou milieu droit), Henry

Une défaite serait la malvenue pour l'équipe de France vendredi soir à Berne contre les Pays-Bas car les Bleus n'auraient plus leur destin en main. Un résultat nul ne serait pas rédhibitoire, plus ou moins favorable selon le résultat dans l'autre match. Une victoire serait la bienvenue.