Auteur d'un triplé contre le Bayern la saison dernière, Roy Makaay a depuis rejoint ce club dans lequel il entend remplacer Elber parti à l'OL. Un OL à qui il a déjà fait des misères en marquant le but bavarois à Gerland. Portrait.

Un jeune buteur régulier

Au Bayern Munich, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on n'est pas rancunier. Roy Makaay peut en témoigner. Auteur d'un triplé à Munich la saison dernière en C1 pour son club du Depor, celui-ci avait précipité l'élimination des Bavarois au premier tour de cette Ligue des Champions. Après une saison tonitruante, le buteur a décidé de changer d'air et de poursuivre sa progression dans un club capable de remporter la coupe d'Europe. Pour cela, le Néerlandais a répondu aux avances du Bayern Munich, impressionné par le joueur de 28 ans depuis son passage au stade Olympique.

Avant la consécration individuelle sur le plan européen (le soulier d'or), Roy Makaay a connu une avancée constante qui a fait petit à petit de lui un buteur adroit et régulier. Repéré dès l'âge de dix ans dans le club de sa petite ville, le jeune Roy intègre dès 13 ans le centre de formation du Vitesse Arnhem, bon club de Première division néerlandaise. Poursuivant ses études en même temps qu'il progresse sur les terrains, il intrigue tout de même ses instructeurs par sa surprenante discrétion, préférant souvent les promenades solitaires aux fêtes avec les jeunes du centre. Doué des deux pieds et doté d'un bon jeu de tête, c'est sans surprise qu'il effectue, à 18 ans, ses premiers pas en première division. Charmé, son entraîneur l'aligne de plus en plus souvent: 11 fois la première saison. Auteur d'un but lors de celle-ci, c'est en fait la saison suivante que Makaay montre tout son talent. Avec un but tous les trois matchs (11 buts en 33 rencontres), il s'affirme déjà comme l'attaquant vedette du Vitesse. Confirmant rapidement son talent (30 buts en 65 matchs les deux saisons suivantes), le jeune homme est appelé pour la première fois en équipe des Pays-Bas pour affronter le Pays de Galles. Dans le même temps, commencent à s'aiguiser l'appétit de clubs étrangers. Sur le dossier depuis plusieurs mois, le Bétis Séville est proche de faire signer le grand attaquant (1m88), alors âgé de 23 ans, mais le transfert capote au dernier moment. Une mésaventure qui ne freine pas Makaay dans son envie de découvrir l'Espagne. Quelques jours plus tard, il s'engage avec Tenerife, modeste club des îles Canaries sur le déclin, pour un montant de 6 millions d'euros.

Il bat les records de Bébéto

Contraint de jouer le maintien, Makaay ne se prive pourtant pas pour briller. Avec 7 buts en 1996-97, il se fait connaître, surnageant dans une équipe qui évite tout juste la descente. L'année suivante, s'il double son compteur but, il ne peut empêcher la relégation de Tenerife, englué dans de gros problèmes financiers. Obligés de vendre pour survivre, les dirigeants s'entendent avec Augusto Cesar Lendoiro, le président de La Corogne, toujours à l'affût d'un bon coup. Celui-ci en fut un. Pour 8 millions d'euros, Makaay rejoint le Depor où il fait tout de suite parler la poudre: l'année du sacre galicien, il inscrit pas moins de 22 buts. En 2001-2002, victime d'une blessure, il subit en plus la loi de Diego Tristan (32 buts toutes compétitions confondues) mais parvient quand même, malgré son rôle de joker, à faire trembler les filets 12 fois en Liga. Loué par son entraîneur Irureta, qui le qualifie de "joueur exemplaire" pour son attitude, il n'est toutefois pas du genre à se contenter du banc. En début de saison dernière, Tristan blessé, il en profite pour s'imposer définitivement à la pointe de l'attaque galicienne: en 8 jours, il réalise deux doublés en championnat et un triplé au stade olympique de Munich (match dont il conservera le ballon). Personne ne l'arrêtera plus, la saison se finira avec 29 buts en championnat et 9 en Champion's League, effaçant au passage le nom de Bebeto du classement des buteurs du Depor.

En fin de saison, la récompense tombe: Makaay est élu Soulier d'Or européen, distinction récompensant le meilleur buteur du continent sur l'année. Une récompense logique que l'attaquant, altruiste, partagera avec ses coéquipiers, leur offrant à chacun un soulier d'or gravé de "Gracias, Roy Makaay". Au terme de cette aventure qui qualifia une nouvelle fois La Corogne en Ligue des Champions, Makaay fut envahi par les sollicitations des plus grands, notamment le Barça et... le Bayern Munich. Un club où voulait évoluer le joueur, même si l'idée de le déclarer ne lui a jamais traversé l'esprit, lui qui a tout le temps rappelé être encore lié au Depor pour deux ans. Finalement, après accords, désaccords, "mentis" et démentis, le transfert fut entendu pour une indemnité de 18,75 millions d'euros. Nouveau record pour le Bayern Munich.

Un record qui pèse lourd

Un record qui pèse encore lourd sur les épaules de Roy Makaay même si ses récentes performances ont fait taire les premières critiques de la presse. Arrivé en plus avec une condition physique loin d'être satisfaisante, il a mis plusieurs semaines à retrouver son vrai niveau. Un niveau dont il aura absolument besoin s'il veut réussir l'objectif que lui ont fixé tous les supporters bavarois: faire oublier Giovane Elber, parti à Lyon. Auteur donc de premiers matchs moyens, lourd dans ses déplacements, il ne fut pas celui qu'attendait ses coéquipiers et les supporters. Si Hitzfeld le défendait devant les critiques, lui donnant "un délai de grâce jusqu'à Noël", Kahn clamait pour sa part qu'"avec Makaay, le Bayern visait la victoire en C1", mettant au passage un peu plus de pression sur le dos de son nouveau coéquipier. 

En réponse, le Néerlandais fut loin de se dégonfler et, à force de travail, montra sa capacité à faire basculer un match. Si sa première réalisation (à Wolfsburg: 2-3) fut conclue par une défaite, ses trois autres buts en championnat furent bien plus précieux, permettant au Bayern de remonter au classement. En Champion's League, ses prestations furent précieuses. Face au Celtic (2-1), auteur d'un doublé, il fit pencher la balance du côté allemand, lui qui avait poussé le Bayern vers l'élimination la saison passée. Maintenant qu'il satisfait le public, il se doit de conquérir un entraîneur qui attend en fait encore plus de lui: "Il faut qu'il se montre, qu'il joue des une-deux aux moments opportuns. Il doit soigner la passe vers son coéquipier ou garder le ballon quand nous sommes sous pression. Marquer ne suffit pas." Marquer, un principe que le sélectionneur néerlandais aimerait bien voir appliqué par Makaay. En effet, le buteur connaît une réelle malchance avec son équipe nationale. Rarement titulaire à cause de la concurrence qui sévit à son poste (avec Kluivert, Van Nistelrooy, Bergkamp, Overmars et Van Hooijdonk), il n'a inscrit que deux buts en 23 sélections alors qu'en club il tourne plus près d'un but tous les deux matchs.

Alors qu'il avait poussé le Bayern vers la sortie de la Coupe d'Europe la saison dernière, Makaay aura cette année pour mission d'aider ce même club à remporter la coupe. Fort d'une grande expérience acquise dans tous les clubs où il est passé (et s'est imposé), il devra remplacer Giovane Elber qu'il retrouvera lors des matchs retour dans un stade Olympique qui sera très partagé entre son ancien et son nouveau chouchou.

Nom : Makaay
Prénom : Roy
Âge : 28 ans
Date de naissance : 3 mars 1975
Nationalité : Hollandaise
Taille : 1m88
Poids : 75kg
Poste : attaquant Club actuel : Bayern Munich (2003-?)
Clubs précédents : Vitesse Arnhem (1993-1997), Tenerife (1997-1999), Deportivo La Corogne (1999-2003).
Sélections : 23 avec les Pays-Bas A.
Palmarès : champion d'Espagne 2000, vainqueur de la Supercoupe d'Espagne 2002, meilleur buteur du championnat d'Espagne 2003, Soulier d'Or européen 2002-2003.