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Les Bleus à la peine
Par Marie Ange Kostoff - Equipe De France, Mise en ligne: le 17/06/2004 à 23h59
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Malgré une bonne première mi-temps, l'Equipe de France n'a pu réaliser que le match nul face à une équipe de Croatie en bonne forme. Menés au score, ils sont revenus, démontrant là encore leurs qualités morales mais ne rassurant pas sur leur qualité de jeu.

Les données de la rencontre

Le match qui opposait jeudi soir la France à la Croatie était décisif à double titre. Il s'agissait d'abord pour les Bleus de pouvoir se qualifier dès leur deuxième match de poule afin de faire tourner l'effectif contre la Suisse et de préparer les quarts de finale avec sérénité. Mais plus que cet objectif, les Bleus devaient se rassurer au niveau du jeu après le match contre l'Angleterre où seuls les miracles de Zizou avaient pu sauver la patrie. Car aussi beau et historique soit-il, le succès acquis face aux Anglais ne restera pas dans les annales au niveau du jeu prodigué. Les Français doivent hisser leur niveau de jeu, monter en puissance pour aller loin dans la compétition. Il n'était donc pas question pour Jacques Santini d'aligner une Equipe de France bis. C'est bien l'équipe-type qui allait jouer ce soir, hormis Bixente Lizarazu, que Jacques Santini avait trouvé quelque peu émoussé en deuxième mi-temps lors de France-Angleterre et Marcel Desailly qui fait son grand retour au sein de la défense française.

Les Croates, quant à eux, semblaient moins ambitieux à l'image des commentaires de leur Premier Ministre jeudi matin dans l'Equipe, «Si on trouvait un Zinedine Zidane croate, alors je dirais qu'on va gagner mais puisqu'on n'a pas de Zizou, je ne suis pas très optimiste» . A l'image également d'Otto Baric qui se voyait dans l'obligation de remanier quelque peu son équipe après que certains joueurs cadres aient reçu des cartons jaunes contre la Suisse (lançant toutefois l'indispensable Prso en attaque). Tactique d'avant match ou véritable crainte, les Croates appelaient même au miracle et étaient allés à Fatima pour prier.

Les meilleurs moments

- Dès la 7ème minute, Thierry Henry se rappelle au bon souvenir de la défense croate avec une frappe des 16 mètres, la première de la rencontre ;

- Le début de la première mi-temps est totalement bleu, à l'image de la première frappe croate qui n'intervient qu'à la 18ème minute. Le tir est dévissé et n'inquiète pas Barthez.

- Quatre minutes plus tard (22'), après une faute de Rosso sur Zidane, l'arbitre siffle un coup-franc dans le couloir gauche. Zizou se fait justice lui-même et d'un tir enroulé à l'angle de la surface, dévié par Tudor, marque le premier but de la partie.

- A la fin de la première période (43') Gallas est à deux doigts de marquer le plus beau but de la compétition. Sur un corner tiré par Thierry Henry, Zidane exécute une passe lobée du talon, un geste dont lui seul a le secret, en direction de Gallas. Sa tête frôle le poteau du gardien croate. Quelle action !

- La Croatie reprend du poil de la bête en fin de première mi-temps. Simic tire à ras de terre des 18 mètres. Mais Fabien Barthez est bien placé et se couche sur le ballon.

- Les Croates n'ont pas oublié le 8 juillet 1998. Mais cette fois, ce sont eux qui cueillent les Français à froid au retour des vestiaires. Seulement 3 minutes après le début de la seconde mi-temps, Rosso est poussé dans le dos par Mikaël Silvestre qui provoque son deuxième penalty en deux matches ! Rapaic trompe Barthez qui, pourtant, était encore une fois parti du bon côté.

- Galvanisés par cette égalisation, les joueurs croates continuent de pousser à l'image de Dado Prso qui tente et réussit le coup du sombrero face à Silvestre. Desailly rate ensuite complètement son dégagement et le ballon échoue dans les pieds de l'ancien monégasque qui ne se fait pas prier pour crucifier Barthez. 2-1 pour les Croates. En trois minutes, les rouges et blancs ont renversé la vapeur. Un scénario qui en rappelle un autre…

- Les Bleus peinent à réagir et ont du mal à se remobiliser. C'est sans compter sur l'opportunisme de David Trézéguet. Sur une passe en retrait de Tudor, l'attaquant de la Juve intercepte le ballon, échappe à Butina, grâce néanmoins à une main sur le ballon, et marque dans le but vide.

- Il reste deux minutes dans le temps réglementaire, on semble se diriger tout droit vers le match nul. Mais les Bleus tentent le tout pour le tout. Pirès, rentré en cours de jeu, déborde sur l'aile droite et centre mais Trézéguet est trop court. Henry récupère et tire mais Butina décidément très en forme ce soir est à la parade (89').

- Sur la dernière action du match, les Croates sont tout près de réussir l'exploit. Sur le côté gauche, Mornar prend le meilleur sur la défense française et frappe en pivot. Miraculeusement, la frappe frôle la transversale de Fabien Barthez. Le score en reste là, la France et la Croatie se quittent sur un score nul 2 buts à 2.

Les performances des Français

La France commence ce match tambour-battant monopolisant la balle, récupérant énormément de ballon et alliant enfin vitesse et percussion. Les Bleus s'attendaient à affronter une équipe recroquevillée en défense et profitant des contre. C'est au contraire une équipe, certes peu portée vers l'attaque mais où les Français trouvent de nombreux espaces. Une situation de jeu parfaite pour le duo Henry - Wiltord qui retrouvent leurs automatismes d'Arsenal. Dès le début du match, Henry se montrait bien plus en verve que contre l'Angleterre, multipliant les courses et les débordements et pouvant même enfin frapper au but ce qu'il avait eu du mal à faire contre les Britanniques. L'attaquant d'Arsenal baisse de régime en deuxième mi-temps, mieux pris par les défenseurs croates. Il a du mal à faire parler sa vitesse, hormis une contre-attaque fulgurante vite avortée. Quant à Wiltord, il a été muet en deuxième mi-temps et est d'ailleurs remplacé par un autre Gunner, Robert Pirès (71'), plus percutant et qui aura eu le mérite de tenter de nombreux débordements et d'adresser un bon centre qui aurait pu faire mouche à la 89'. David Trézéguet, muet pendant la quasi-totalité du match semble toujours avoir des difficultés mais garde toutefois ses qualités de buteur. Celles qui font qu'une seule occasion suffit et qu'un attaquant même dans le doute et pas au meilleur de sa forme peut marquer.

Zidane quant à lui est redevenu Zidane le temps de la première mi-temps. Tout comme contre l'Angleterre, il s'est une nouvelle fois montré inconstant. Il réussit une excellente première période mais, comme le reste de l'équipe, baisse de niveau en seconde, ratant passes et gestes techniques. Le milieu de terrain a lui été impérial…durant toute la première mi-temps. Agressif, percutant, Vieira était particulièrement en forme. Il a eu ensuite plus de mal même s'il est resté solide. C'est au niveau de la défense que les problèmes sont apparus. La première mi-temps ayant été presque entièrement française, les Bleus effectuant un pressing haut, récupérant la balle au milieu du terrain et n'étant pas vraiment inquiétés, c'est en deuxième mi-temps que sont apparues les lacunes. Mikaël Silvestre, jusqu'ici irréprochable provoque son deuxième penalty en deux matches. Marcel Desailly, de retour au sein de sa défense rate, entre autre, le dégagement qui provoque le deuxième but croate. Lilian Thuram n'est pas non plus exempt de tout reproche notamment à la 80ème minute où il percute son gardien qui relâche la balle. Ce manque de communication associé au manque de repère d'une défense qui n'a pas forcément l'habitude de jouer ensemble (Thuram et Desailly jouaient seulement pour la cinquième fois ensemble en charnière centrale et n'ont joué que très rarement avec Gallas et Silvestre) rend cette défense quelques fois friable et peu sereine. Seul William Gallas a encore une fois livré un très bon match.

Les performances croates

Les Croates semblaient partagés dans leur tête : jouer le coup à fond au risque de se faire prendre au piège, de se faire battre et de finir lessivés pour le dernier match décisif contre l'Angleterre ou attendre sagement l'adversaire, profitant de situations de contre favorable mais garder toutes ces forces pour le match de lundi. C'est une option médiane qu'ont pris les Croates lors de ce match, restant en défense mais laissant aux Français d*es espaces. En première mi-temps, les milieux de terrain souffrent contre la charnière centrale des Bleus, ne pouvant pas réaliser. Les attaquants sont donc privés de ballon et ne peuvent étaler leur qualité. Quant aux défenseurs, ils semblent plier mais ne rompent pas. La deuxième mi-temps est tout autre. Les Croates prennent l'avantage grâce à Prso qui montre une nouvelle fois sa puissance et sa technique. Sevré de ballon en première mi-temps, il se montre bien plus incisif en deuxième pesant sur la défense française. De son côté, malgré le but contre son camp, Tudor a réussi une bonne partie contre les hommes de Santini, tout comme son gardien Butina qui, malgré sa sortie malheureuse face à Trézéguet, a réalisé arrêts et parades décisives, notamment sur le tir de Thierry Henry en fin de rencontre.

Les hommes de Jacques Santini pouvaient se qualifier pour les quarts de finale de l'Euro. Mais, comme contre l'Angleterre, l'Equipe de France a connu des difficultés et n'a pas rassuré. Malgré une très bonne première mi-temps pleine d'envie et de maîtrise, les Bleus, certes cueillis à froid, ont eu beaucoup plus de mal en deuxième mi-temps. Leur jeu a été brouillon, parfois maladroit et la sérénité n'était pas au rendez-vous. Ils devront désormais aller chercher leur qualification face aux Helvètes lundi soir. Et si cette équipe semble largement à leur portée (les joueurs suisses ont été battus 3-0 par l'Angleterre), l'Equipe de France devra jouer un match sérieux, à l'image de la première mi-temps qu'ils ont livré contre la Croatie mais faire preuve, cette fois, de beaucoup de rigueur et de constance.



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