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Domenech, l'espoir bleu
Par Marie Ange Kostoff - Equipe De France, Mise en ligne: le 12/07/2004 à 23h29
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Quelques heures après la naissance de sa fille Victoire, Raymond Domenech connaissait une nouvelle joie. Alors qu'on présentait Jean Tigana et Laurent Blanc comme les deux favoris à la succession de Jacques Santini, il est venu coiffer tout le monde au poteau, devenant le quinzième sélectionneur de l'équipe de France depuis 1964. Retour sur les raisons d'un tel choix et portrait du nouvel homme fort du football français.

«Oublié» par la plupart des médias français (sauf Maxifoot dont il était le favori, relire l'article de la semaine dernière), Raymond Domenech a su faire prévaloir ses qualités d'entraîneur sur sa notoriété et son passé de joueur et prendre le pas sur les candidatures pourtant séduisantes de Jean Tigana et Laurent Blanc. Retour sur le parcours d'un homme atypique et sur les raisons du choix de la FFF.

«J'étais le méchant»

Drôle de façon de se définir. Et pourtant ce sont les propres mots du nouveau sélectionneur de l'équipe de France. Mais il faut dire qu'il s'était tout de suite forgé une réputation de joueur rugueux. Dès son premier match professionnel avec l'Olympique Lyonnais, il cassait la jambe d'un de ses adversaires dans un choc et devenait alors le «casseur de jambes» . Josip Skoblar, peut en témoigner. Le meilleur buteur du championnat de France sur une saison (44 buts en 1971) a en effet fait les frais de l'engagement de Domenech lors d'un match entre Lyon et Marseille où il avait été expulsé pour avoir «disjoncté» après un traitement de choc au niveau des tibias… Rugueux, dur sur l'homme, un engagement sans limite, ce milieu de terrain défensif n'était pas homme à se laisser faire et serait de ceux à ne pas souvent terminer un match si les règles d'arbitrage des années 70 et 80 avaient été similaires à celles d'aujourd'hui. Cela ne l'empêchera pas de faire une belle carrière de treize ans, évoluant au haut niveau pendant 432 matches.

Né à Lyon en 1952, il débute «naturellement» sa carrière professionnelle à l'Olympique Lyonnais. En 1973, il remporte la coupe de France avec le club de son enfance avant de quitter les Gones en 1977, pour rejoindre le FC Strasbourg avec lequel il gagnera le seul titre de Champion de France du club en 1979. A 29 ans, en 1981, il quitte le club alsacien pour rejoindre le PSG avec lequel il gagne une deuxième Coupe de France. Il ne restera pourtant qu'une saison dans le club de la capitale, handicapé par des problèmes physiques. Il termine sa carrière avec les Girondins de Bordeaux grâce auxquels il remporte son second titre de Champion de France en 1984, sa dernière année en tant que joueur. En revanche, sa carrière en Bleu fut plus courte que celle en première division puisqu'il n'a porté que huit fois le maillot tricolore, honorant sa première sélection en 1973 face à l'Eire (1-1) et la dernière face aux Etats-Unis (6-0).

En 1984, alors qu'il pense arrêter sa carrière de joueur, un ami lui propose de prendre en main le club de Mulhouse dont il sera l'entraîneur-joueur la première année. Alors en division 2, le club obtient plusieurs fois la place de barragiste mais ne parvient à se hisser en première division. Domenech quitte alors le club alsacien et revient à ses premières amours en 1988, prenant la tête du club lyonnais. Dès sa première année en tant qu'entraîneur, il parvient à faire remonter le club rhodanien parmi l'élite puis le conduit à l'Europe. Après près de dix ans en tant qu'entraîneur de club, son contrat avec l'OL arrive à échéance en 1993. Il saisit alors l'opportunité d'entraîner l'équipe de France Espoirs au sein de laquelle vont éclore les talents d'aujourd'hui tels que Zidane, Vieira, Henry et autres Pires…

Alors qu'en début de semaine, les médias n'avaient d'yeux que pour Laurent Blanc et Jean Tigana, proclamés grands favoris de la course à la succession de Jacques Santini, peu à peu, Raymond Domenech est passé du statut de «troisième homme» à celui d'homme providentiel, capable de reprendre l'équipe de France en main et de la hisser à nouveau au sommet. Comment expliquer ce retournement de situation ?

Domenech, homme de l'ombre

La discrétion de Domenech a certainement été un atout victorieux. Alors que Tigana et Blanc apparaissaient sur tous les écrans, faisaient l'objet de toutes les spéculations dans les tribunes des journaux et magazines sportifs, se livrant à une lutte par médias interposés, Domenech est resté loin du tourbillon médiatique, déclarant seulement «être à disposition de la fédération» . Il ne reculait pas devant ses responsabilités mais ne voulait pas faire clairement acte de candidature. «Je ne suis pas candidat, je suis à la disposition de la DTN et de la fédération. Si les décideurs estiment que quelqu'un de la DTN peut réorganiser tout ça, j'irai. Je ne reculerai pas. Mais je ne fais pas acte de candidature» affirmait-il. Car chat échaudé craint l'eau froide. En 2002, la discrétion de Jacques Santini avait été préférée à son caractère trop affirmé. Et il l'avoue lui-même. En 2002, il était arrivé comme un «Zorro pour défendre l'honneur bafoué de la DTN attaquée de toutes parts» . Cette fois, il a préféré jouer profil bas, laissant ses «adversaires» en découdre avant de rentrer discrètement mais efficacement dans la bataille.

L'appui décisif d'Aimé Jacquet

Laurent Blanc avait l'appui du président Simonet et de bon nombre de joueurs cadres de l'équipe de France. Jean Tigana, celui du très (trop ?) influent Michel Platini. Raymond Domenech était l'homme de la DTN. Et contre toute attente, c'est certainement l'appui d'Aimé Jacquet qui a été l'un des éléments déterminants dans la nomination de Domenech. Vendredi dernier, lors de la réunion du conseil fédéral, Aimé Jacquet a pris la parole, souhaitant que le prochain sélectionneur de l'équipe de France soit issu de la Direction Technique Nationale. Et plus que cette prise de position en faveur de Domenech, le discours de l'ancien sélectionneur a semblé marquer les esprits et s'est avéré «décisif» dans le choix du Président Simonet, selon ses propres dires. A partir de ce moment là, exit Tigana que les problèmes judiciaires avec Fulham ont certainement écarté de la sélection, exit Blanc dont l'inexpérience et la «jeunesse» ont été les principaux handicaps. La solution Domenech est alors apparue comme la meilleure.

Un bon compromis

En nominant Domenech à la tête des Bleus, Claude Simonet a choisi la solution du compromis. Car la nomination de Jean Tigana ou de Laurent Blanc faisait déjà grincer des dents. Tigana, sélectionneur des Bleus, c'était reconnaître l'influence de Michel Platini sur l'équipe de France. C'était, pour Simonet, reconnaître que le vrai patron de la fédération était l'ancien membre du carré magique. Le principal atout de Tigana est alors devenu son poids le plus lourd à porter. De plus, certains joueurs de l'équipe de France ne voyaient pas d'un bon oeil l'arrivée du Marseillais d'origine. Henry et Trézéguet ne voulaient pas forcément retrouver leur ancien entraîneur à Monaco. Zidane aurait peut-être précipité sa retraite internationale. Laurent Blanc, quant à lui a pâti de sa jeunesse et de son inexpérience. Même si sa candidature était séduisante et que les joueurs auraient aimé le voir à leur tête, il était difficile de mettre de côté le fait qu'il ferait ses premières armes en équipe de France alors même que celle-ci aurait besoin d'un homme d'expérience, capable de reconstruire une équipe convalescente.

Domenech apparaissait donc comme l'homme de la situation. Un homme issu du sérail, dont on connaît l'attachement à la fédération et à la DTN, mais également un homme de poigne qui sait mener ses hommes et qui les connaît pour la plupart, les ayant conduit en sélection Espoirs. On lui a souvent reproché sa franchise, son côté «grande gueule» qui ne garde pas sa langue dans sa poche. Aujourd'hui, ceux qui l'ont nommé semblent avoir oublier les critiques qu'ils lui adressaient encore hier. Ils veulent même en faire une force. Car Domenech est celui qui semble aujourd'hui capable de reprendre en main une équipe trop éparpillée, en proie, parfois, à des conflits internes.

Une parfaite connaissance du milieu

Lors de la conférence de presse où Claude Simonet a annoncé la nomination de Raymond Domenech, le président de la FFF a rappelé que, le désormais ex-entraîneur des Espoirs, devait sa nomination, en partie à «une connaissance du milieu intéressante que nous ne pouvions ignorer» . Comment en effet ne pas penser que c'est ce qui a fait pencher la balance en sa faveur. Depuis 1993, il dirige l'équipe de France Espoirs, voyant ainsi passer les différentes générations de joueurs qui éclosent. Que l'on parle de Vieira, Zidane, Henry, Pires, Makelele, Dacourt, Trézéguet, Wiltord, ou encore des jeunes pousses comme Landreau, Pedretti, Mexès, Boumsong, Mendy, Cissé, Kapo, Luyindula, Govou, tous sont passés par les Espoirs et tous ont été coachés par Domenech. Certes, cette équipe de France a un palmarès vierge (vice-Champion d'Europe en 2002, vainqueur du Tournoi de Casablanca 1999, 1/4 de finaliste des Jeux Olympiques 1996, 3ème du Championnat d'Europe Espoirs 1994-1996, 4ème du Championnat d'Europe Espoirs 1992-1994), mais elle a tout de même fourni à l'équipe de France A des joueurs de qualité.

De plus, l'avantage de connaître les joueurs qui évoluent en équipe de France A est de pouvoir assurer un certain «changement dans la continuité» . En effet, on sait que les Bleus sont en pleine restructuration. Des joueurs cadres sont partis ou vont partir et que des jeunes joueurs se bousculent pour rentrer en sélection. Or, qui mieux que Domenech peut assurer une telle transition ? Qui mieux que lui pourra conserver la cohésion d'un groupe au sein duquel de nombreux bouleversements vont avoir lieu ?

Des atouts non négligeables

Sa connaissance du milieu est, assurément, son principal avantage. Mais ce n'est pas le seul atout dont il dispose. Car s'il connaît bien les joueurs de l'équipe de France, il connaît également l'envers du décor, les rouages qui font fonctionner la machine France. A la DTN depuis 11 ans, il peut se targuer de connaître la fédération de l'intérieur. Mais il connaît également très bien le milieu professionnel avec lequel il a gardé de nombreux contacts. Il ne faut pas non plus négliger son implication dans les médias. Consultant à la télévision, il ne s'est jamais éloigné des terrains et a pu, là encore, conserver de nombreux contacts avec les différents clubs de l'élite. Et dans une période où les compétitions s'accumulent et où les clubs, qui ont souvent beaucoup investi sur leurs joueurs, sont réticents à les laisser partir en sélection, son carnet d'adresse pourrait lui permettre de résoudre certains conflits. Ses qualités de communiquant pourraient également lui servir dans les mois à venir où la pression médiatique sera forte sur l'équipe de France et où le sélectionneur sera constamment sous les feux des projecteurs.

L'avenir proche de l'équipe de France

Assez proche pour avoir la confiance des joueurs, assez distant pour «faire le ménage» chez les Bleus et reprendre l'équipe avec poigne et détermination, il apparaît comme l'homme providentiel. Mais attention à ne pas tomber dans un optimisme béat. Il ne faut pas oublier qu'en tant que sélectionneur des Espoirs, le palmarès de Domenech est vierge de tous titres. Il devra donc faire ses preuves chez les «grands» , et vite. Les éliminatoires de la Coupe du Monde 2006 approchent à grands pas. Dès le 3 septembre (France-Israël), les «nouveaux Bleus» devront se mettre à l'oeuvre et remplir les objectifs qu'on leur a fixés. «L'objectif est simple: se qualifier pour la phase finale de la Coupe du Monde 2006, essayer de la gagner» confiait le nouveau sélectionneur juste après sa nomination. L'objectif de l'équipe de France est d'autant plus important à atteindre que son propre avenir dépend de cette qualification et d'un bon résultat lors de cette Coupe du Monde 2006 en Allemagne (il a signé un «contrat de progrès» de quatre ans avec des objectifs à atteindre chaque année sous peine de résiliation). Et pour atteindre ces objectifs, il espère «recréer quelque chose, qu'on prenne plaisir à voir cette équipe de France, à s'identifier à elle. Il faut recréer de la joie autour de cette équipe» . «Il faut recréer quelque chose autour de l'équipe de France, pour qu'elle soit l'équipe de France de tout le monde. Le résultat sec est important mais le plaisir qu'on doit donner aux gens est primordial» ajoutait-il. Et pour cela, il aura besoin de toutes les forces vives, y compris Nicolas Anelka auquel il n'a pas fermé la porte…

Les Bleus ont un nouveau sélectionneur. Raymond Domenech apparaît comme l'homme de la situation. Il devra rapidement le prouver, afin de conduire l'équipe de France à nouveau vers les sommets et de faire oublier les échecs de 2002 et 2004. La tâche est difficile mais gageons que Domenech a les qualités et le talent pour y parvenir et que d'ici peu, l'étoile Bleue brillera à nouveau.



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