Lilian Thuram l'affirme : il sait exactement ce qui s'est passé dans le bus de l'équipe de France le 20 juin dernier à Knysna. Pour l'ex-international, les leaders de la mutinerie doivent arrêter de mentir en affirmant que tous les joueurs étaient solidaires. L'ancien défenseur réclame des sanctions fortes à l'égard des meneurs. «S'il n'y a pas de sanctions, je partirai», menace même Thuram.

Lilian Thuram a dans le collimateur les mutins de Knysna.

Faut-il le croire ? Lilian Thuram affirme aujourd'hui savoir exactement ce qui s'est passé dans le bus de l'équipe de France le 20 juin dernier à Knysna, lors de la fameuse grève décidée par les joueurs. Vivement critiqué par Christophe Dugarry et Rolland Courbis notamment après ses déclarations à l'égard de Patrice Evra, qu'il souhaite voir banni à vie de la sélection tricolore, le champion du monde 98 est revenu à la charge dans les colonnes de L'Equipe ce samedi et n'a pas changé sa position d'un millimètre. Bien au contraire.

L'ancien défenseur international s'en est pris aux leaders de la mutinerie et aux meneurs du groupe France qui se sont exprimés depuis la fin de la compétition. «C'est trop facile de dire après coup que tous les joueurs étaient solidaires. C'est faux. Certains se taisent et subissent la situation. Dire que tout le monde était d'accord, c'est évidemment une stratégie des leaders», affirme l'ex-Barcelonais. Thuram n'a pas tort en avançant cette hypothèse.

«Les joueurs ont réveillé les mauvais côtés de la société»

Alors qu'on attendait vivement la réaction de Jérémy Toulalan, qu'on imaginait aisément suivre le mouvement contre son gré, le Lyonnais a surpris tout le monde en révélant avoir été l'un de ceux à l'origine du boycott, avouant même que c'était son conseiller en communication qui avait rédigé la fameuse lettre lue par Raymond Domenech ! Le champion du monde 98 ne se trompe donc pas en affirmant que seuls les joueurs à l'origine de la mutinerie se sont exprimés jusqu'à présent. Car on est encore loin d'avoir entendu tous les joueurs présents dans le bus… Seule la voix de Stéphane Ruffier s'est faite discordante jusqu'à présent.

En attendant, Thuram en a remis une couche au sujet de Patrice Evra. Pour l'ex-défenseur international, les explications de celui qui était le capitaine des Bleus en Afrique du Sud au sujet de la grève ne tiennent pas debout : «Evra sait que le joueur (Anelka) refuse (de s'excuser), et il cautionne pourtant cette grève. (...) Pour moi, c'est très grave. Par leur geste, les joueurs ont été capables de réveiller le racisme latent dans la société. Nous sommes dans le raccourci : «Les problèmes viennent du fait qu'il y a trop de Noirs en équipe de France.» Quand vous arrivez à ce point à réveiller les mauvais côtés de la société, c'est que vous avez une responsabilité.» Sans aller jusque-là, Thuram n'est pas le premier à trouver les explications du Mancunien bien légères…

«Les joueurs ne sont pas irresponsables»

Thuram n'en démord pas : il faut prendre des sanctions lourdes à l'égard des leaders de la mutinerie. «C'est une question d'exemplarité, affirme l'ancien défenseur international dans L'Equipe ce samedi. Certains ont laissé faire, certes, mais ce sont ceux qui ont initié cet acte qu'il faut sanctionner. Je semble peut-être trop rigide pour certains, mais je persiste : ce qui s'est passé est pour moi impardonnable.» Le champion du monde 98 menace d'ailleurs de quitter son poste au Conseil fédéral si aucune sanction n'est prise.

«J'ai besoin de retrouver mes valeurs dans ce que je fais. Je souhaitais qu'on donne une autre image du football, souligne Thuram. Ça m'énerve qu'on parle toujours des joueurs comme s'ils étaient irresponsables. S'il n'y a pas de sanctions, je partirai. Si on repart sans sanction forte, pensez-vous qu'il y a aura une moralité dans l'histoire ?» Le 2 juillet dernier, l'ex-international avait déjà présenté sa démission. La FFF l'avait refusée. Un signe que l'instance dirigeante s'apprête à prendre des sanctions ?