Arrivé sur la pointe des pieds à l'OM, Brahim Hemdani a finalement fait son trou au sein du club olympien. Au point d'acquérir le rôle de joueur-clé dans l'esprit d'Alain Perrin, notamment grâce à sa très grande polyvalence. Portrait d'un discret ambitieux.

Formé à Cannes avec Vieira

A la Commanderie, il y a deux ans, la star ce n'était pas Brahim Hemdani. Ce n'était pas à lui qu'on venait demander des autographes. Aujourd'hui, ça a un peu changé. On le connaît bien plus, on l'entend plus, on le voit plus. Brahim Hemdani s'est imposé dans le collectif de l'Olympique de Marseille. Et s'il ne dispose pas de poste bien précis dans le onze d'Alain Perrin, l'Algérien de 25 ans n'en est pas pour autant devenu une pièce importante. Il y a deux ans, rares auraient été ceux qui auraient parié ça.

Né à Colombes, en région parisienne (!), Hemdani a tapé, comme souvent, ses premiers ballons au club de foot municipal. Au cours d'un tournoi dans le sud de la France, il est repéré par des recruteurs de l'AS Cannes. Après quelques discussions familiales, le jeune Brahim intègre un des centres de formation le plus renommé de France, celui qui a déjà formé Zidane et Micoud. Dans sa promotion, il retrouve notamment Vieira, Zebina et Frey. Avec eux, il découvre la Première Division, disputant son premier match  à l'automne 97 contre Montpellier (1-0). Finalement relégué, il joue en D2 mais n'y dispute que sept matchs: pour tenir financièrement, son club cède aux avances de Strasbourg, qui fait depuis plusieurs mois la cour au jeune milieu de terrain. Transféré à l'hiver, Hemdani s'intègre au collectif alsacien au sein duquel il dispute pas moins de 53 rencontres en deux ans. C'est là que Roland Courbis, alors entraîneur de l'OM, le découvre et s'intéresse à lui. Si les négociations commencent durant l'été, c'est au mercato hivernale qu'il s'engage pour cinq ans avec le club olympien.

Il résiste à Tapie

Finissant sa première saison avec huit matchs sous le maillot marseillais, il s'impose doucement dans le système de Courbis. Un système qui fera faillite durant l'automne suivant, provoquant la démission de l'entraîneur après une défaite contre la Lazio (0-2). Les entraîneurs se succèdent alors à grande vitesse jusqu'au retour de Bernard Tapie. Le nouveau président fait alors le ménage : "Il voulait se débarrasser de toute l'époque antérieure pour faire jouer ce qu'il avait choisis. Il ne laissait le pouvoir à personne. Je le revois dans le vestiaire donner les consignes d'avant-match après avoir écrit le nom des titulaires au tableau" se rappelle Hemdani dans L'Equipe. Écarté du groupe à l'hiver 2002, la frustration fait son apparition. "S'entraîner toute la semaine en sachant ce qui va se passer et que tu ne seras jamais retenu le week-end, plus jamais ça. Je me suis pourtant accroché, j'ai toujours fait consciencieusement mon travail" poursuit-il. Clôturant la saison avec onze matchs, Hemdani attend le départ -inéluctable- de Tapie pour relancer sa carrière. Une relance que lui offrira Alain Perrin, tout juste débarqué de Troyes. Rapidement conquis par ses qualités, le technicien lui fait confiance et lui offre le couloir droit de sa défense à cinq. Depuis ce jour-là, il n'a quasiment plus quitté l'équipe. Avec 35 matchs en 2002-2003, il a largement participé au renouveau marseillais, l'OM accédant à la Ligue des Champions, compétition découverte depuis, avec notamment un match au Stade Santiago Barnabeu de Madrid.

La polyvalence par excellence

Sous le commandement d'Alain Perrin, Brahim Hemdani s'est révélé et a changé. De nature très discrète, il a pris l'habitude de s'investir plus et réclame même des responsabilités. "Avant je ne l'entendais jamais mais cette année il demande à s'investir et n'hésite pas à donner son avis" reconnait son coéquipier Van Buyten. Un coéquipier avec lequel Hemdani a joué en défense centrale lors de l'ouverture du présent championnat (contre Guingamp, 1-0). Une reconversion éphémère qui ne gène en rien le joueur qui affirme haut et fort "vouloir jouer, et c'est tout !" Fort d'une extraordinaire facultée d'adaptation, il se propose ainsi de jouer à tous les postes, "même gardien" d'après lui. Cette saison, il a donc évolué à droite, à gauche et au centre de la défense, ainsi qu'à la récupération. Son entraîneur le reconnait: "il a été mis à toutes les sauces et on a pu voir son gros volume de jeu. Il possède la capacité athlétique pour faire les efforts, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il produise cette qualité de jeu aussi régulièrement." Aujourd'hui, sa polyvalence est un atout majeur et si le poste de milieu défensif reste son poste de prédilection, l'idée de réclamer ne lui a jamais traversé l'esprit. Conscient de la chance qu'il a, Hemdani sait aussi ce qu'il vaut et ne manque pas d'ambition. Un exemple ? Contacté par la fédération algérienne, il a préféré décliner l'invitation, pour ne pas perdre ses chances... en équipe de France. Il n'oublie pourtant pas son pays d'origine. N'hésitant pas à traverser la Méditerranée après le tremblement de terre de l'été, il est depuis devenu le parrain d'un opération "Solidarité avec l'Algérie" ainsi que l'initiateur d'un projet d'aide aux enfants du Rwanda.

Malgré les crises internes à l'OM, Brahim Hemdani a fait son trou grâce notamment à sa grande polyvalence, à sa modestie et à sa discrétion. Ne possédant pas de place fixe dans le système de Perrin, il pourrait faire les frais de cette polyvalence lors de certains matchs, mais la répétition de ceci lui sera à coup sûr favorable, lui qui déclare que "jouer tous les trois jours, ça rend boulimique".

Nom : Hemdani
Prénom : Brahim
Âge : 25 ans
Date de naissance : 15 mars 1998, à Colombes (92)
Nationalité : Franco-Algérienne
Taille : 1m80
Poids : 70kg
Poste : défenseur ou milieu de terrain
Club actuel : Olympique de Marseille (janv. 2000-?)
Clubs précédents : AS Cannes (1997-déc. 1998), RC Strasbourg (déc. 1998-janv. 2000)
Sélections : néant.
Palmarès : néant.