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Un nul et du travail
Par Marie Ange Kostoff - Equipe De France, Mise en ligne: le 19/08/2004 à 00h01
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La France n'a pas su se rassurer et s'imposer face à la Bosnie-Herzégovine face à laquelle elle a du concéder un match nul (1-1). Malgré un début de match tonitruant de la part des Français, les hommes de Domenech n'ont pas su concrétiser leurs nombreuses occasions et se sont vus rejoints par des bosniaques accrocheurs.

Un nul et du travail

Les données de la rencontre

Ce soir est le soir des premières. Premier match face à la Bosnie Herzégovine, et premier match officiel pour Raymond Domenech à la tête de l'équipe de France A. L'ancien sélectionneur des Espoirs officie désormais chez les «grands» et veut tout de suite marquer de son empreinte une équipe de France qu'il veut rajeunie, enthousiaste et mue par une fraîcheur qui a semblé lui manquer depuis deux ans. L'équipe de France avait certainement besoin d'un coup de jeune pour repartir du bon pied et bien c'est fait ! Car ce soir est également le premier match pour bon nombre de jeunes joueurs que le sélectionneur veut lancer dans le grand bain. Abidal, Evra, Givet, Squillaci, A. Diarra, Mavuba et Frau feront en effet leurs grands débuts en équipe de France A. A moins de trois semaines du premier match de qualification pour la Coupe du Monde 2006 face à Israël (le 4 septembre), Domenech veut tester ses joueurs, connaître les différentes combinaisons possibles et surtout voir la capacité de tous ces jeunes joueurs à gérer les rencontres internationales de très haut-niveau.

Autre inconnue, la capacité de cette nouvelle génération à prendre une relève glorieuse de la génération dorée qui les a précédés. La France est redescendue de son nuage et est redevenue une équipe qui doit faire ses preuves sur le terrain. Et comme l'avoue Domenech lui-même, les débuts risquent d'être difficile. «Pour moi non plus, tout ne va pas marcher immédiatement comme sur des roulettes. (...) Je sais qu'on va être critiqués, mais il faut construire, pour cela il faut tester plusieurs organisations» déclarait-il à France Football. D'autant plus que les Bleus devront faire sans certains cadres qui auraient pu guider cette jeune équipe. Sans Desailly, Lizarazu, Thuram et bien sûr Zidane partis à la retraite, la tâche sera ardue et la comparaison forcément difficile soutenir. Seuls Barthez, Pirès, Vieira (qui ne pourra pas jouer pour cause de blessure) et Henry seront ce soir sur le terrain. Peut-être de quoi compenser l'inexpérience des jeunes pousses !

Enfin, ce France-Bosnie est bien évidemment le premier match sans Zinedine Zidane qui a tourné la page bleue. Près d'une semaine après l'annonce que beaucoup redoutait, la France devra faire sans son n°10 (numéro qui ne sera d'ailleurs pas affecté durant les prochains mois). Et si au milieu de terrain, les solutions sont nombreuses, le départ du Madrilène laissera un énorme vide comblé en partie par une réorganisation tactique avec un milieu renforcé en 3-5-2.

Les Français retrouvent une vieille connaissance en la personne du sélectionneur bosniaque Blaz Sliskovic qui a passé plus de la moitié de sa carrière de joueur en France (Marseille, Lens, Mulhouse et Rennes). Il conduit une jeune équipe bosniaque passée de peu à côté d'une qualification pour l'Euro 2004 (match nul 1-1 face au Danemark alors qu'il lui fallait une victoire) mais qui espère confirmer sa belle forme depuis 2002 et obtenir «un résultat positif, c'est à dire ne pas perdre» .

Les meilleurs moments

- L'équipe de France débute la rencontre tambour-battant. A la 3ème minute, une petite minute après un coup-franc de Jérôme Rothen sur la droite de l'attaque française, Peggy Luyindula récupère la balla dans l'axe et s'infiltre dans la surface bosniaque. Heureusement pour les hommes de Sliskovic, Barbarez dégage les siens.

- Les Français poussent et multiplient les coups de pied arrêtés. A la 7ème minute, à droite, Rothen tire un coup-franc au premier poteau. Hasagic ne parvient pas à faire sa loi dans les airs et le ballon revient dans les pieds de Luyindula qui, en embuscade, envoie le ballon du pointu droit au fond des filets (1-0, 7'). Les Bleus nouvelle version commencent bien !

- Les Tricolores version Domenech ne se satisfont pas de ce score et continuent à pousser. Au quart d'heure de jeu, Rothen sert un nouveau coup-franc à William Gallas qui envoie le cuir vers la cage d'Hasagic d'une belle tête puissante. Malheureusement pour les Français, le ballon est capté par le gardien bosniaque (15').

- Le portier bosniaque a décidément beaucoup de travail. A la 17ème minute, Papac dévie le ballon de la main dans la surface de réparation, juste devant Abidal et provoque un penalty que Thierry Henry se charge de tirer. Le Gunner s'élance et tire mais son tir à gauche à ras de terre est arrêté par Hasagic.

- Dans la minute qui suit, l'attaquant français le plus expérimenté du terrain veut se faire pardonner et se lance dans une belle chevauchée sur le flanc droit de l'attaque. Il s'enfonce dans la surface mais tergiverse un peu et Bajic peut intercepter le ballon (19').

- Le jeune Mavuba passe tout près de son premier but en équipe de France pour sa première sélection. Sur un débordement d'Evra à gauche, Henry récupère la passe en retrait du Monégasque à l'entrée de la surface de réparation. Il hésite à frapper puis passe finalement à Mavuba qui, peut-être surpris, ne peut cadrer sa frappe (27').

- Le Parisien Bernard Mendy ne lâche jamais rien. Pour preuve, ce ballon récupéré à droite dans les pieds d'un défenseur bosniaque, puis cette chevauchée dans la continuité avant de servir Henry dans la profondeur. Friand de ce genre de ballon, le Gunner croise son tir, détourné du bout des gants par le gardien bosniaque (35').

- Les Bosniaques sont un ton en-dessous mais parviennent à bien faire circuler la balle. Sur une contre-attaque, Blajic, à gauche joue intelligemment dans le dos de la défense française et adresse une passe tendue pour Grlic sur la droite. Démarqué, le bosniaque trompe Barthez d'une belle frappe décroisée (37').

- Les débats s'équilibrent en cette fin de mi-temps. Mais cette jeune équipe de France, semble pouvoir créer le danger à n'importe quel moment. Benoît Pedretti, au milieu de terrain, adresse une longue passe en profondeur pour Thierry Henry qui se joue de son vis-à-vis grâce à une belle aile de pigeon et parvient à s'enfoncer dans la surface pour servir Luyindula en retrait. Le néo-marseillais reprend instantanément mais Hasagic, décisif lors de cette première mi-temps, se détend et sauve les siens (45').

- La seconde mi-temps part moins vite que la première même si Djibril Cissé est intenable en attaque. Multipliant les appels, l'attaquant de Liverpool se déporte sur la droite et tente un retourné acrobatique. Mais dans un angle trop fermé, il ne parvient pas à cadrer sa frappe qui passe largement à côté des buts d'Hasagic (53').

- Rothen, en forme sur les coups de pied arrêté tente sa chance sur un coup-franc direct des 30m. Un peu trop optimiste, le Parisien voit sa frappe s'envoler vers les tribunes (58').

- Après une superbe talonnade de Jérôme Rothen pour Eric Abidal dans le rond central, le Lyonnais crée le surnombre dans le camp bosniaque. Le défenseur tente la frappe des 16m mais son tir est contré par Barbarez.

- Dernière occasion de remporter un match qui semblait largement à leur portée pour des Français moins performants en seconde période. Dans le temps additionnel, Rothen tire un coup-franc sur la gauche de la surface bosniaque mais ne parvient pas à attraper le cadre. (90+1). Le match se termine, le public siffle une équipe de France qui n'a pas su emballer le match dans une deuxième mi-temps bien terne.

La performance des Français

Raymond Domenech aura pu tester, comme il l'avait annoncé, de nombreux joueurs. La première mi-temps partait sur un système en 3-5-2 avec Barthez dans les buts, Abidal, Squillaci et Gallas en défense, Evra, Rothen, Pedretti, Mavuba et Mendy au milieu et Henry et Luyindula à la pointe de l'attaque. Ce système permettait aux Français de monopoliser et de maîtriser le ballon durant une grande partie de la première période, tout en laissant la liberté à Evra et Mendy, notamment, de créer le surnombre sur les côtés et de venir prêter main forte aux deux attaquants de pointe. Thierry Henry et Peguy Luyindula se sont ainsi montrés très actifs lors de la première période. Le joueur d'Arsenal a semblé plus à l'aise dans ce système de jeu qui lui permet de faire parler sa vitesse et sa mobilité. Mais il a toujours du mal à retrouver le chemin des filets en équipe de France, trouvant devant lui un très bon Hasagic. Il a été remplacé en seconde période par Djibril Cissé, intenable en début de mi-temps mais qui n'a pas su trouver le cadre. Le «Red» a pâti du manque de construction des actions tricolores et s'est éteint au fil du match. De son côté, Peguy Luyindula a été très actif en début de période avant de s'éteindre lui aussi et de revenir en toute fin de mi-temps et d'être tout près de signer le doublé.

Au milieu, Patrice Evra et Bernard Mendy ont beaucoup apporté par leurs débordements sur les côtés. La vitesse des deux joueurs a permis de mettre à mal la défense bosniaque et l'agressivité de Mendy, toujours à l'affût du moindre ballon, a porté le danger. Le Parisien a moins pesé sur le jeu en seconde mi-temps. Patrice Evra a quant à lui été remplacé par Robert Pirès qui a tenté de poser et construire le jeu sans toutefois parvenir, mis à part quelques percées, à porter le danger. Toujours au milieu de terrain, le jeune Mavuba n'a pas montré beaucoup de choses, hormis une frappe non cadrée à la demi-heure de jeu. A la mi-temps, il a été remplacé par Sidney Govou, Domenech optant pour une option plus offensive. Il s'est fait remarquer par quelques bons débordements en début de mi-temps et a eu le mérite de tenter sans pour autant se montrer très dangereux. En revanche, Pedretti et Rothen ont joué tout le match et ont paru en forme. En première mi-temps, ils se sont partagés les coups de pieds arrêtés, Rothen à droite, Pedretti à gauche. Le Marseillais plus au centre a bien distillé le jeu, notamment grâce à une bonne vision du jeu et de longues passes en profondeur. Encore une fois, comme toute l'équipe de France, leur influence a été bien moindre en deuxième mi-temps.

La défense n'a pas eu beaucoup à faire, les attaques bosniaques ne s'étant pas montrées particulièrement tranchantes. Débordée sur le but bosniaque, elle a pratiqué un jeu correct sans être particulièrement étincelante. Gallas, Squillaci (puis Givet) et Abidal ont encore des automatismes et de l'expérience à acquérir, à l'image du Lyonnais parfois imprécis ou trop brouillon dans ses gestes. Barthez a quant à lui, eu un match relativement tranquille sans gros arrêts. Malheureusement pour lui, il va chercher un de ses premiers ballons au fond de ses filets.

Mobile, rapide et constructive en première mi-temps, l'équipe de France aurait du tuer le match dès les quarante-cinq premières minutes. Par manque de réalisme certainement... Avec une équipe bien plus offensive en seconde période, les Bleus ont semblé connaître plus de difficultés, notamment dans la construction du jeu. Il faudra aux hommes de Domenech plus de constance pour espérer briller à nouveau.

La performance bosniaque

Pris à la gorge en début de première période, les Bosniaques ont peu à peu refait surface notamment grâce à leur gardien Hasagic qui a sauvé la patrie d'un 2-0 qui aurait été mérité et de nombreuses occasions françaises qui auraient pu être concrétisées. Ils marquent sur leur première occasion mais sur une très belle action initiée par le petit pont de Blajic. Tout comme les Français, leur jeu a été plus terne en seconde période et ils ne se sont pas créé d'occasion, se contentant de défendre (rugueusement) et de procéder en contre-attaque.

Une première période encourageante, une seconde bien plus poussive, voilà le bilan du premier match de l'équipe de France version Domenech. Les Bleus ont montré de l'envie, de l'enthousiasme et ont su imprimer leur rythme en première mi-temps mais n'ont pas tenu la route en deuxième. Domenech sait ce qui lui reste à faire, les Bleus doivent encore travailler pour que la page qu'ils tournent ne soit pas la dernière d'un livre qui se ferme…



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