Belle performance de la lanterne rouge du championnat, Istres qui a tenu la dragée haute aux Marseillais, qui plus est au Vélodrome (1-1). Loin de se laisser impressionner, les hommes de Xavier Gravelaine ont réalisé une belle partie, démontrant ainsi qu'ils n'avaient pas perdu espoir dans la course au maintien.

Les enjeux de la rencontre

Double objectif pour les Marseillais. Ne pas laisser s'échapper définitivement les Lyonnais, vainqueurs de Saint-Etienne (3-2) et qui possèdent désormais neuf points d'avance sur les Phocéens. Mais également conserver cette deuxième place au classement, synonyme de Ligue des champions. Car à l'autre bout de l'Hexagone, Lille, les jambes peut-être un peu lourdes après sa victoire en Coupe de l'UEFA face à Bâle, jeudi dernier (2-0), a perdu deux points précieux en concédant le match nul face à Rennes (0-0). La victoire est donc impérative d'autant plus que les Olympiens se présentent comme les grands favoris de la rencontre face à la lanterne rouge de Ligue 1. «C'est le match que tout le monde nous voit gagner tranquillement alors que nous savons très bien que ce sera une rencontre difficile» prévient ainsi Bruno Cheyrou sur le site officiel du club, relayé aussitôt par Habib Bamogo. «La logique voudrait que l'on s'impose largement mais je pense que c'est une partie à ne pas prendre à la légère» . Un match à prendre donc au sérieux mais auquel ne participeront pas Fiorèse (mollet) et N'Diaye (convalescent) ni la nouvelle recrue Nakata, toujours pas qualifié.

Qu'a-t-on à perdre côté istréen ? Le derby semble déjà promis aux Phocéens, les trois points acquis aux hommes de Philippe Troussier. Mais la faveur des pronostics ne fait pas la victoire sur le terrain et les Istréens le savent bien. Car auréolés d'une jolie victoire face aux Auxerrois lors de la 26ème journée (1-0), les hommes de Xavier Gravelaine savent qu'ils sont capables de réaliser un «coup» sur n'importe quel match. Certes la tâche est difficile et l'obstacle difficilement surmontable. Mais les Marseillais l'avouent eux-mêmes, l'équipe qui recevait l'OM au match-aller (0-2) n'est aujourd'hui plus la même. De nouveaux joueurs, un nouvel entraîneur, Xavier Gravelaine (un temps Marseillais), un état d'esprit plus conquérant, les Istréens n'ont pas baissé les bras et, contrairement au match-aller, ne comptent pas laisser les Olympiens faire tourner la balle en se contentant de les admirer. «On les avait regardés jouer en leur demandant d'échanger les maillots avant le coup d'envoi» se souvient ainsi Xavier Gravelaine. Reste que le co-entraîneur istréen devra faire sans Savry (reprise), Ilic (genou) et Mohellebi (gastro-entérite) pour son déplacement au Vélodrome.

Les faits marquants de la rencontre

- Le Vélodrome frissonne ! Pas seulement à cause de la température hivernale mais également à cause des Istréens qui ont bien failli ouvrir le score. N'Diaye accélère côté gauche puis centre pour Saïfi qui reprend la balle de la tête. Sa reprise frôle la lucarne gauche de Barthez (23').

- Ouverture du score istréenne ! Moussa N'Diaye récupère le ballon à l'extérieur de la surface. Après un contrôle orienté du gauche, il enchaîne une frappe du droit qui se loge au ras du poteau droit de Barthez, impuissant malgré un beau plongeon (1-0, 48').

- La réaction marseillaise ! Hemdani sur le côté droit centre pour Batlles dans l'axe, à l'entrée de la surface. Le Phocéen reprend de demi-volée et son tir, légèrement détourné, prend le chemin des filets de Weber, lobé (1-1, 55'). Quel but !

- Grosse domination territoriale marseillaise mais attention aux contres istréens. Lancé par Courtois dans le dos de la défense olympienne, Montano se retrouve seul devant Fabien Barthez. Mais le portier marseillais a bien anticipé et récupère le ballon avant l'attaquant istréen (89').

La prestation de l'OM

Pression de l'enjeu, pression du Vélodrome, pression du favori, l'Olympique de Marseille n'a pas réalisé une prestation qui restera dans les annales. Bien pris par leurs adversaires en première période, ils ont paru avoir du mal à prendre à revers le bloc istréen. Timides, peu inspirés, les Phocéens sont repartis dans les vestiaires sous les sifflets conscients qu'ils n'avaient pas réalisé une première période digne de leur rang. Etouffés ou du moins dépassés par les initiatives et surtout l'envie adverses, il a fallu qu'ils soient dos au mur pour que les Marseillais montrent enfin un visage plus attrayant. Obligés de se découvrir après l'ouverture du score, ils sont vite revenus grâce à la patte de Laurent Batlles véritable spécialiste des retours et sauvetages en tout genre cette saison. Intensifiant la pression sur les buts istréens par la suite, monopolisant le ballon, les hommes de Philippe Troussier n'ont cependant pas fait le siège des buts de Weber, permettant ainsi à leurs adversaires de reprendre du poil de la bête et de se montrer dangereux jusqu'au bout. Peut-être fatigué, manquant visiblement d'agressivité, l'Olympique de Marseille perd deux points précieux dans la course au titre face à une équipe istréenne qui a bien joué le coup.

Sans avoir eu grand-chose à faire, Fabien Barthez doit s'incliner sur le missile de Moussa N'Diaye sur lequel il ne peut faire beaucoup plus. Il s'est ensuite montré rassurant, sortant de ses buts à bon escient et parlant beaucoup à sa défense. Celle-ci s'est montrée solide, bien en place mais on peut toutefois regretter la nervosité de Méïté dont le jeu parfois un peu dur pourrait lui jouer des tours. Au milieu de terrain, les rentrées de Samir Nasri mais aussi de Brahim Hemdani ont beaucoup apporté aux Marseillais. Le petit meneur de jeu, grand espoir du football français, sans être éclatant, a toutefois apporté de la mobilité au milieu de terrain phocéen, tout comme son compère Hemdani. L'entrée de celui-ci à la mi-temps a coïncidé avec l'amélioration du jeu marseillais. Il ne faut pas oublier non plus Benoît Pedretti dont l'apport s'est surtout fait sentir en fin de match où l'international a pris ses responsabilités et a récupéré beaucoup de ballons. On doit également souligner l'apport offensif de Laurent Batlles que peuvent remercier une nouvelle fois ses coéquipiers. Auteur d'un très joli but (son 6ème de la saison), il permet à son équipe de revenir à la marque. Son efficacité tranche avec celle des attaquants qu'on a finalement très peu vus. Que ce soit Péguy Luyindula, sevré de ballons et donc en difficulté pour se créer des occasions dangereuses ou Habib Bamogo, les flèches olympiennes n'ont pas atteint leur cible.

La prestation d'Istres

Loin de regarder jouer leurs adversaires, les Istréens ont pris la rencontre par le bon bout. Bien organisée, la formation de Xavier Gravelaine et Jean-Louis Gasset, a proposé aux Marseillais un bloc solide, difficile à faire bouger et à contourner. Mais mieux qu'une formation totalement tournée vers la défensive, Istres a su créer du jeu, notamment en première mi-temps où elle s'est créé les situations les plus dangereuses. Le discours à la pause ayant été clair, les Istréens ont débuté la seconde mi-temps comme ils avaient terminé la première, pied au plancher. Récompensés de leur débauche d'énergie par un superbe but de N'Diaye ils ont ensuite subi la domination marseillaise qui a conduit au but de Batlles le sauveur. Mais dominer n'est pas gagner d'autant que les Marseillais ne sont pas parvenus à se créer le nombre d'occasions franches auxquelles ont auraient pu s'attendre. Toujours volontaires, très solides en défense, les istréens n'ont pas plié, profitant même de quelques belles situations de contre.

Titularisé à la dernière minute, Laurent Weber a bien tenu sa place dans les cages istréenne. Impuissant sur le but marseillais, il n'a pas eu beaucoup de travail par la suite mais l'a bien fait. Sa défense mérite, elle aussi, quelques compliments. Elle a réussi à contenir les assauts (timides) des Olympiens notamment grâce à un Sébastien Pérez très solide et un Brahim Thiam qui a repoussé bon nombre des attaques adverses. Les milieux de terrains istréens ont eux aussi bien tenu leur place, encerclant notamment les Phocéens en première période et empêchant ceux-ci de développer correctement leur jeu. A noter donc la belle performance d'Abdoulaye Diagne-Faye, buteur de la soirée mais également performant dans le jeu. Enfin, en attaque, Ibrahima Bakayoko n'aura pas réussi à marquer pour son retour au Vélodrome malgré quelques tentatives. Entré après l'heure de jeu, Laurent Courtois a réussi une belle demi-heure, souvent impliqué dans les contre-attaques istréennes. Sa volonté et son envie n'auront pas été récompensées mais sa performance a été d'un bon niveau. Victor Hugo Montano n'aura pas, quant à lui, permis à son équipe d'écrire l'une des plus belles pages de son histoire même s'il a su montrer sa vitesse dans le quart d'heure où il a évolué sur le terrain.

Le vainqueur de la 27ème journée est… Lyon ! Comptant désormais huit points d'avance sur son dauphin, Marseille (48 points), l'Olympique Lyonnais profite de la «contre-performance» de son homonyme marseillais mais également des autres équipes de tête pour prendre une option de plus en plus solide sur le titre. L'OM de son côté ne profite pas du statu quo derrière lui et pourrait bien regretter ces deux points perdus à domicile, le titre semblant désormais un objectif difficile à atteindre. Côté istréen, après quatre points pris face à Auxerre et Marseille, on souffle un peu avant de retrouver Bordeaux et Lyon même si on aimerait laisser la lanterne rouge à une autre formation…

Lille piétine à son tour

Auxerre-Toulouse et Sochaux-Metz ayant été annulés pour cause de terrains impraticables, un seule rencontre concernant les clubs européens restait à jouer en fin d'après-midi. Lille accueillait Rennes avec la volonté de surfer sur la vague de son succès en UEFA face à Bâle (2-0) pour repartir en championnat où les Dogues restaient sur quatre matches nuls consécutifs. Les hommes de Claude Puel, même fatigués par leur joute européenne pouvaient de plus compter sur le manque d'efficacité des Bretons, plus mauvaise équipe à l'extérieur avec seulement trois petits points pris depuis le début de la saison. Et malgré un terrain à la limite du praticable, les deux formations se sont lancées dans la bataille, prodiguant toutefois un jeu fait d'approximations et d'erreurs techniques. Pas de quoi les blâmer cependant tant les conditions de jeu semblaient loin d'être idéales.

Privés de cinq de leurs titulaires (Tafforeau, Chalmé, Acimovic, Dumont et Debuchy) ménagés par l'entraîneur nordiste, les Lillois prenaient toutefois l'ascendant sur le jeu aux alentours de la demi-heure de jeu, après une longue période d'observation. Sur un corner de Landrin, Moussilou, dans la confusion, frappait au but, son tir trouvant toutefois le poteau d'Isaksson qui pouvait dégager du pied (27e). Les occasions étaient une denrée rare en cette première période, Matt Moussilou croyant toutefois à l'ouverture du score peu avant la mi-temps. Sur un coup-franc de Landrin, il profitait de l'alignement de la défense bretonne pour se trouver au point de penalty et tenter la frappe de l'intérieur du pied droit. Malheureusement pour le Dogue, le ballon filait à quelques centimètres du poteau droit du portier rennais, visiblement battu (42').

La deuxième mi-temps repartait sur le même rythme, Lille se contentant d'une domination stérile. Certes les Nordistes ont eu le pied sur le ballon mais n'ont pas su faire la différence, à l'image de cette dernière occasion à cinq minutes du terme de la rencontre où Isaksson sauve les siens de la défaite. Le portier suédois repoussait en effet un corner dangereux de Landrin puis réitérait l'exploit quelques secondes plus tard, s'interposant sur une tête de Bodmer consécutive à un corner de Brunel. Les deux équipes se séparaient sur ce score nul et vierge n'arrangeant personne. Les Rennais remontent à la 7ème place du classement alors que les Lillois continuent leur série de matches nuls, laissant filer un peu plus les Lyonnais…

La fiche technique

Marseille 1 – 1 Istres (0-0)
Au Stade Vélodrome
Arbitre : M. Bré

Buts : Batlles (55’) – N’Diaye (48’)
Avertissements : Pedretti (25’), Méïté (35’) - Thiam (10’), Saveljic (55’)

Les équipes :

Marseille : Barthez – Beye, Déhu, Olembé, Meïté – Eduardo Costa (Hemdani, 46’), Pedretti, Batlles, Cheyrou (Nasri, 35’)– Luyindula, Bamogo (Koke, 83’)

Istres : Weber – Pérez, Saveljic, Thiam, Diagne-Faye – Kacemi, Chedli, Delaye, Saïfi (Courtois, 62’)– Bakayoko (Montano, 75’), N’Diaye (Chaussidière, 67’)