A la veille de leur premier match des éliminatoires de la Coupe du Monde 2006, les Bleus se posent toujours des questions. Encore en construction, l'équipe de Raymond Domenech passera samedi, face à Israël, le premier vrai test de sa nouvelle aventure, un match déjà capital pour le devenir de l'équipe de France.

Oubliés Zidane, Desailly et autre Lizarazu ou Thuram, l'équipe de France a tourné la page. Arrivés lundi à Clairefontaine pour préparer le match de samedi face à Israël, les survivants de l'ère Jacquet se sont sentis seuls. Car des joueurs naguère champions de Monde et d'Europe, seuls Barthez, Vieira, Henry et Pirès portent encore la tunique bleue sous l'ère Domenech. Une situation particulière pour Thierry Henry qui avouait même que, ne plus voir les même têtes lui avait «fait bizarre» . Mais les «anciens» n'ont pas le temps de s'apitoyer sur leur sort et doivent se mettre au travail pour participer activement à la reconstruction de l'équipe de France. Et les choses sérieuses commencent dès samedi au Stade de France où les Bleus affronteront l'équipe d'Israël, formation sérieuse qui pourrait leur poser des problèmes et qui constitue donc le premier grand test des nouveaux Bleus.

Domenech impose sa loi et responsabilise les joueurs

Raymond Domenech n'est pas homme à se laisse marcher sur les pieds, qui plus est dans son rôle de sélectionneur de l'équipe de France. A la recherche d'une discipline nécessaire pour des Bleus qui semblent en avoir manqué depuis l'Euro 2000, l'ancien coach des Espoirs a tout de suite voulu mettre les points sur les «i» , ce qui n'a pas plu à tout le monde. Car sans s'exprimer ouvertement, les cadres de l'équipe de France ont montré certains signes d'agacement quant aux nouvelles règles imposées par le sélectionneur. Des règles pourtant «futiles» selon les propres mots de Raymond Domenech, parmi lesquelles le port obligatoire des protège-tibias lors des entraînements, auxquels il faudra d'ailleurs être ponctuel, l'interdiction des portables durant les massages ou encore la réunion commune lors du petit-déjeuner. Domenech s'étonnait même de «l'importance donnée à tout ça (…) C'est un cadre de vie pour que tout le monde fonctionne bien et que tout le monde sache que le projet, c'est d'aller en Coupe du monde et de la gagner» . Soucieux de ne pas créer de clash à quelques jours du décisif France-Israël, le sélectionneur a toutefois voulu mettre rapidement un terme à toute polémique, tout en rappelant que c'est bien lui qui tient les rênes. «Ce sont des futilités. Ce sont des choses naturelles et je n'ai pas l'impression que je fais un acte de dictature en les mettant en place. Cela a fait la une de la presse, mais il n'y a pas de problème et les joueurs eux-mêmes sont étonnés» estimait-il ainsi, «il n'y a pas de problèmes majeurs. Il y a de nouvelles règles et il faut les appliquer» . Le groupe avant tout, voilà la philosophie de Domenech. Des règles simples, assurant discipline et cohésion afin de créer un nouveau groupe solide et uni. Ce que veut le sélectionneur, c'est aussi une responsabilisation des joueurs. «Ils devront prouver à chaque match qu'ils méritent cette confiance. Je ne mourrai pas avec eux sur l'idée qu'ils seront bons dans cinq ans» tranche-t-il sans concession. Les choses ont le mérite d'être claires !

L'avènement de Vieira

Deschamps, Desailly, Zidane partis, le brassard de capitaine échoue presque naturellement au Gunner, Patrick Vieira. Qui de mieux que le milieu de terrain d'Arsenal pour assumer la lourde tâche du capitanat ? Un des meilleurs Bleus durant l'Euro 2004, Vieira, par son expérience, son volume de jeu et son poids dans le dispositif tricolore s'impose pour conduire les siens. Capitaine d'Arsenal, il a toutes les qualités pour s'imposer chez les Bleus. Lourd de responsabilité, c'est pourtant un poste qui lui convient parfaitement et où il espère pouvoir beaucoup apporter. «Je ne suis pas un capitaine qui parle énormément mais je vais accueillir les jeunes comme j'ai été accueilli quand j'ai débarqué chez les Bleus. (…) On doit tout faire pour que tout se passe bien» .

Raymond Domenech sait aussi que Patrick Vieira sera un soutien pour lui comme il l'a démontré lors de ce début de polémique entre le sélectionneur et les joueurs, rappelant les rôles de chacun. «Il faut s'adapter. D'ailleurs, en ce qui concerne les nouvelles règles de fonctionnement de l'équipe de France, les joueurs doivent s'y plier et laisser leurs états d'âmes de côté. L'objectif est clair : se qualifier pour la Coupe du monde 2006. Le coach gère. Nous, nous devons être performants sur le terrain» rappelait-il ainsi sans ménagement. A peine revenu de blessure, Patrick Vieira ne pourra certainement pas jouer durant toute la rencontre mais nul doute qu'il saura insuffler un état d'esprit conquérant à tout les «nouveaux» de l'équipe de France.

France-Israël, premier grand test

Quinze jours après France-Bosnie, premier match officiel de Raymond Domenech à la tête des Bleus, l'équipe de France a rendu son brouillon et doit maintenant se lancer dans le grand bain. Et si les joueurs, au sortir de cette première rencontre de l'ère Domenech, réclamaient du temps et de l'indulgence, la place n'est plus aux tergiversations. Face à la Bosnie, Raymond Domenech voulait tester les nombreuses combinaisons à sa disposition, mais face à Israël, le visage de l'équipe de France devrait être beaucoup moins expérimental, l'importance de ce premier match de qualification pour la Coupe du Monde 2006 l'obligeant à aligner une équipe compétitive où les «à peu-près» doivent être bannis. Certains éléments de l'équipe ont ainsi pâti de cette volonté de résultats immédiats. Nicolas Anelka, dont on avait évoqué le retour chez les Bleus, ne sera pas du voyage. Frau ou Govou n'ont pas su saisir leur chance. En revanche, certains joueurs font leur retour en sélection. Vikash Dhorasso revient après cinq ans d'absence, Ludovic Giuly pourra faire profiter l'équipe de France de sa belle forme barcelonaise, Claude Makelele et Louis Saha, non sélectionnés pour le match face à la Bosnie, font leur retour au sein de l'effectif tricolore.

Déjà adversaire des Bleus lors des éliminatoires pour l'Euro 2004, l'équipe d'Israël pourrait s'avérer être un sérieux adversaire pour l'équipe de Domenech. Largement battus à l'aller au stade de France (3-0), les hommes d'Avraham Grant avaient posé bien plus de problèmes aux hommes de Jacques Santini lors du match retour à Palerme (2-1). De quoi mettre en garde les Bleus nouvelle version et les enjoindre à prendre avec beaucoup de sérieux la rencontre de samedi. D'autant plus qu'affronter l'équipe israélienne lors des éliminatoires de Coupe du Monde pourrait rappeler quelques mauvais souvenirs à l'équipe de France. Battus 3 buts à 2 au Parc des Princes en octobre 1993, les Bleus de Gérard Houiller voyaient leurs espoirs de qualification pour la Coupe du Monde 1994, être réduits après ce match. Face à une équipe israélienne composée de pas moins de huit joueurs du Maccabi Haïfa et où seulement deux éléments évoluent à l'étranger, l'équipe de France part favorite mais devra rester sur ses gardes.

Les Bleus face à Israël

Les Bleus doivent se reconstruire sur des bases solides et bâtir une équipe stable, capable de renouer avec le succès. Et les chantiers sont nombreux. Le premier et le plus lourd d'entre eux est assurément le renouvellement de la défense bleue. Autrefois fleuron de la sélection nationale, la défense française a connu de grandes difficultés durant l'Euro 2004 (encaissant cinq buts en quatre matches). Le départ de Marcel Desailly n'arrange pas les choses. Et même s'il était en perte de vitesse, son expérience aurait pu apporter beaucoup à la future arrière-garde tricolore. Mais Domenech doit faire sans lui et a donc rappelé les éléments qui étaient alignés lors de France-Bosnie. Autour de William Gallas qui, malgré sa fraîche expérience internationale (21 sélections), apparaît comme le pilier de la défense française, Domenech a ainsi sélectionné trois éléments monégasques, Givet, Squillaci et Evra, Boumsong, Mendy et Abidal complétant la charnière défensive. Au milieu de terrain, pas de véritables surprises, si ce n'est le retour de Claude Makelele et de Vikash Dhorasoo, venu palier le forfait d'Alou Diarra, blessé. Jérôme Rothen, Benoît Pedretti et Robert Pirès restent ainsi à l'organisation du jeu. L'attaque sera quant à elle menée par l'insatiable Thierry Henry, privé de son compère David Trézéguet, lui aussi contraint à déclarer forfait pour cause de blessure. Louis Saha, Ludovic Giuly, Peguy Luyindula et Djibril Cissé viennent compléter cette ligne d'attaque qui ferait pâlir d'envie nombre de sélections nationales. Des joueurs en forme qui, on l'espère, brilleront également en équipe de France.

Deux principales options tactiques s'offrent enfin à Raymond Domenech. Deux options qu'il avait d'ailleurs testées lors de France Bosnie. La première mi-temps en 3-5-2 avait montré son efficacité et semblait avoir été bien plus efficace qu'un plus classique 4-4-3 où la défense était apparue, paradoxalement, plus fébrile. Cependant, Domenech ne veut pas rester figé dans une option tactique et veut que son équipe ait la faculté de s'adapter. «Je voulais juste que chacun soit capable de changer de schéma. Les joueurs doivent être capables de passer d'une organisation à trois derrière, à quatre, à cinq, à deux s'il le faut, à deux ou trois attaquants. Je vais essayer de mettre ça en place petit à petit, pour que les joueurs aient la mémoire de toutes les organisations. Ça demande beaucoup de matches de préparation. Le système dépend aussi de l'opposition» confiait-il ainsi au journal L'Equipe.

Les groupes :

France : Grégory Coupet (Lyon), Mickaël Landreau (Nantes) ; Eric Abidal (Lyon), J-Alain Boumsong (Glasgow Rangers), Patrice Evra (Monaco), William Gallas (Chelsea), Gaël Givet (Monaco), Bernard Mendy (Paris-SG), Sébastien Squillaci (Monaco) ; Vikash Dhorasoo (Milan AC), Claude Makelele (Chelsea), Benoît Pedretti (Marseille), Robert Pires (Arsenal), Jérôme Rothen (Paris-SG), Patrick Vieira (Arsenal) ; Djibril Cissé (Liverpool), Ludovic Giuly (FC Barcelone), Thierry Henry (Arsenal), Peguy Luyindula (Marseille), Louis Saha (Manchester United) ;

Israël : Nir Davidovitch (Maccabi Haïfa), Shavit Elimelech (Haopël Tel-Aviv) ; Alon Harazi (Maccabi Haïfa), Adoram Keisi (Maccabi Haïfa), Ariel Banado (Maccabi Haïfa), Ori Uzan (Maccabi Nataniah), Shimon Gershon (Hapoël Tel-Aviv), Igal Antebi (Hapoël Tel-Aviv), Tomer Haliva (Hapoël Bear Sheva), Gadi Bromer (Maccabi Tel-Aviv) ; Idan Tal (Maccabi Haïfa), Valeed Badeer (Maccabi Haïfa), Josef Abukasis (Ashdo), Michaël Zandberg (Maccabi Haïfa), Avishay Zano (Maccabi Haïfa), Guy Sarfati (Maccabi Nataniah) ; Pini Balili (Istanbulspor, Tur), Yossi Benayoun (Santander, Esp), Shay Holstman (Ashdod), Haim Revivo (Ashdod).

Retrouvez l'analyse du match France – Israël le 4 septembre au stade de France. La semaine prochaine, Maxifoot vous proposera la présentation du match Ile Féroé-France.