L'OM a ouvert le score. L'OM a joué à onze contre dix après l'expulsion de Charles Itandje. Et pourtant, Marseille n'est pas parvenu à se rendre le match facile face à des Lensois courageux. Sanction : un nul (1-1) pour son premier match en 2006. Pour le podium, il faudra attendre…

Les coulisses du match

L'OM y est presque. Presque à portée de son objectif initial en début de saison, être sur le podium de Ligue 1. Oubliée la défaite au Mans (3-0) qui avait littéralement mis en doute les capacités phocéennes à jouer le haut de tableau. Depuis, les Olympiens enchaînent les bons résultats et les victoires (deux succès consécutifs). Mieux certains éléments marseillais, dont le rendement inférieur à leur valeur supposée a très vite été montré du doigt, ont retrouvé leur standing, à l'image de Mamadou Niang qui reste sur une belle série de trois buts lors des trois derniers matchs de son équipe. Mieux, Marseille est redevenu maître chez lui avec notamment trois succès consécutifs sur ses terres. Une donnée intéressante alors que les Phocéens s'apprêtent à accueillir dans leur antre le dauphin lyonnais, le Racing Club de Lens. Tous les feux sont au vert, Marseille a les arguments pour faire un coup mais prudence, il faudra tout de même compter avec l'adversaire. Jean Fernandez : «Ce match est important car c'est le premier depuis la reprise et un match de reprise est toujours compliqué à jouer. De plus, Lens est une grosse équipe. Elle effectue un beau parcours, le Racing est deuxième du classement et qualifié en 16e de finale de la Coupe UEFA. Les Lensois sont bien en place aussi bien défensivement qu'offensivement et à part lors de la première journée ils n'ont pas perdu la moindre rencontre. Cela représente quand même une série de 18 matchs sans défaite !» confie-t-il sur le site officiel de l'OM. L'entraîneur marseillais pourra s'appuyer sur Fabien Barthez pour aider les siens à briser cette série, le portier international ayant été un temps incertain en raison d'une douleur à la cuisse, contractée lors d'un match amical face à Créteil. Habib Beye et Frédéric Déhu seront alignés en défense. Cana suspendu, Koke a finalement déclaré forfait tandis que Abdoulaye Meïté est de nouveau écarté du groupe.

2e de Ligue 1 au terme des matchs aller, Lens s'attaque directement à un gros morceau du championnat lors de la phase retour. Une entrée en matière délicate mais les Sang et Or ne devraient pas pour autant nourrir de complexes ou de avoir de grosses inquiétudes. Les Nordistes sont capables de battre n'importe quelle formation de L1 et à part Nantes (2-0) en début d'exercice, les Artésiens n'ont plus jamais baissé pavillon en compétition domestique. Deux statistiques plaident en faveur des hommes de Francis Gillot : bien évidemment cette incroyable série de 18 matchs sans la moindre défaite et l'habitude qu'ont les Lensois de déranger les cadors du championnat. Le Paris Saint-Germain, est bien placé pour en témoigner, battu 4-3 dans son jardin du Parc des Princes. Lens se déplacera en terre marseillaise sans Eric Carrière, convalescent après un claquage contractée en décembre dernier, sans Aruna Dindane, suspendu ni son stratège brésilien Jussiê, toujours en délicatesse avec un oeil blessé. Olivier Thomert, victime d'une gastro-entérite, sera lui en revanche bien présent dans les rangs artésiens. Si Lens, hermétique en défense (14 buts encaissés), prolifique devant le but (27 réalisations, 2e meilleure attaque de L1) a les arguments pour signer un 19e match sans défaite, personne du côté artésien n'occulte le fait que l'OM évolue à domicile. Daniel Cousin : «Dans cette rencontre, l'OM jouera devant son public et c'est eux qui seront favoris. Au classement, les Olympiens ne sont pas très loin de nous (1 point). Il faudra venir ici avec un gros mental car jouer au Vélodrome n'est jamais facile. Ils ont également de grosses individualités. A nous d'être agressif dans le bon sens si l'on veut repartir avec les trois points» déclare le meilleur buteur du Racing (8 buts) sur le site officiel de l'OM. Avec une unité d'avance sur son adversaire d'un soir et la meute de poursuivants (Auxerre, Bordeaux, Paris, Monaco et donc Marseille) prêts à fondre sur lui en cas de faux pas, Lens n'a pas le droit à l'erreur au Vélodrome.

Les moments-clés de la rencontre

- L'OM ouvre le score dans ce match. Corner tiré à droite par Samir Nasri qui trouve Habib Beye au premier poteau. L'international sénégalais reprend le ballon d'une magnifique volée du pied droit. Un geste somptueux, le ballon s'en va mourir en lucarne, Charles Itandje est battu et le match est lancé (4', 1-0).

- Lens réagit par l'intermédiaire de son duo d'attaque Daniel Cousin – Pierre Alain Frau. Le premier adresse un centre aux 18 mètres côté droit, pas loin de l'entrée de la surface de réparation phocéenne pour le second. L'ancien Lyonnais reprend le ballon de la tête. C'est au dessus mais Fabien Barthez semblait battu (7').

- Nouvelle attaque lensoise. Diarra, aux vingt cinq mètres plein axe, trouve Jemaa. L'international tunisien adresse un centre fort en direction du but de Fabien Barthez. Le portier international plonge et dégage des poings ce ballon chaud alors que Daniel Cousin était déjà prêt à intervenir (27').

- ENORME occasion manquée pour l'OM. A la suite d'un corner lensois, Hilton et Wilson Oruma se disputent la récupération du ballon. Le Nigérian profite d'un contre favorable sur le Brésilien et file au but. Au bout de sa course – de près de 45 mètres environ – Oruma bute sur Charles Itandje, bien sorti à sa rencontre (29').

- Itandje encore et toujours. Bien servi par Mamadou Niang, plein axe, à l'entrée de la surface de réparation lensoise, José Delfim tente sa chance. Son tir est détourné par Assou-Ekotto et Itandje finit par stopper cette tentative marseillaise (38').

- LE tournant du match. A la suite d'un acte d'anti-jeu de Charles Itandje, Franck Ribéry et le gardien lensois se chamaillent et en viennent aux mains. Aux provocations de Ribéry, Itandje ne trouve rien de mieux que lui asséner un coup de coude. Carton jaune pour le Marseillais et expulsion logique pour le Nordiste (44').

- Mamadou Niang se crée une belle opportunité. L'attaquant sénégalais hérite d'un ballon aux vingt mètres plein axe. Il fixe Benoît Assou-Ekotto, se met sur son pied droit et décoche une frappe enroulée qui, bien qu'hors-cadre, a laissé un Sébastien Chabbert complètement battu scotché à sa ligne de but.

- Egalisation lensoise. A force de subir la domination nordiste, Marseille s'est fait rejoindre au score. Corner tiré à gauche par Pierre-Alain Frau. Alou Diarra, au second poteau, dévie le ballon de la tête pour… Hilton qui, à bout portant, trompe Fabien Barthez du pied droit (77', 1-1).

- Dernière occasion de la partie. Elle est phocéenne. Niang, à l'entrée de la surface de réparation lensoise, se retrouve face à Coulibaly. L'international sénégalais l'élimine d'un contrôle pivotant et frappe aussitôt du gauche. C'est fort mais ce n'est pas cadré (82').

L'OM n'arrive pas à passer la seconde

Tout avait bien commencé pourtant. Avec une organisation tactique très offensive avec Oruma en meneur de jeu, Ribéry sur le flanc gauche, Nasri dans le couloir droit, le tout afin d'alimenter le seul Niang en pointe, l'OM prenait le parti de jouer haut, vite et de manière à empêcher les Nordistes d'imposer leur rythme. Marseille a vite ouvert la marque mais cette prise de pouvoir au tableau d'affichage a finalement plus desservi les Phocéens qu'elle ne les a libérés. Même en supériorité numérique après l'exclusion d'Itandje, l'OM a subi la domination territoriale de son adversaire sans profiter d'un contexte favorable et sans appuyer sur l'accélérateur. Certes, les Marseillais se sont crées les situations les plus franches. Mais les hommes de Jean Fernandez ont perdu ce soir deux points pour ne pas avoir été plus audacieux lors de cette rencontre.

Finalement, c'est le bloc phocéen dans son ensemble qui n'a pas su évoluer tactiquement afin d'éviter l'égalisation lensoise. Certes, la défense olympienne n'a pas eu beaucoup de travail au cours de la partie mais celle-ci a manqué de concentration et de tranchant en fin de match… période du but nordiste. Frédéric Déhu a montré beaucoup d'autorité et a livré un match propre sans déchets techniques. Bien supplée par César, un peu trop nerveux en fin de partie et logiquement averti. Fabien Barthez a été à la hauteur de l'événement. Excellent match d'Habib Beye sur le plan défensif. Auteur d'un joli but, son premier de la saison en Ligue 1. Le portier international n'a pas vraiment été inquiété mais il a quand même du s'incliner sur le but artésien. Au milieu, belle prestation du milieu de terrain phocéen. Jean Fernandez avait choisi d'aligner un quatuor offensif mêlant percussion, vitesse et puissance. Wilson Oruma y a semblé à son aise de même que Franck Ribéry, un des meilleurs olympiens (comme d'habitude !). Son geste d'humeur envers Itandje n'était néanmoins pas nécessaire. Samir Nasri est monté en puissance au fil des minutes, résistant bien au défi physique nordiste. Pas toujours heureux en revanche dans ses ouvertures. Avec une telle animation offensive, l'entrejeu phocéen a vite souffert numériquement dans la conquête du ballon, malgré le savoir-faire de Sabri Lamouchi – moins en vue que lors des précédents matchs marseillais - et l'envie de José Delfim, très bon face aux Lensois. Quant à Mamadou Niang, il avait à coeur de scorer encore un but avant son départ pour la CAN. L'international sénégalais a tenté, couru, donné, subi des fautes. En vain. Pas de but en définitive mais une très jolie prestation en revanche.

Lens a du coeur

Cueillis à froid, les Artésiens ont eu le mérite de ne pas abandonner. Pourtant le cours de la rencontre leur a été souvent négatif. En début de première période, le Racing perdait Thomert, trop affaibli par sa gastro-entérite. Et au terme des 45 premières minutes, les Sang et Or voyaient Charles Itandje rejoindre plus vite que les autres les vestiaires lensois. Pourtant, alors que tous les malheurs semblaient décidés à s'abattre sur les épaules nordistes, le Racing a tenu bon. Mieux, Lens a pris le jeu à son compte. Les Nordistes ont cherché à déstabiliser un bloc phocéen confiant mais moins tranchant dans la récupération du ballon. Une fois l'arrière-garde lensoise entrée dans son match, une fois que Jemaa s'est mis au diapason de ses partenaires, les Artésiens ont véritablement poussé malgré le peu d'occasions franches obtenues dans la partie. Et finalement il y a eu une justice dans cette rencontre. C'est également par un coup de pied arrêté que les Lensois ont arraché le point du nul au Vélodrome.

Ah, Charles Itandje ! Le portier lensois, surpris comme ses partenaires sur le but de Beye, a pourtant répondu présent ensuite sur les tentatives marseillaises. Le contexte du match (en jeu, la place de dauphin de l'OL) a probablement fait péter les plombs au jeune gardien de but du RC Lens, expulsé après en être venu aux mains avec Franck Ribéry. La défense à cinq mise en place par Francis Gillot, témoin d'une certaine prudence de la part du coach nordiste a été un échec. Au départ du moins. Les latéraux Demont et Assou-Ekotto ont souvent été pris à défaut, les attaques phocéennes étant amorcées le plus souvent dans leur dos. Mais les deux joueurs de couloirs se sont bien repris, multipliant les appels et apportant toujours un surnombre intéressant aux Sang et Or. Du coup, la sérénité a retrouvé les esprits du trio axial Coulibaly-Gillet-Hilton. Mieux, à la sortie de l'ancien Nantais, la défense lensoise a paru plus solide, un constat probablement dû au fait qu'elle est retrouvée, par la même occasion, sa charnière centrale habituelle. Mention spéciale pour Hilton qui a tout vécu dans cette partie: le défenseur auriverde a manqué de donner une balle de but à Oruma et a finalement offert le point du nul aux siens. L'absence au milieu de terrain d'un Jussiê ou un Aruna Dindane s'est fait sentir, le Racing souffrant d'un manque de créativité dans les derniers mètres. Thomert trop vite out, Keita et Diarra se sont évertués à prendre le jeu à leur compte. L'international français a donné, beaucoup donné et a été récompensé en donnant le but de l'égalisation au Brésilien Hilton. Jemaa a, certes, mis une dizaine de minutes à entrer dans son match mais une fois dedans, l'international tunisien n'a pas déçu. Sa vivacité, sa prise de risques et son jeu vers l'avant ont contribué à la domination lensoise. En revanche, le duo d'attaque Cousin-Frau n'a pas brillé. Le deuxième meilleur buteur de L1 n'a pas frappé une seule fois au but, faute de ballons exploitables. Le second est beaucoup redescendu au milieu de terrain afin de participer à la construction du jeu et n'a pas eu une foule d'occasions.

Les réactions

Habib Beye, défenseur de l'OM : «Il fallait continuer à jouer. Au final, ce sont eux qui nous ont mis la pression. On est jamais à l'abri d'un but sur coup de pied arrêté. Ce soir, on a peut-être manqué d'ambition» .

Francis Gillot, entraîneur du RC Lens : «On a pris un but dans un moment d'inattention. Dans le jeu, on a répondu présent ? J'ai toujours dit qu'il pouvait se passer quelque chose dans ce match. Et je suis très content de cette égalisation. Mon équipe la méritait» .

Finalement, Phocéens et Artésiens se quittent dos à dos. L'OM, qui reste à la 7e place (32 unités), pourra nourrir beaucoup de regrets au vu de sa prestation et voir les efforts qu'ils restent encore à accomplir pour atteindre le podium. En face, Lens a souffert, Lens n'est plus dauphin mais a tenu malgré quelques vents défavorables. Le Racing, désormais 3e (33 points), accueillera Nancy mercredi prochain. Marseille, en revanche, aura un déplacement compliqué à gérer sur la pelouse de l'actuel leader de L1, l'Olympique Lyonnais.

Marseille – Lens : 1-1 (1-0)
Stade : Vélodrome
Arbitre : Mr Colombo
Spectateurs : 48 000
Buts : Beye (3’), Hilton (77’)
Avertissements : Ribéry (44’), César (84’) – Diarra (23’)
Expulsion : Itandje (44’)

Les équipes :

Marseille : Barthez – Beye, César, Déhu, Taiwo – Lamouchi (Gimenez, 78’), Delfim, Ribéry, Oruma, Nasri – Niang.
Lens : Itandje – Demont, Coulibaly, Hilton, Gillet (Chabbert, 45’), Assou-Ekkoto – Diarra, Keita, Thomert (Jemaa, 19’) – Frau (Barul, 88’), Cousin.