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Iles Féroé - France, victoire obligatoire
Par Patrick Audouard - Equipe De France, Mise en ligne: le 07/09/2004 à 21h59
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Alors qu'elle ne dispute ce soir que son deuxième match des éliminatoires du mondial 2006, l'équipe de France a déjà la pression. Après un match nul décevant contre Israël samedi (0-0), elle doit impérativement gagner contre les îles Féroé pour se rassurer et pour rester dans la roue de l'Eire et de la Suisse. Ce match piège dans «l'île des moutons» pourrait d'ailleurs voir Raymond Domenech instaurer quelques changements chez les Bleus.

Les enjeux de la rencontre

Pour l'équipe de France, la donne est simple. Avec une unité, elle compte déjà deux points de retard sur ses principaux adversaires du groupe, la Suisse et l'Eire, vainqueurs tous les deux samedi. Il lui faut donc absolument battre les joueurs de cet archipel danois, qui viennent tout de même de prendre une raclée face aux Suisses (0-6). Autant dire qu'un autre résultat qu'une victoire ferait désordre de la part d'une équipe qui, même en manque de repères, a tout de même un potentiel toujours impressionnant, d'autant plus qu'elle ne compte, hormis David Trezeguet, aucun blessé majeur. Raymond Domenech, le sélectionneur de l'équipe de France, a fixé un objectif à ses troupes : Totaliser 10 points après les trois prochains matches (Féroé, Eire, Chypre), ce qui revient à les gagner tous les trois. Tout en soulignant néanmoins dans les colonnes de France Football que si l'Equipe de France n'y parvient pas, «ce ne sera pas une catastrophe». Autrement dit, la priorité de Domenech n'est pas comptable pour l'instant. L'ancien entraîneur des Espoirs cherche avant tout la bonne formule, celle qui permettra à l'équipe de France de redevenir une machine à gagner.

Le match contre Israël a déjà donné des garanties à Domenech sur plusieurs domaines primordiaux à ses yeux. En termes de combativité, d'envie et de solidité défensive, les Bleus semblent avoir rempli leur contrat samedi. S'ils n'ont jamais trouvé la faille, ce n'est pas faute d'avoir essayé contre des Israéliens très compacts. Ils ont eu le mérite de n'avoir jamais abdiqué, et n'ont de plus quasiment jamais été mis en danger. Mais pour gagner il faut marquer, ce que la France n'a réussi à faire qu'une fois contre la Bosnie avant de rester muette samedi. C'est donc au niveau de l'animation offensive qu'il faudra un progrès sensible. Une belle victoire avec des buts, même face aux îles Féroé, aurait comme vertu de redonner au jeu offensif tricolore un allant qui semble lui manquer depuis les matches préparatoires de l'Euro 2004. Les Bleus devront donc ce soir trouver un vrai fond de jeu, et faire preuve d'inventivité offensivement, s'ils ne veulent pas se casser les dents sur une défense qui sera sans aucun doute retranchée devant son but.

Mais pour qu'un jeu offensif soit efficace, il doit être pratiqué par des joueurs à l'état d'esprit irréprochable. A ce niveau, le match contre les îles Féroé apparaît comme un test parfait. Les Bleus devront se montrer concentrés et volontaires, malgré la modestie de l'adversaire. «C'est l'éternel problème du trente-deuxième de finale de la Coupe de France», résume Raymond Domenech à l'Equipe. Ses joueurs sont pour la plupart jeunes et sans réelle expérience internationale. Il faudra donc ne pas se laisser endormir par l'ambiance bon-enfant du petit stade de 7000 places de Thorshavn. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faudra pas prendre du plaisir. Les joueurs féringiens, eux, seront là pour ça. C'est par le terrain que l'équipe de France pourra retrouver l'osmose qui a permis toutes les victoires passées. En développant des automatismes, en misant sur le plaisir de jouer ensemble plus que sur l'envie de montrer sa capacité individuelle au sélectionneur. L'équipe de France doit tout simplement redevenir un bloc soudé. Un seul match contre les Féringiens ne pourra évidemment pas corriger d'un coup les défauts actuels des Bleus. Mais, dans un petit stade forcément moins capricieux que le Stade de France, les Bleus seront peut-être dans de meilleures dispositions pour se concentrer avant tout sur leur jeu et pour se libérer. A eux d'en profiter.

Les déclarations d'avant match

Raymond Domenech, sélectionneur de l'Equipe de France, dans l'Equipe : «Il faut redescendre sur terre. On n'est plus champions de rien, l'équipe est en reconstruction, nous n'avons plus les cadres qui jouent en ce moment dans tous les grands clubs européens. Je me bats depuis deux mois en répétant ça. Personne n'arrive à descendre de ce piédestal. Ne pas battre les Féroé, là oui, ce serait deux points de perdus.»

Henrik Larsen, sélectionneur féringien, dans France Football : «On ne croit pas à un miracle. J'espère un bon match, sympa, pour faire plaisir à notre public, qui va pouvoir apprécier des joueurs de grande classe. Jouer notre chance contre l'une des équipes les meilleures au monde et donner du plaisir […]. On va apprendre des choses. Et puis, il y aura le retour au Stade de France !»

Sébastien Squillaci, défenseur de l'équipe de France, dans Le Parisien : «La pression est la même que pour les autres matchs. C'est une rencontre très importante. Il faudra essayer de marquer rapidement pour se mettre à l'abri. Je pense que nous avons les qualités pour gagner là-bas. Même s'ils ont perdu 6-0 contre la Suisse, nous restons méfiants.»

Chiffres et Statistiques

La France doit se réveiller offensivement. Face à la Bosnie et à Israël, qui sont loin d'être des épouvantails, les Bleus n'ont inscrit qu'un petit but, par Peguy Luyindula contre les Bosniaques. De plus, ces deux matches se jouaient à domicile. Le réveil offensif des tricolores passe notamment par celui de Thierry Henry, qui n'a inscrit que deux buts lors des neuf derniers matches de l'équipe de France. En un seul match, contre la Suisse lors de l'Euro 2004…

Défensivement, les Bleus sont en progrès. Après avoir encaissé la ribambelle de cinq buts en quatre matches pendant l'Euro, ils n'ont encaissé qu'un but lors des deux dernières rencontres.

Les îles Féroé n'ont pu stopper leur série de défaites en matches officiels contre la Suisse. Sur leurs onze dernières rencontres en compétition internationale, les Féringiens comptent un petit match nul pour 10 défaites. Mais pas n'importe quel match nul, puisque c'était l'Ecosse qui s'était faite accrocher dans l'archipel (2-2) lors des éliminatoires pour l'Euro 2004.

L'option tactique

4-4-2 ou 3-5-2 ? Raymond Domenech a jonglé entre les deux organisations lors de ses deux premiers matches à la tête des Bleus, débutant à chaque fois les rencontres avec le deuxième. Et à ce jour, aucun des deux systèmes ne s'est avéré meilleur que l'autre. Si, contre la Bosnie, les Bleus ont semblé plus à leur aise avec un système à trois défenseurs, le match contre Israël a donné l'impression contraire. Raymond Domenech pourrait être tenté de commencer la rencontre en 4-4-2, système plus habituel pour l'immense majorité des joueurs, et qui semble plus correspondre à leurs qualités. Mendy et Evra semblent encore trop tendres pour animer et défendre à eux seuls les deux ailes tricolores, et Domenech ne dispose pas d'autres joueurs dans ce registre. Ils pourraient être titulaires mais dans un rôle de latéral plus classique. En défense centrale, Gallas semble une évidence, alors que Boumsong, Squillaci, Givet ou encore Abidal se disputeront la deuxième place. Patrick Vieira a paru enfermé dans un rôle purement défensif contre Israël, alors que ces percées rageuses peuvent apporter le danger devant le but. Claude Makélélé, peu à l'aise en ce moment sous le maillot bleu, pourrait faire les frais de cette méforme au profit d'un milieu défensif plus créatif. Benoît Pedretti serait en pôle pour remplir ce rôle, à moins que Domenech ne donne sa chance à Vikash Dhorasoo, ce qui semble peu probable, même s'il sera à coup sûr sur la feuille de match. Jérôme Rothen, quant à lui, n'a jamais été aussi efficace qu'avec un alter-ego sur le côté droit avec lequel il se partage la direction du jeu, et n'a pas pu faire preuve de ses énormes qualités de centreur en électron libre derrière les deux attaquants. Rothen pourrait payer son début de saison ratée au profit de Robert Pirès, un peu en froid avec Domenech, mais diaboliquement efficace avec Arsenal. Pirès a de plus l'avantage d'être très complice sur le terrain avec Thierry Henry. Le côté droit pourrait être animé par Ludovic Giuly. Les rentrées du Barcelonais et du Gunner en deuxième période contre Israël ont semble-t-il rendu les Français plus incisifs et plus dangereux. Enfin, en attaque, Thierry Henry pourrait être secondé par Peguy Luyindula, dont l'aisance technique et la conservation du ballon semblent être plus adaptées à une défense renforcée que la vitesse d'un Djibril Cissé. A moins que Domenech n'opte pour un losange offensif avec Henry seul en pointe, Pirès derrière lui, Rothen à gauche et Giuly à droite.

Les équipes possibles

Iles Féroé : Knudsen – Thorsteinsson, Johannesen, J-R. Jacobsen, Olsen – Borg, Johnsson, Benjaminsen, Jörgensen – Frederiksberg, Peterson

France : Coupet – Mendy (ou Gallas), Gallas (ou Givet), Squillaci, Evra – Giuly, Pedretti, Vieira, Pirès – Henry, Luyindula (ou Cissé)

L'équipe de France n'a donc pas le choix, elle doit impérativement l'emporter ce soir, Domenech le sait. Mais plus que la victoire, c'est la manière que retiendront les Français, qui n'ont pas l'intention de faire de cadeaux au nouveau sélectionneur des Bleus. La nouvelle équipe de France doit ainsi ce soir trouver les prémices d'une identité qui lui sera propre. Ce qui n'est pas une mince affaire...



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